Investissements publicitaires, le retour à la raison
A l'image de l'économie mondiale, les investissements publicitaires mondiaux devraient connaître en 2001 un certain ralentissement. Mais si la croissance est moindre, elle demeure cependant soutenue.
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Après l'euphorie, la raison. Alors que le second semestre 99 et la première
partie de l'année 2000 ont été marqués par une croissance très soutenue du
marché publicitaire mondial, 2001 devrait connaî-tre un rythme de progression
plus raisonnable. C'est du moins les prévisions de la note de conjoncture
présentée par IP. Selon cette étude bi-annuelle, réalisée dans 19 pays
européens ainsi qu'aux Etats-Unis et au Japon, les investissements
publicitaires devraient cette année s'inscrire dans la continuité du second
semestre 2000. « La situation s'est totalement inversée en novembre lorsque les
entreprises de la nouvelle économie ont considérablement réduit leur budget
publicitaire », estime ainsi François Dufresne, directeur général adjoint d'IP
France. La chute du Nasdaq, la flambée du prix du baril de brut, le tout sur
fond de ralentissement de l'économie américaine, ont eu des conséquences
importantes sur le marché publicitaire. Malgré ce coup de froid, 2000 aura été
une année tout à fait exceptionnelle puisqu'en Europe les investissements ont
progressé de quelque 9,2 %, contre + 8,5 % entre 1998 et 1999. Les Etats-Unis
enregistrent pour leur part une croissance de 10,3 % (7,4 % en 1999) et le
Japon qui sort tout juste de la crise a vu son marché publicitaire redevenir
positif, + 1,3 % (- 1,9 % en 1999). Cette année, l'Europe devrait faire mieux
que les Etats-Unis. Selon IP, les investissements publicitaires sur le Vieux
Continent devraient croître de 7 % alors que le marché américain devrait se
contenter d'une croissance de 5,4 %. Quant au Japon, toujours en retrait, il
devrait cependant poursuivre sa progression avec une hausse de 3,1 %. Certes,
si l'absence de grands événements sportifs ou politiques expliquent en partie
ce ralentissement, au-delà ces prévisions laissent penser que l'économie
mondiale retrouve un certain bon sens. « La raison et le bon sens font leur
retour sur les marchés et notamment ceux de la nouvelle économie », écrit ainsi
Thomas Sudholt, chef du comité marketing international de la filiale de RTL
Group.
Un recul tempéré
Si 2000 a été une année
particulièrement florissante pour les médias, tous n'ont pas été égaux devant
l'embellie. La télévision a bien sûr été parmi les plus gâtées. « La télévision
a largement bénéficié de l'importante demande des annonceurs. Jusqu'en
septembre-octobre, il n'y avait plus une seule seconde de publicité disponible
sur les écrans, notamment pour les espaces de qualité. Ce phénomène a entraîné
une forte inflation », note François Dufresne. Résultat, les investissements
publicitaires de la télévision ont enregistré en Europe une croissance de 10, 7
%. Même tendance sur le marché américain, où la progression a été de 12, 3 %.
En retrait, le Japon n'a pas fait mieux qu'un petit 1 %. 2001 se présente
d'ores et déjà sous des jours quelque peu différents, notamment aux Etats-Unis
où la croissance devrait se situer juste au-dessus de la barre des 3, 5 %. En
Europe, les prévisionnistes d'IP tablent sur une progression de 7 %, et elle
devrait être de 2,7 % au Japon. Profitant de la saturation de la télévision, la
presse a connu une bonne année 2000 puisque les investissements sur le média
ont enregistré une hausse de 6,5 %. « En Europe, les quotidiens ont fait mieux
que la presse magazine, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne et en
Espagne. En France, les deux marchés ont connu la même progression de 10,5 % »
indique François Dufresne. 2001 devrait voir un recul des investissements sur
le média télévision tant en Europe qu'aux Etats-Unis. En revanche, au Japon,
les investissements devraient connaître une progression de 2,2 % contre 0,8 %
en 2000. Troisième grand média, très utilisée par les dot-coms, la radio a vécu
en 2000 une année faste. En Europe, le taux de progression globale se situe à +
12,7 %. La situation est cependant très contrastée puisque le marché anglais
enregistre une croissance de 17 % alors que la France a dû se contenter d'une
progression de 9 %. « En Grande-Bretagne, comme aux Etats-Unis où le marché
national progresse de 18,7 %, et en Allemagne, les radios ont bénéficié de la
constitution de réseaux et d'offres nationales cohérentes », estime François
Dufresne.
Les investissements sur le Net toujours en hausse
Après une année 2000 de bonne tenue, + 7,9 %, l'affichage
européen devrait marquer le pas en 2001 et se contenter d'un taux de croissance
de 5,2 %. Un repli qui s'explique par la moins bonne tenue du marché local. Le
cinéma, en revanche, malgré un léger recul devait encore connaître une
progression à deux chiffres, 10,9 % en 2001 contre 11,6 % en 2000. Quant à
Internet, il continue sur sa lancée. Cette année, son taux de croissance
devrait ainsi se situer à 80,2 %. Et si son poids sur le marché publicitaire
demeure modeste - 1,3 % des dépenses en Europe et au Japon, 2,3 % aux
Etats-Unis -, dans de nombreux pays Internet pèse déjà plus lourd que le cinéma
et, en Suède et au Danemark, il dépasse dès à présent la radio et l'affichage.