Les études de GRC en pratique
Au centre des préoccupations de l'entreprise, l'orientation client prend de multiples formes. Lafarge a mis en place quatre plates-formes e-business, le baromètre Qualité Service de Manpower évolue et Whirlpool aborde le consommateur sous l'angle de la distribution.
Manpower investigue ses deux types de clients
«
Dans le cadre de la démarche Qualité au moment de la certification ISO 9000,
nous avons mis en place un baromètre Qualité Service dans lequel nous ne
retenions que l'excellence, c'est-à-dire les notes 9 et 10 sur des critères
pour nous essentiels, se souvient Isabelle Emeury, directrice marketing de
Manpower France. Dans le cadre du CRM, il y a quatre ans, nous avons fait
réaliser par BVA des focus groups qui nous ont apporté la perception du client
et de l'intérimaire. A partir de là, nous avons fait évoluer notre baromètre
pour l'étendre à toutes les étapes de la relation client, c'est-à-dire du
premier contact jusqu'après la fin de la relation en passant par le déroulement
de la mission, et nous avons adapté les critères en conséquence. N'oublions pas
que Manpower a deux clients: les entreprises, 80 000 par an, et les
intérimaires, 500 000 par an. » Le “nouveau” baromètre interroge deux fois par
an 1 100 intérimaires et 3 000 clients entreprises. « Cela a été très riche
d'enseignements, parce que l'étude nous permet de juger de l'importance de
critères pour nos clients entreprises et intérimaires et nous donne des
priorités d'actions. Par exemple, l'étude vient de confirmer que la qualité de
l'accueil est essentielle. Nous nous sommes aussi aperçus que les intérimaires
étaient peu informés sur les programmes de formation qui leur sont destinés. »
Aujourd'hui, Manpower se pose la question de la pertinence de décliner les
résultats au niveau agence à travers des visites mystères, par exemple. « Nous
avons 11 directions régionales et un millier d'agences, et nous étudions
l'opérationnalité de segmenter nos résultats au niveau de l'agence. C'est la
suite logique d'une réflexion sur la qualité », estime Isabelle Emeury.
Whirlpool : aller plus loin grâce à la relation client
Si l'on considére les 143 millions de produits du parc électroménager français
pour 23 millions de foyers, et sachant que le groupe Whirlpool, à lui seul, est
présent chez 65 % des ménages français, une stratégie centrée sur la relation
client s'imposait-elle vraiment pour le groupe ? « En fait ces chiffres donnent
à réfléchir d'autant que l'indice de fidélité de notre activité est faible,
indique Véronique Ollivier, directrice marketing et communication de Whirlpool
France. Mais comme notre métier est l'acquisition de nouveaux consommateurs et
leur fidélisation, il nous est apparu nécessaire de nous intéresser à la
relation client dans sa globalité. Aujourd'hui, nous abordons la relation
consommateur sous l'angle de la distribution. Notre objectif est de compléter
cette démarche en construisant une relation durable, structurée et cohérente
avec nos consommateurs. C'est une démarche nouvelle dans l'électroménager. Nous
sommes aujourd'hui leader mais, pour aller plus loin, il faut investir dans la
relation consommateur afin d'affirmer notre différence. » Des études
mondiales, réalisées par l'institut Symmetrics, ont permis à Whirlpool
d'identifier la relation consommateur comme étant l'élément clé de fidélité.
