Observatoire RI France de la Relation Client/Marketing Magazine
Research International et Marketing Magazine se sont associés pour publier, tous les mois, les résultats de l'Observatoire de la Relation Client. Après avoir dressé l'état des lieux de la satisfaction et de la fidélité du secteur bancaire, de la Téléphonie mobile, de la Grande Distribution et des Assurances, l'Observatoire de la Relation Client (ORC) aborde ce mois-ci les mêmes thématiques appliquées à deux services publics marchands : la distribution de courrier et celle d'électricité.
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Cette édition de L'ORC concerne deux secteurs bien spécifiques : la
distribution de courrier et celle d'électricité. Dans les deux cas, il s'agit
de services marchands, mais publics, qui sont aujourd'hui en situation de
monopole ou de quasi-monopole (respectivement avec La Poste et EDF), mais qui
sont tous les deux en phase de libéralisation, ce qui les amènera à moyen terme
à se retrouver en situation concurrentielle. Dans le cadre de L'ORC, 509
usagers/clients de La Poste et 527 usagers/clients d'EDF ont été interrogés
afin de mesurer, et surtout de comprendre, leur satisfaction/insatisfaction,
mais aussi de tenter d'appréhender de futures intentions d'infidélité en cas
d'ouverture de ces deux secteurs. L'un des enseignements de L'ORC est que,
derrière une apparente proximité des deux entreprises en matière de Relation
Client, les composantes de la satisfaction, ainsi que les risques d'infidélité
après la fin du monopole, apparaissent sous des modalités totalement
différentes. La note moyenne de satisfaction pour les deux entreprises est de
7,3 sur 10, somme toute peu différente de ce que l'on avait observé sur des
secteurs concurrentiels aussi divers que les Banques (7,4), la Téléphonie
mobile (7,2) ou les Hypermarchés (7,4). Seul le secteur des Assurances était
apparu comme sensiblement mieux évalué par ses clients (8,1).
En termes d'image, La Poste est perçue
avant tout comme une entreprise "professionnelle", proche des gens et qui
remplit son rôle de service public. Les performances de service les plus
reconnues par la clientèle renvoient, elles aussi, à la qualité relationnelle
(accueil, amabilité) et l'on constate une bonne appréciation sur la diversité
des produits offerts (7,1). L'item le mieux noté est l'aménagement des bureaux
de Poste (8,0) qui, étrangement, est encore mieux évalué par ceux qui les
fréquentent le moins (8,7). Les usagers sont aussi très satisfaits de leur
relation avec leurs facteurs (7,9) et l'on observe que, d'une manière générale,
plus la fréquence de cette relation personnalisée est forte, plus elle joue en
faveur de la satisfaction globale et, au-delà, au profit de la fidélité. En termes d'image, EDF est perçue comme
une société "moderne" qui a une grande réputation technique. Les performances
de service les plus reconnues par la clientèle renvoient à la qualité
relationnelle (accueil, amabilité, disponibilité), mais aussi à la simplicité
des démarches (note de 7,5), au relevé des compteurs (7,7) et à la clarté des
factures (7,4), autant d'items dont on sait d'expérience qu'ils ne sont a
priori pas bien notés. Enfin, la Qualité Produit exprimée par la fourniture du
courant elle-même ne semble pas problématique puisqu'elle reçoit la meilleure
note : 8,0 sur 10.
Des variables explicatives de la satisfaction très différentes d'une entreprise à l'autre
Les clients de La Poste n'ont pas du tout les
mêmes attentes que celles exprimées à l'égard d'EDF. On peut en juger aux
résultats du modèle de régression de la satisfaction utilisé dans l'ORC (voir
les deux encadrés respectifs : les facteurs explicatifs de la satisfaction
globale). - Les deux dimensions d'image qui émergent pour La Poste sont la
proximité et la fonction de service public. Les performances attendues sont
diverses, couvrant à la fois un service plus individualisé (20 % de
contribution), un relationnel amélioré (17 %) et des temps d'attente diminués
(7 %). Le prix ne joue que pour 9 % de la satisfaction globale ; en revanche,
on observe une réelle attente concernant la qualité même de l'acheminement :
c'est la variable la plus discriminante avec, à elle seule, 23 % de la
satisfaction totale. - Les deux dimensions d'image qui émergent pour EDF sont
la confiance et le service au client (la variable "service public" n'intervient
plus comme pour La Poste). Quant aux performances attendues, elles semblent se
focaliser sur le prix puisqu'apparaissent, en premier, le rapport Qualité/Prix
(34 % de la contribution) et, en deuxième, la clarté tarifaire (17 %), soit un
total de 51 % de la satisfaction expliquée par ces paramètres de nature
financière. La troisième variable d'importance est l'individualisation du
service (14 %), qui regroupe des attentes, telles que l'attention portée à des
demandes spécifiques, la rapidité de réaction et les réponses faites aux
réclamations. La difficulté de mesurer la fidélité dans les cas de La Poste et
d'EDF est que ces deux entreprises publiques sont aujourd'hui dans une
situation monopolistique, et que les déclarations d'infidélité à court terme
prennent forcément une dimension théorique et conditionnelle pour les
interviewés. Pourtant, la problématique de mesure des intentions de fidélité et
de rétention de la clientèle se pose fortement pour ces deux entreprises
puisque, à moyen terme, il y aura ouverture totale de ces marchés, y compris
pour les particuliers. Nous avons donc tenté cet exercice auprès de nos
interviewés de l'ORC, en leur demandant d'estimer leur propension à être fidèle
ou infidèle, au cas où une autre société apparaîtrait sur le marché français.
