De l'ego-citoyen à l'eco-citoyen
On croyait notre société hautement individualiste. Et pourtant, les sondages le prouvent : les Français ne se sont jamais autant préoccupés d'environnement, de commerce équitable, d'éthique… Dans leur grande majorité, ils ont désormais déjà tous entendu parler de développement durable. Cette thématique, en quelques années, s'est hissée à hauteur des grands enjeux majeurs des prochaines années. L'égo-citoyen ne serait-il pas en voie de céder sa place à l'éco-citoyen ?
Sommaire du dossier
- Marketing et développement durable
- Le développement durable et les Français
- Les entreprises face au développement durable
- Produits : de l'éco-conception à la vente
- Comment communiquer
- Environnement : législatif & éco-labels
- Liens utiles
- Bibliographie
À LIRE AUSSI
«Il me semble que nous assistons à une prise de conscience importante, au
sein de la population, des dangers qui la guettent. Cela dit, il faut
différencier prise de conscience et action. De ce point de vue, l'être humain
est absolument paradoxal: nous pensons qu'il suffit de dénoncer le problème
pour le résoudre. » Dixit Nicolas Hulot à l'Université de la Terre, organisée à
l'instigation de Nature & Découvertes en novembre 2005. Notre société est
indéniablement une société individualiste, basée sur le chacun pour soi. Le
consommateur achète avant tout pour son plaisir. Guénaëlle Gault, directrice
d'études chez TNS Sofres, parle « d'individualisation de la société ». Elle
explique: « Cela ne se résume pas à de
l'égoïsme mais c'est un mouvement qui fait qu'il y a une inversion du rapport
entre l'individu et le groupe. Avant, le groupe primait sur l'individu,
maintenant c'est l'inverse. Par ailleurs, les engagements classiques sont en
perte de vitesse, tels le vote, le militantisme, la vie collective… »
Quant aux
médias, ils lui serinent à longueur de temps que le monde va mal. Des
événements catastrophiques se suivent inlassablement. Comme une fatalité.
L'homme a l'impression de ne pas avoir de prise sur les choses. Pourtant, comme
le constate Nicolas Hulot, une réflexion semble émerger. Pour preuve, le petit
écran se met à parler de pollution, de réchauffement climatique, de l'impact de
l'homme sur la santé de la planète. Pour Adeline Attia, directrice de
l'institut Allegoria, et Alexandre Pasche, président d'Eco&co, le changement
serait intervenu il y a un an grâce, notamment, à l'influence des mass médias
« qui gonflent le phénomène et se font caisse de résonance ». Nadia Boeglin,
chef du département éco-conception et consommation durable à l'ADEME (Agence de
l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) souligne que « l'environnement
devient un sujet quotidien. Nombreux sont les journaux, les publicités, qui
parlent d'environnement, de changement climatique, d'augmentation du prix du
pétrole, de raréfaction des matières premières, de déchets qui se multiplient
dans nos poubelles.
Aussi, quel que soit son métier, le citoyen, au quotidien,
est de plus en plus confronté à l'environnement. » « Les gens sont à la fois
plus demandeurs et plus sensibilisés, affirme Françoise Vernet, directrice
marketing et communication chez Nature & Découvertes. Et cela touche toutes les
couches de la population, pas seulement les bobos et les CSP+. »
La consommation engagée : plus qu'une mode passagère
Un avis que pondère Régis Bigot,
sociologue au Credoc : « Le phénomène se développe à un rythme raisonnable. »
Rien à voir avec le boom des nouvelles technologies par exemple. Il n'en est
pas moins que « l'on est au-delà de la mode passagère », souligne-t-il. Déjà,
en décembre 2002, le Credoc s'était penché sur la question de la consommation
engagée pour savoir si elle était une mode passagère ou une nouvelle tendance
de la consommation. Régis Bigot avait alors conclu: « L'attitude des Français
n'est pas totalement claire, peut-être même pas totalement aboutie. Il est
certainement trop tôt pour dire que la consommation éthique est appelée à
devenir un véritable ressort des motivations d'achat, même si elle semble être
un thème porteur. » Reste que 38 % des consommateurs, interrogés par le Credoc
en 2002, disaient tenir compte des engagements de “citoyenneté” des entreprises
lorsqu'ils achètent des produits industriels et qu'une personne sur deux se
déclarait prête à payer un supplément de prix de 5 % pour des produits
éthiques.
