La Sécurité Routière au finish
A quoi sert un Grand Prix ? La question n'est pas nouvelle mais elle semble
être toujours d'actualité. Et les jurés du 29e Grand Prix de l'Affichage, qui
s'est déroulé à la mi-octobre à Assouan sur les bords du Nil, n'ont pas fait
l'économie de ce questionnement. Après avoir visionné quelque 400 affiches,
s'être livrés aux habituelles querelles de chapelle et échangé quelques
amabilités, les 18 représentants de la création hexagonale confrontés au choix
ultime, à savoir départager Sécurité Routière (Lowe Alice/Stratéus) et Eurostar
(Leg), se sont interrogés sur le message qu'ils souhaitaient envoyer au public.
Dans un contexte où il devient politiquement correct d'attaquer le marketing,
la pub et ceux qui en vivent, fallait-il prévilé- gier l'humour, en
l'occurrence Eurostar, ou envoyer un message porteur de sens à la communauté et
donc primer la Sécurité Routière ? « L'affichage est le seul média qui s'impose
au consommateur, c'est donc aussi celui qui doit avoir le plus de sens. La
Sécurité Routière est celle qui a le plus de sens et c'est aussi celle qui
défend le mieux le métier », déclarait ainsi Elisabeth Billemaz (Enjoy). Une
opinion loin d'être partagée par Benoît Devarrieux (devarrieuxvillaret) : «
Eurostar est un grand prix évident. En revanche, la Sécurité Routière est
typiquement une création de l'évitement. C'est habile mais l'habilité, l'astuce
artisanale mérite-t-elle un Grand prix ? » Au final, les avocats de la cause
Sécurité Routière, emmenés par une Marie-Catherine Dupuy (TBWA\Paris) plus
remontée que jamais - « cessons de dire qu'une bonne campagne, c'est simple
parce qu'à force d'être simple, c'est simpliste et c'est con...» -, la Sécurité
Routière emportait donc la consécration suprême. Un choix applaudi par Michel
Cacouault (Viacom Outdoor), président sortant du jury. « Cette campagne est
celle qui exprime le mieux le média affichage. » Dont acte.