Extrapole : le challenger culturel
Un concept basé sur la proximité, une approche moins élitiste de la culture que chez le grand voisin (devinez qui ?), des moyens désormais conséquents grâce à l'appui d'un grand groupe, tels sont les atouts dont dispose Extrapole pour réussir son difficile pari : devenir l'un des premiers opérateurs européens sur le marché des produits de loisirs culturels.
Je m'abonneHISTORIQUE
1993 : Création de la société Extrapole
sur une idée de Philippe Mondan, celle du "magasin culturel multimédia". Dans
la foulée, Extrapole ouvre son premier magasin, au centre commercial
Belle-Epine. 1998 : Extrapole, qui a procédé entre temps à trois nouvelles
ouvertures (Les Quatre Temps/La Défense, bd Montmartre et Parinor), entre dans
le giron de Hachette Distribution Services, premier opérateur international de
distribution de presse. 1999 : Premières ouvertures en province (Avignon,
Bayonne) et rachat du célèbre libraire régional Le Furet du Nord (Lille).
Extrapole ouvre également un magasin en Pologne (Varsovie). 2001 : Le groupe
Extrapole, qui regroupe désormais 21 magasins, passe un accord avec Alapage.com
pour se développer dans le e-commerce.
PRINCIPAUX DIRIGEANTS
P-dg : Philippe Mondan Directeur marketing et
commercial : Philippe Wargnier Directeur financier : Pierre-Marie Bréchoire
Directeur de l'exploitation : Jacques Mary Directrice adjointe de la
communication : Céline Dupuy DRH : Sophie Tuja
CHIFFRE D'AFFAIRES
Exercice 1997/98 : 300 MF Exercice 1999 : 685 MF
Exercice 2000 : 129,7 ME (851 MF) Prévisions 2001 : environ 150 ME (1 MdF)
PARC DE MAGASINS
Extrapole : 10 magasins (Paris +
région parisienne 6, province 3, étranger 1) Surface totale : environ 16 500 m2
Surface moyenne : 1 650 m2 Le Furet du Nord : 10 magasins Surface totale :
environ 15 000 m2 Surface du magasin de Lille : près de 6 000 m2 ; surface des
autres magasins : de 500 m2 à 1 500 m2.
EFFECTIFS
869
salariés* * fin 2000, siège social + 21 magasins Extrapole est né d'un concept
qui se voulait, et se veut toujours, original. Directeur du développement, puis
directeur général de la Fnac, Philippe Mondan a imaginé le "magasin culturel
multimédia". Sept ans plus tard, le groupe Extrapole compte deux enseignes et,
à ce jour, 21 magasins. Entre temps, Philippe Mondan a tout à la fois peaufiné
son concept et cherché à se donner les moyens de ses ambitions. Après quelques
années de développement autonome, Extrapole a vu en 1998 la totalité de son
capital passer sous le contrôle du groupe Lagardère, à travers sa filiale HDS
(Hachette Distribution Services). Soit un réseau de 3 200 points de vente de
proximité, avec notamment l'enseigne Relay. Un solide appui, pour Extrapole.
Dotée de nouveaux moyens, l'enseigne pouvait faire preuve d'un nouvel appétit,
comme l'a rapidement démontré l'acquisition, en 1999, du Furet du Nord.
Proximité, convivialité
Depuis sa création, Extrapole
cherche à mettre en place des lieux de vie, de détente et de découverte.