Selon l'enquête Ipsos/Max Havelaar France de mai 2005, trois Français
sur quatre connaissaient le commerce équitable en 2005. Et, parmi eux, 67 %
étaient passés à l'acte d'achat, ne serait-ce qu'une fois. La connaissance du
label Max Havelaar est, quant à elle, passée de 23 % en 2004 à 32 % en juin
2005. En outre, d'après le Baromètre sur les Français et le commerce équitable,
réalisé pour Malongo par TNS Sofres en mars 2006, 26 % des Français déclarent
acheter au moins une fois par mois un produit issu du commerce équitable. Un
chiffre à pondérer, relevant plus de l'intention d'achat que de l'achat réel.
Il n'en démontre pas moins le fort potentiel des produits issus de ce type de
commerce.
Le Baromètre dresse une typologie des Français: 18 % de la population
seraient des consommateurs équitables, 24 % des sympathisants, 27 % des
sympathisants potentiels, 4 % des opposants, 9 % des opposants potentiels et
18 % des distanciés. Et Rémi Roux, cofondateur d'Ethiquable avec Christophe
Eberhart et Stéphane Comar, de souligner que « les ventes de commerce équitable
ont progressé de 70 % en 2005 par rapport à 2004 ». Pour ce dernier, le choix
de produits équitables repose, pour le consommateur, à la fois sur le fait de
réaliser un geste citoyen, et d'acheter des produits du terroir au goût
différent. « C'est comme cela que nous les fidélisons. » Et de conclure :
« Notre objectif est que le commerce équitable atteigne 20 à 30 % des produits
proposés en rayon. » En attendant, l'équitable poursuit son chemin. Ethiquable
a ainsi pu effectuer une première baisse de tarif en janvier dernier grâce à
l'augmentation de la demande.
Un engagement ciblé
Quant à l'environnement, il est devenu un sujet important. Selon le sondage
“Les Français et l'environnement”, réalisé par TNS Sofres en avril 2006, le
réchauffement de la planète arrive en tête de la hiérarchie des risques perçus
comme les plus inquiétants, pour 42 % des personnes interrogées. En outre, 83 %
des Français sont inquiets “lorsqu'ils pensent à l'avenir de la planète et à
l'environnement, dont 24 % se disent même très inquiets tandis que 16 %
apparaissent confiants.” « Ces questions concernent les citoyens aujourd'hui
sur le point d'agir et de s'engager, mais sur des secteurs très particuliers »,
précise Nadia Boeglin. À savoir : arrêter son téléviseur au lieu de le mettre en
veille, utiliser moins sa voiture, faire attention à sa consommation
d'électricité… Autant de points auxquels « on peut penser qu'ils font vraiment
attention, étant donné l'intérêt économique que les consommateurs en
retirent », estime Nadia Boeglin.
Mais, là où le bât blesse, c'est lorsque les
efforts portent sur l'acte d'achat. « Dans le domaine de la consommation, ils
ne font pas encore complètement le lien, souligne Nadia Boeglin. Or nos
déchets, c'est avant tout nos achats. Si le citoyen trie aujourd'hui ses
déchets, demain, nous l'espérons, le consommateur triera ses achats. » Selon
l'ADEME, si l'on ramène à un ménage l'ensemble de l'effet de serre généré par
l'activité nationale, 26 % sont liés à ses déplacements individuels, 22 % à ce
qui se passe chez lui (15 % au chauffage du logement, 7 % à l'eau chaude,
l'électricité domestique hors chauffage), et 52 % au cycle de vie des produits,
dont notamment les produits qui remplissent son chariot au supermarché. Autant
dire que le simple fait de prohiber les sacs de caisse ne modifie pas la courbe
d'augmentation des déchets, qui ont doublé en quarante ans !
