Quand l'emballage devient support émotionnel
Au-delà des fonctions primaires de l'emballage (telles que solidité, practicité ou esthétisme), celui-ci représente un réel vecteur d'émotion grâce à son pouvoir d'attraction. Il est ainsi devenu l'allié numéro 1 de la démarche de séduction de la part des fabricants et des distributeurs auprès des consommateurs.
Je m'abonne
La polysensorialité transmise par le conditionnement a envahi tous les
univers de la consommation. En sollicitant pleinement les cinq sens, ces
produits participent du marketing dit émotionnel pour un certain triomphe de la
connivence sur la relation purement commerciale. Tous marchés confondus,
l'emballage-confort s'est beaucoup développé ces derniers mois. Plus
particulièrement les fonctions ou matériaux améliorant les conditions
d'utilisation des produits. La preuve : le développement des produits au
"toucher doux", presque moelleux (rendu possible grâce à l'élastomère
thermoplastique ou TPE). Ces matériaux à l'effet gomme ont trouvé un débouché
en phase avec la tendance du bien-être : les "soft touch" combinent un triple
bénéfice pour un toucher agréable, pour une meilleure prise en main ou une
réduction des vibrations. En hygiène dentaire par exemple, Tchizz, la dernière
née des brosses à dents de Bioseptyl possède un manche incrusté de polymères
imitant la pâte à modeler. Au-delà de la vue (avec la transparence du PET) et
du toucher (de plus en plus doux), l'identité sonore est un concept qui a le
vent en poupe. On peut aujourd'hui vouloir diminuer le bruit d'un pot de crème
que l'on pose (gamme Primordiale Nuit de Lancôme, recouverte d'un nouveau
vernis), ou bien au contraire associer un son à la diffusion d'un parfum (Bulle
de Fraîcheur de Molinard). (voir enquête p. 62) Au-delà de la polysensorialité
conférée au produit fini, les fonctions de réappropriation permettent au
consommateur de créer son propre produit. Elles sont en outre souvent rendu
possible par le packaging.
De la réappropriation à l'usage détourné
Le multicompartimentage est un moyen parmi d'autres : il
permet d'assembler plusieurs produits en un seul créé à son idée. Les exemples
sont très nombreux dans l'univers de la beauté : citons la palette de parfum
pour créations odorantes de Primal Elements aux Etats-Unis ou la poudre de
beauté de Biguine Cosmetics à diluer à l'aide de la lotion Instant Pur pour
créer un masque de beauté. Dans l'alimentaire, cette tendance se traduit par le
développement des kits "do-it-yourself" connu dans l'épicerie et dorénavant
émergents au rayon frais : en Allemagne, Bionic a lançé Joghurt Probiotic : une
poudre fermentée permettant de fabriquer soi-même des yaourts 100 % naturels.
Par ailleurs, la quête des industriels vers toujours plus d'esthétisme favorise
la réutilisation. En fin de vie du produit, le conditionnement se fait relais
de communication via son utilisation pour une nouvelle fonction choisie par le
consommateur (comme boîte de rangement, jouet ou objet décoratif le plus
souvent). Le parfum BU de Sarantis (Grèce) s'inscrit dans cette tendance via
son boîtier implicitement destiné à être utilisé comme porte-crayon de bureau.
Autre exemple : la cannette en carton SONOCO (présentée sur salon au FMI à
Chicago) intégrant à la fois un jeu d'agilité au couvercle et un habillage
formé d'anneaux cartonnés pivotants. Un système dont le double bénéfice
consiste à ajouter une dimension ludique et à inciter à la conservation de
l'emballage après utilisation du produit.
Plastique : la technicité au service de la naturalité
La tendance à la
transparence et au naturel a dynamisé le développement de plastique haut de
gamme dit "cristal like". Le PET par exemple, auquel les producteurs se sont
largement convertis depuis le fameux "water boom" des eaux minérales (début des
années 80), s'inscrit dans une nouvelle génération de plastique plus léger,
plus facile à mettre en forme mais surtout qui possède les mêmes qualités de
transparence que le verre, ce qui lui permet de le remplacer sur les marchés
haut de gamme. Il peut d'ailleurs s'intégrer à un ensemble en verre sans que la
différence entre les deux matières soit perceptible. Plusieurs parfumeurs l'ont
par exemple choisi pour la fabrication de bouchons de flacons (Christian
Lacroix). On parle ainsi de renaissance du plastique, grâce auquel on fabrique
aujourd'hui des objets aussi différents que des chaussures, des sacs de plage,
des saladiers, des chaises, de la vaisselle colorée, etc. Les grandes
tendances du packaging ainsi définies mettent en exergue son rôle croissant
dans le processus d'achat. Il tend à vouloir aussi favoriser la fidélisation du
consommateur mais reste l'élément d'un tout (le mix) avec lequel il doit rester
cohérent.