Désormais, la chose est moins originale, tant il est vrai que de nombreuses
enseignes ont adopté un positionnement voisin. Mais, d'une part, Extrapole est
un précurseur de cette approche, et d'autre part, l'enseigne affirme aller plus
loin dans l'accueil que ses concurrents, La Fnac notamment. Vision "non
sacralisée", ni dogmatique, ni élitiste de la culture, lieu "où l'on se sent
chez soi" sont les termes qui reviennent le plus souvent pour définir le
concept. Un Café, lieu ô combien symbolique de rencontre et de convivialité,
est d'ailleurs au centre des magasins Extrapole. L'enseigne cherche à
développer une dimension de proximité forte et évoque sa volonté de "renouer
avec l'état d'esprit des grandes librairies et des grands disquaires
régionaux". Volonté également de s'inscrire le plus possible dans la vie
culturelle locale. En partenariat avec les organismes, les institutions et les
associations culturelles locales, les conseillers organisent des dédicaces, des
débats, des mini-concerts, des expos, des ateliers de loisirs... L'offre
commerciale des différentes familles de produits se veut équivalente à celle
d'un grand commerce spécialisé. Selon la superficie du magasin, Extrapole offre
entre 70 000 et plus de 100 000 références. Pour la librairie, l'enseigne a
cherché à développer une ambiance "bibliothèque" propre à convaincre tous les
publics, de "l'exigeant" au "dilettante". Même souci de l'accueil pour le
disque (une centaine de points d'écoute), les logiciels et jeux vidéo
(contrairement à la Fnac, Extrapole ne vend pas de matériel), la vidéo ou la
papeterie. Face à la profusion de l'offre, le client est autant que possible
guidé dans ses choix. Directement sur les étagères, avec par exemple un bandeau
bleu "La Préférence des libraires", ou à travers différents supports proposés
en magasin : "Polars au-dessus de tous soupçons", " Les livres de la Rentrée
Littéraire", etc. Sur le plan des services, Extrapole a largement développé la
consultation multimédia, avec recherche bibliographique et/ou discographique
grâce à un abonnement à la banque de données Electre, à la navigation sur
Internet, aux points d'écoute CD ou à la démonstration de jeux et de CD-Roms.
Commande personnalisée (possibilité de commander un produit sur tout le
catalogue français disponible en livres, disques ou vidéo) et billetterie
informatisée de spectacles, de concerts et d'événements sportifs (via le réseau
France Billet) font également partie de l'offre de services. Enfin, Extrapole a
développé une carte de paiement et de fidélité qui donne accès à des
réductions, des facilités de paiement et des avantages divers. Les adhérents
reçoivent, par exemple, des invitations à des concerts et à des spectacles, ou
Quartier Libre, la lettre d'information mensuelle d'Extrapole.
Les axes de développement du groupe
Croissance externe, croissance
interne, Extrapole doit cravacher tous azimuts pour accélérer son
développement. L'intégration, en 1999, de la célèbre librairie nordiste Le
Furet du Nord fut un événement pour le groupe qui, à cette occasion, a doublé
son volume d'activité. D'autant qu'aux côtés de la librairie de Lille (près de
6 000 m2 de surface de vente, une véritable institution), il y avait onze
autres magasins (dix aujourd'hui). Sur quatre ans, environ 50 millions de
francs seront injectés pour rénover la chaîne nordiste. Dans un premier temps,
il s'agit de mettre en place, aux côtés des livres, les rayons disques et
multimédia propres au concept Extrapole. Le Café sera lui aussi implanté dans
les différents magasins. L'objectif est bien sûr d'offrir des magasins plus
rationnels, plus modernes, mais aussi plus rentables. Dans ce domaine, Le Furet
du Nord n'a jamais été un foudre de guerre. A Extrapole de faire évoluer les
choses, et de prouver que culture et rentabilité peuvent faire bon ménage sans
sacrifier complètement l'esprit du Furet du Nord. Autre changement, pas le plus
stratégique, le logo de l'enseigne nordiste a été remanié, dans un style très
proche de celui... d'Extrapole. Le rapprochement de fait des concepts
pourrait-il aboutir à la suppression d'une des deux enseignes (Le Furet du
Nord, évidemment) ? Extrapole affirme le contraire. Il insiste sur sa nouvelle
logique de groupe, déclinée à travers deux enseignes. Les ambitions d'Extrapole
en matière de croissance interne sont tout aussi élevées. L'enseigne souhaite
se développer sur le territoire "dans les villes moyennes qui attachent de
l'importance à la culture", ce que toutes revendiquent. Mais pour l'heure, le
développement en province d'Extrapole est à la fois récent et timide. Avignon,
Rouen et Bayonne pour l'instant, Nice au printemps prochain (soit une seule
ouverture cette année)... le rythme n'est pour l'instant pas très élevé. Il
faudra sans doute aller un peu plus vite si Extrapole veut tenir ses
objectifs.
Internet, le choix du partenariat
Difficile
aujourd'hui de présenter une enseigne de biens culturels sans évoquer Internet.
