L'affichage mesure son efficacité et son image
A l'occasion des Rencontres de l'affichage, quatre études portant sur l'efficacité du média ont été présentées. Un sujet qui entre dans les préoccupations rentabilistes des annonceurs.
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«Nous nous sommes intéressés à l'efficacité parce que nos interlocuteurs
sont toujours demandeurs pour mesurer les effets de l'affichage sur l'image et
les ventes. Généralement les afficheurs restent frustrés quant à cette mesure
d'efficacité », explique Jacques Machurot, président de Dauphin. Que ce soit en
termes qualitatifs ou quantitatifs, l'efficacité est aujourd'hui au centre des
choix dans le mix média. A travers l'exploration des socio-styles du CCA,
l'affichage dispose d'avantages liés à ses qualités propres pour surfer sur les
évolutions pressenties de la société. « Avant d'être un support de publicité,
l'affichage est un mode de communication qui fait partie du mode de vie
indépendamment du message publicitaire », souligne Bernard Cathelat, Dg du CCA.
Celui-ci dégage quatre socio-trend qui influencent les modes de consommation :
l'évasion, la reconquête de sens, la refondation, la micro-communauté.
Actualité de la consommation
Pour Bernard Cathelat, «
l'affichage doit tirer partie de son implantation dans des endroits déplaisants
pour surfer sur le besoin d'évasion. » Cette fonction concerne principalement
les jeunes actifs urbains. L'affichage peut aussi profiter d'une certaine
tendance à la recherche d'une marque morale. Cette quête de sens concerne
surtout une clientèle urbaine aisée. Alors que se dégage un désinvestissement
des activités sociales et professionnelles au profit de la vie privée,
l'affichage doit jouer une carte plus proche du one-to-one. « Il faut faire de
l'affichage un média familier admis au sein de la sphère privée », note Bernard
Cathelat. Enfin, face à la tendance micro-communautaire qui semble devoir
favoriser les médias locaux, l'affichage doit également se positionner comme un
média micro-local s'adressant à un groupe d'individus spécifique. Cependant
l'inscription des vertus de l'affichage dans la ligne des tendances sociales
n'a d'intérêt que si la perception de l'affichage par les consommateurs s'avère
favorable. Une étude qualitative menée par Facta Nova auprès de quatre groupes
souligne la légitimité ressentie de l'affichage en tant que média. Une
légitimité à la fois commerciale, esthétique et politique (au sens
étymologique). L'affichage est aussi ressenti comme porteur de sens, en tant
que mass média s'adressant de manière gratuite à tous les individus, mais aussi
comme support de l'actualité de la consommation. En résumé, une marque
utilisant l'affichage est perçue par les consommateurs comme une marque
actuelle, active et communautaire. Outre cette acceptation implicite des
consommateurs, l'affichage doit valider des critères d'impact plus empiriques,
basés sur la reconnaissance, l'agrément et la notoriété. Un bilan des résultats
Effipub de 1988 à 1999 conclut en particulier à la non-saturation des fonctions
réponses de l'affichage qui ne provoque aucun rendement décroissant,
contrairement aux autres médias. Souvent difficile à évaluer, l'efficacité
d'une campagne d'affichage sur les ventes constitue un point essentiel de la
valorisation du média. D'où l'intérêt du plan d'expérience mené en situation
réelle par Danone et MarketingScan sur les zones tests d'Angers et du Mans.
Deux produits, Danette crème liégeoise et Charles Gervais riz au lait, ont
servi d'appui au test. Les résultats sont analysés hors volume promotionnel en
termes de PDM et de ventes moyennes hebdomadaires.
Un gain de parts de marché
Au national, sur la période d'affichage, la part de
marché hors promotion de Danette crème liégeoise est en légère régression. Dans
le même temps, elle gagne 5 % à Angers par rapport au national et 11 % au Mans.
Le cas Charles Gervais est un peu différent, la marque ayant bénéficié d'une
campagne télé trois semaines avant l'affichage. De plus, un contexte de forte
pression promotionnelle des MDD durant la période a provoqué une baisse des
parts de marché nationales. Sur les deux zones tests, le riz au lait Charles
Gervais a maintenu ses parts de marché et les ventes moyennes hebdomadaires
(VMH), par rapport au national, ont progressé de 10 % au Mans sur la période
d'affichage et de 3 % à Angers. Après la campagne, les VMH ont progressé de 5 %
au Mans et de 11 % à Angers, toujours par rapport au national. « Ces résultats
montrent l'efficacité des campagnes d'affichage soit en monomédia ou après une
campagne TV, analyse Nicolas Riom, directeur général du marketing de Danone.
Des gains de 6 ou 7 % de part de marché suffisent pour s'intéresser à ce média.
Mais, il faut travailler sur la création, la pertinence du lieu et du moment.
Avec l'encombrement en télévision, l'augmentation des coûts GRP, il y a un
intérêt pour nous à aller plus loin. » Dans un contexte de réflexion sur les
mix médias, l'affichage prend donc position comme un support pouvant offrir des
solutions liées aux évolutions stratégiques des marques.