« C'est en
améliorant chaque produit qu'il pourra y avoir un effet favorable et que l'on
pourra gagner quelque pour cent », estime Nadia Boeglin. Reste que la
mobilisation des Français n'a jamais été aussi forte. TNS Sofres révèle que
68 % de nos concitoyens déclarent systématiquement trier et recycler leurs
déchets, 52 % ne pas gaspiller l'eau, 51 % rapporter les piles usagées chez les
commerçants concernés, 47 % économiser l'électricité, 44 % ne pas utiliser de
sacs plastiques pour faire les courses…
En outre, 10 % affirment boycotter les
entreprises qui polluent et ne respectent pas les réglementations en matière
d'environnement, et 7 % disent consommer systématiquement des produits bio. Ces
chiffres parlants prouvent bien que le consommateur prend de plus en plus en
considération son rôle de citoyen impliqué. La frontière entre citoyen,
consommateur, salarié ou retraité, tend de fait à s'estomper. Pour Adeline
Attia, « ils sont citoyens quand ils consomment; ils sont consommateurs quand
ils votent ».
“L'Homo ecoalterus” : un nouveau type de consommateur
Allegoria et Eco&co
ont ainsi rebaptisé ce nouveau consommateur “Homo ecoalterus”. Pour eux, son
heure de gloire devrait arriver en 2010. Mais déjà les deux cabinets constatent
“l'émergence de nouveaux modes de vie et de consommation plus citoyens et
écologiques”. Ils mettent en évidence quatre courants de société contribuant à
faire de l'éco-citoyenneté un mouvement de masse : l'économie sociale et
solidaire, représentée notamment par le commerce équitable, les mutuelles, les
coopératives ; le développement durable (conférence de Rio, protocole de Kyoto,
charte de l'environnement, tri des déchets…) ; l'alter-mondialisme (Seattle,
ATTAC, No logo de Naomi Klein…); et l'écologie (produits bio, biodiversité,
artisanat local…).
Ces courants, qui visent tous à redonner du sens à la
consommation, s'appuient sur quatre principaux mythes que sont le paradis perdu
(“la nature vierge retrouvée”), le cycle de vie (“Rien ne se perd, rien ne se
crée, tout se transforme”), l'authenticité et la solidarité. Preuve de ce début
d'engouement, de nombreux succès du box office reposent sur des films traitant
de ces préoccupations : le film Le Jour d'Après est des plus révélateurs, tout
comme les films d'animation d'Hayo Miyazaki, très attaché à la nature, L'âge de
glace qui traite du réchauffement climatique, La planète blanche ou encore La
marche de l'empereur. Le divertissement devient une source d'éveil et
d'implication.
Un moment charnière
Conséquence
logique, les marques sont bien obligées de se pencher sur le sujet. « On est
ainsi passé du bla-bla développement durable à l'application du concept en
lui-même », affirme Alexandre Pasche. Et d'ajouter que, si au départ le concept
était « peanuts pour les directeurs marketing », au bout de six mois, ces
derniers ont commencé à changer d'attitude et à considérer le développement
durable comme bien plus qu'un simple marché de niche. Nadia Boeglin constate:
« Quand nous demandons aux entreprises pourquoi elles ne font pas des produits
plus écologiques, elles ne nous répondent pas que c'est trop difficile ou plus
cher, mais qu'il n'y a pas de demande. Au contraire, les consommateurs disent
qu'ils veulent des produits plus verts mais qu'ils n'en trouvent pas. Il y a de
la bonne et de la mauvaise foi de part et d'autre. »
Il s'agit donc pour
l'ADEME d'accompagner à la fois consommateurs et entrepreneurs, de montrer aux
premiers qu'en intégrant par exemple l'environnement dans leurs critères de
consommation, ils ne perdent pas leur liberté de consommateurs et de montrer
aux seconds que l'on peut réussir en lançant des produits conçus dans une
démarche environnementale.