Un attachement qui reste sous condition
Cet indice
prend respectivement les valeurs de 69 et 68 (100 représente la fidélité
absolue), ce qui, sans surprise, illustre des intentions de fidélité plus
faibles que celles des indicateurs comparables (taux de non-divorce) observés,
par exemple, sur le secteur bancaire (73) ou celui de la téléphonie mobile
(77). On aboutit aux mêmes conclusions en analysant notre mapping de la
clientèle
(voir l'encadré : Segmentation
satisfaction/fidélité) qui se caractérise par un poids relatif plus important
de clients "opposants", mais aussi "mercenaires" que ceux rencontrés dans les
secteurs traités antérieurement. La position "captive" des clients vis-à-vis
de La Poste et d'EDF aujourd'hui, ainsi que la difficulté qu'ils peuvent avoir
à cerner les divers freins au changement qu'ils pourront rencontrer même après
la libéralisation (ce que, dans notre modèle de l'ORC, nous appelons
globalement les facteurs d'inertie), tout ceci tend certainement à surévaluer
leur infidélité future. Il n'en reste pas moins que les trois indices de
fidélité que nous avons calculés dénotent tous un attachement qui n'est pas
inconditionnel à ces deux entreprises publiques et, surtout, dans le cas de
l'une des deux, l'expression d'une très forte élasticité au prix qui conduirait
à une infidélité beaucoup plus grande dans le cas d'une offre moins chère (un
indice de 40 seulement !). La Poste et EDF semblent donc confrontés à un
paradoxe : pourquoi les intentions de fidélité à ces entreprises publiques ne
sont-elles pas à la hauteur de la satisfaction affichée qui, somme toute, n'est
pas si mauvaise ? C'est à ces questions qu'une analyse plus fine des
déclarations de fidélité ou d'infidélité dans l'ORC peut répondre...
FICHE TECHNIQUE
Un échantillon de 500 personnes environ est interrogé chaque mois, en respectant strictement les quotas INSEE en termes d'âge, sexe, habitat, PCS du chef de famille, taille du foyer, région et habitat afin d'être totalement représentatif de la population française. Le questionnaire est administré en face-à-face par enquêteur au domicile de l'interviewé(e) et directement sur PC (CAPI).
GLOSSAIRE DU MODÈLE
Fidélité : selon les secteurs, elle est appréhendée sous trois aspects : inten- tion de fidélité ("remariage"), de résiliation ("divorce") et de multifidélité ("polygamie"). Inertie : c'est le degré de propension ou d'aversion au changement du consommateur. L'inertie peut être sectorielle (liée au manque d'informations, d'intérêt ou de compétence du client dans le secteur, ou bien à des barrières techniques au changement de fournisseur), mais aussi générale, c'est-à-dire au profil psychologique plus ou moins zappeur du client, quel que soit le secteur concerné. Satisfaction globale : l'ensemble des éléments qui contribuent à la valeur des produits, services et marques tels qu'ils sont perçus par les clients. Image : les variables retenues correspondent à différentes valeurs sociales, d'autorité et d'identification de la marque ou de la société. Performance : 15 items de qualité de produits et services perçue par les clients.
LA POSTE : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA SATISFACTION GLOBALE
Contribution de l'image = 24% Dont Proximité : 18 % Rôle de Service Public : 6 % Contribution de la performance des produits et services = 76 % Dont Prix : 9 % Individualisation du service : 20 % Qualité de l'acheminement : 23 % Qualité du Relationnel : 17 % Temps d'attente : 7 % Source : ORC, Observatoire de la Relation Client Research International
EDF : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA SATISFACTION GLOBALE
Contribution de l'image = 35 % Dont Confiance : 19 % Au service du client : 16 % Contribution de la performance des produits et services = 65% Dont Prix : 34 % Qualité de la tarification : 17 % Individualisation du service : 14 % Source : ORC, Observatoire de la Relation Client Research International
LES AUTRES SECTEURS ÉTUDIÉS
Les Banques (MM n° 70) La Téléphonie mobile (MM n° 71) Les Hypermarchés (MM n° 72) Les Assurances (MM n° 73) La distribution de courrier (MM n° 74) La distribution d'électricité (MM n° 74) Le transport ferroviaire Les compagnies aériennes Contact Research International : Thierry Fabre.