Ces études ont été consolidées au niveau européen et ont permis la mise en
place d'activités spécifiques d'un pays à l'autre. « La France est pilote avec
l'Italie pour la stratégie de la relation client. » La première étude sur la
marque Whirlpool, réalisée en 2003 par Symmetrics, auprès de mille Français,
avait pour objectif de mesurer les points de contact avec le consommateur, de
comprendre ce qui est le plus important pour lui, afin d'établir les priorités
d'actions. Les apprentissages de l'étude ont confirmé que l'aspect émotionnel
est deux fois plus important dans le choix d'un produit d'électroménager que
l'aspect rationnel. Cet enseignement a conforté Whirlpool dans l'orientation
choisie par la communication avec le lancement de deux nouveaux spots TV,
réalisés par Publicis et dans la redéfinition de sa promesse de marque qui
devient “Sensing the difference”. Pour le développement de sa nouvelle gamme de
produits “Emotion”, un nouveau process de qualité prenant en compte aussi bien
le rationnel que le subjectif (le toucher, la vue, etc.) a été mis en place. «
L'étude nous a permis de segmenter nos clients en clients “passionnés” par la
marque, “satisfaits”, “hésitants” et d'affiner notre cible. », note Véronique
Ollivier. Pour impulser cette nouvelle stratégie, Whirlpool a encouragé tous
ses salariés à participer à des groupes de travail. En France, par exemple, a
été créé un groupe “Planète Consommateurs” de 40 personnes, qui travaille sur
le déploiement de la stratégie de la relation consommateur. L'enquête 2004 a
apporté des enseignements sur le processus d'achat, le coût de la possession,
les problèmes de développement durable et les actions à mettre en place en
tenant compte des priorités. « Rendez-vous en 2005 ! », conclut Véronique
Ollivier.
Lafarge met l'orientation client au rang de ses priorités
Ce groupe , qui emploie 75 000 collaborateurs dans 75
pays, et se développe autour de plusieurs métiers, vient d'élever l'orientation
client au rang de ses priorités. « Nous nous sommes toujours préoccupés de nos
clients, note Didier Riou, directeur marketing recherche et développement du
groupe Lafarge. Ce qui est nouveau dans le groupe depuis deux ans, c'est le
niveau de priorité donné à l'orientation client et la visibilité qu'on lui
accorde. Avec le développement d'une culture de la performance, le choix d'une
organisation plus efficace et le développement de nos collaborateurs, ce sont
les quatre priorités identifiées autour desquelles s'oriente la mobilisation du
groupe.» Lafarge a ainsi mis en place des groupes de travail pour se livrer à
des échanges d'expériences et de bonnes pratiques afin de formaliser les
meilleures approches dans ce domaine. Cela passe par le développement des
marchés, la mise en place de segmentations, la compréhension des attentes des
clients, les innovations produits et le développement des services, le recours
aux outils CRM, le renforcement et la formation des forces de ventes. « Nos
clients distributeurs ou industriels bougent, la concurrence ne reste pas
inactive, l'environnement réglementaire se fait plus exigeant. Si nous voulons
rester le leader des matériaux de construction, nous devons continuer de
creuser l'écart avec la concurrence, notamment par une place plus grande
accordée aux attentes de nos clients et donc à la relation client.» Le groupe
Lafarge a mis en place quatre plates-formes e-business (batirenover pour les
relations avec les particuliers, batissor dédiée aux artisans, creargos pour
les architectes, et une plate-forme pour les négociants en matériaux) ainsi
qu'une hot line (Allo Lafarge). « Toutes les expériences développées dans un
métier ou un pays sont ensuite partagées, adaptées ou transférées dans nos
autres métiers ou dans d'autres pays, dès que possible », indique Didier Riou.
Ainsi, un modèle de call center a été mis au point pour améliorer la relation
client en France, et est maintenant en cours de lancement en Allemagne. Un
indicateur d'efficacité interne des services clients a été mis au point, dans
le plâtre, en Grande-Bretagne, repris en France, puis adopté en Allemagne, et
est maintenant en train de se généraliser dans un grand nombre de filiales.
Chacune des 200 business units fait réaliser régulièrement des enquêtes de
satisfaction clients et un guide line a été élaboré pour partager les bonnes
pratiques. « Notre culture et notre organisation reposent sur une approche
multilocale, nous sommes avant tout un acteur local tout en tirant partie de
nos atouts globaux. Les nouvelles attentes de nos clients, en particulier avec
l'émergence de la construction durable, peuvent être autant d'opportunités si
nous savons bien y répondre », conclut Didier Riou.