« Pour l'instant, nous ne sommes pas très développés
en France en matière de produits plus responsables, souligne Nadia Boeglin. En
revanche, les tendances sont très favorables et, au niveau de l'ADEME, nous
avons l'impression que nous sommes à un moment charnière où il ne faudrait pas
grand-chose pour que cela démarre vraiment. » Mais plusieurs tendances de
consommation coexistent.
Dans une interview réalisée par Energie et
Développement Durable magazine, et diffusée pour le salon EV-MC 2004 de
Monte-Carlo, Joël de Rosnay, docteur es Sciences, avait opposé les éco-citoyens
aux égo-citoyens: « Ceux-ci sont égoïstes, utilisent leur voiture pour aller
faire leurs courses à quelques centaines de mètres. Ceux-là ont une vision
solidaire de l'évolution, de leur capacité à gérer et à contrôler leur
environnement. L'égo-citoyen, c'est chacun pour soi; l'éco-citoyen, c'est
chacun pour tous. »
Quand les marques s'y mettent
Si
nombre de consommateurs se ruent sur les derniers écrans plats et changent de
téléphones portables tous les six mois, d'autres préfèrent les produits
durables, respectant à la fois l'homme et la planète. Des valeurs que l'on
retrouve chez Nature & Découvertes ou Natura. Distributeur pionnier de marques
vertes dès 1992, Monoprix n'est aujourd'hui plus le seul à s'engager aussi bien
à travers ses gammes de produits que dans ses campagnes de communication.
Premier distributeur du commerce équitable et ardant combattant des sacs de
caisse depuis 1996, les Centres E.Leclerc ont lancé, le 29 avril dernier, le
premier sac de caisse en coton 100 % biodégradable, issu du coton labellisé Max
Havelaar.
Marks & Spencer a passé l'intégralité de son thé et de son café en
équitable. Une initiative grâce à laquelle l'enseigne prévoit “une augmentation
des ventes britanniques de café et de thé équitable respectivement de 18 et
30 %!
Même l'univers de la mode s'y met. Deux Français ont ainsi lancé les
Veja, premières baskets en coton bio et caoutchouc naturel fabriquées au Brésil
sous le mode coopératif. Signifiant “regarde” en français, Veja invite à
regarder autour de soi et à prendre conscience de l'environnement. Même les
stars adoptent le geste éco-citoyen: Stella McCartney crée ses chaussures sans
utiliser de cuir. Bono, le chanteur de U2, a lancé, avec sa femme, la ligne de
vêtements Edun, en coton bio. La Redoute a référencé des T-shirts en coton bio
dans sa collection automne-hiver. Kindy, Célio ou encore Rica Lewis s'y sont
mis. Or, quoi de plus personnel et impliquant que les vêtements que l'on porte?
Dans leur dernière campagne de communication, Marithé et François Girbaud
tendent également à éveiller la conscience citoyenne, à travers des visuels
chocs, montrant des mannequins agressés par des sacs plastique, du papier
journal, de la fumée…
Bref, par toute la pollution que l'homme engendre. Le
message est dur: “Mère nature n'a rien à faire des vêtements que nous portons,
de nos portefeuilles bien garnis, de nos diplômes, de nos priorités. Elle se
vengera sans pitié, car nous l'avons rendue stérile et aride par l'infamie de
notre avidité. Mère nature nous détruira, elle déchiquetera nos habits et nous
laissera crever engloutis par notre arrogance insensée alors que nous
continuons à la gaver d'un déluge toxique de déchets”. Finie l'époque où
Marithé et François Girbaud testaient de nouveaux traitements sur leurs jeans.