Chez Extrapole, il s'agit de la toute dernière actualité. L'enseigne affirme
avoir pris le temps de la réflexion. On la croit volontiers ! Le site
d'Extrapole, conçu par l'agence Mercure, a vu le jour en début d'année. On y
parle livres, musique, films, multimédia, spectacles, on y évoque la vie
d'Extrapole, on y donne les adresses des magasins, on y propose des services,
des sélections de sites, on y discute... Restait l'épineux problème de la vente
en ligne. La solution privilégiée dans ce domaine est différente de celle, par
exemple, de la Fnac. "Extrapole a choisi de se concentrer sur son métier, le
commerce de biens culturels dans des magasins et de s'associer durablement à un
opérateur spécialiste dans ce domaine", explique le groupe. Cet opérateur n'est
autre qu'Alapage.com. Pionnier de la distribution en ligne de produits
culturels (création en 1996, la préhistoire...), Alapage.com fait depuis
juillet 2000, partie du groupe France Télécom. Le site propose une offre très
large, avec 3 millions de références en livres, disques, CD-Roms, vidéo et
DVD-Roms. Le partenariat se veut à la fois stratégique et pérenne (voir
encadré), mais il laisse la porte ouverte à d'autres partenariats, avec des
opérateurs spécialisés, sur des niches culturelles.
Prouver sa différence
L'ambition d'Extrapole est de créer un "pôle pérenne
sur le marché de la distribution des produits de loisirs culturels". Et même,
de devenir l'un des premiers opérateurs européens dans ce domaine. Le groupe
compte doubler son activité d'ici 2004/2005, à la fois en CA (2 MdF à cet
horizon) et en nombre de magasins (une quarantaine de points de vente). Pour
atteindre ces objectifs, Extrapole devra affronter une concurrence redoutable.
Celle, d'abord, des spécialistes de la culture, au premier rang desquels la
Fnac. Un véritable modèle, à la fois en termes de concept d'enseigne
(globalement, les atouts que revendique Extrapole, la Fnac les revendique
aussi) et de stratégie de développement. La guéguerre entre Extrapole et la
Fnac est d'ailleurs incessante, la première reprochant à la seconde de
l'empêcher de se développer par des moyens illicites. Les tribunaux sont
souvent mis à contribution. Autre concurrence, puisque qu'Extrapole évoque avec
force son développement en province, celle des enseignes généralistes, dont les
concepts culture sont de plus en plus performants. Les puristes expliquent
volontiers qu'il s'agit de deux types d'enseignes distincts qui ne jouent pas
dans la même catégorie. Mais il n'est pas sûr que le consommateur lambda qui,
dans un cas comme dans l'autre, achète un produit, pense la même chose.
Observons les dégâts causés par les grandes surfaces dans les rangs des
libraires ou des disquaires dans certaines villes moyennes ! C'est clair : pour
Extrapole, dans un type de concurrence comme dans l'autre, il faudra vraiment
prouver "sa" différence.
LE PARTENARIAT EXTRAPOLE / ALAPAGE
Petit à petit, l'oiseau fait son nid... Le partenariat Extrapole/Alapage est appelé à monter en puissance progressivement. D'ores et déjà, les internautes accèdent à Alapage.com à partir de la home page d'extrapole.com pour passer leurs commandes ou utiliser le moteur de recherche d'Alapage.com. Puis l'accent sera mis sur l'interactivité entre les deux enseignes. D'abord, avec la présence d'Extrapole sur le site Alapage.com (notamment au travers de la rubrique des meilleures ventes de l'enseigne ou des sélections des spécialistes d'Extrapole), puis avec la possibilité offerte aux adhérents d'Extrapole d'utiliser leur carte de fidélité sur le site Alapage.com avec les mêmes avantages que dans les magasins. Dans une seconde phase, les bornes d'accès à Internet des magasins Extrapole et Le Furet permettront de réaliser des recherches à partir de la base de données d'Alapage et de commander des articles sur le site Alapage.com pour une livraison à domicile. A terme, les clients pourront aussi choisir de retirer leurs commandes dans les magasins. Extrapole et Alapage.com élaboreront également une vitrine co-brandée permettant aux internautes de commander une sélection spécifique. Enfin, la phase ultime de l'accord prévoit que certaines commandes qu'Extrapole passe pour ses clients puissent être réalisées avec le concours d'Alapage.com.