Aujourd'hui, ils prônent l'utilisation de matières qui ne polluent pas.
Le vert
s'affiche aussi au Publicis Drugstore, temple de la tendance, jusqu'à la fin de
l'été, à travers son opération Urban Jungle, imaginée par Mataly Crasset,
transformant la brasserie en serre évolutive. Dans un tout autre domaine,
Brandt s'est associé au WWF: jusqu'au 30 juin, pour l'achat d'un lave-linge
Brand Opti A
45 mn (capable d'un lavage express en classe A) plus un euro, le consommateur
reçoit un doudou WWF et Brandt s'engage à reverser 10 E à l'organisation
mondiale de protection de la nature.
Et TF1 diffuse depuis le mois d'avril un
dessin animé pour les enfants, Les copains de la forêt, qui vise à leur
apprendre le respect de la nature. Au niveau local, les initiatives sont
également parlantes. En Alsace, le Bioscope, premier parc de loisirs
entièrement consacré à l'Homme et son Environnement, a ouvert le 1er juin
dernier. Avec comme objectif de donner envie d'agir pour l'avenir de la
planète. Dans le Val-de-Marne, une école “zéro énergie” devrait voir le jour en
septembre 2007 à Limeil-Brévannes. Son but : produire autant sinon plus
d'énergie qu'elle n'en consommera. « Le consommateur agit là où il a du
pouvoir », explique Guénaëlle Gault. À savoir : en votant et en
achetant.
Vers un marketing éco-responsable?
Est-ce à
dire que les marques devraient s'inquiéter de ce phénomène? Contrairement à
Jean-Pierre Blanc, Dg de Malongo, qui considère le marketing comme une notion
“diabolique”, Elizabeth Pastore-Reiss, directrice d'Ethicity, voit dans
l'émergence de cette éco-citoyenneté une possibilité pour le marketing de se
renouveler. Il en ressort, selon elle, une « communication qui revient au cœur
du produit puisqu'elle raconte la véritable histoire du produit ». Et
d'ajouter: « Cela redonne du sens à la communication. » Avec son nouveau soin
Inositol Végétal, Yves Rocher a non seulement conçu un produit naturel à base
de riz, mais aussi un packaging innovant puisque le pot, en plastique recyclé
et assemblé sans colle, accueille une recharge permettant de réduire les
déchets de 80 %. Résultat: le produit a été primé par l'Agence pour la
promotion de la création industrielle (APCI)… pour son design innovant. Preuve
que concevoir un produit vert rime aussi avec esthétique.
De même, sa démarche
d'éco-conception a conduit Lafuma à imaginer une chaise ne nécessitant aucune
opération de soudure: un tabouret “sablier”, dont le design innovant lui a
permis d'être exposé à Beaubourg. « L'environnement leur a donné de nouvelles
idées de différenciation », souligne Nadia Boeglin. Avis aux grandes marques,
donc, et aux marketeurs : l'éco-citoyenneté rime aussi avec créativité,
innovation, esthétique et succès. Reste à réconcilier deux notions que beaucoup
trouve antinomiques - l'éco-consommation et le marketing - et à ouvrir le
dialogue. Avec sa première Université de la Terre, Nature & Découvertes a fait
un premier pas en novembre dernier, proposant des échanges sur des thèmes liant
économie et écologie.
L'ADEME a poursuivi le mouvement lors de son colloque des
7 et 8 juin derniers avec comme titre: “Faire se rencontrer marketing et
environnement? Produits verts et éco-consommation: Modes d'emploi.” Un
marketing plus éco-responsable est en effet non seulement possible, mais
nécessaire, pour répondre aux attentes d'un nouveau consommateur. Pour
Jean-Pierre Blanc, « le consommateur d'aujourd'hui désire des produits
intelligents. Il ne veut plus consommer idiot. Consommer pour consommer, cela
n'a aucun sens. La société va évoluer d'elle-même par le biais du consommateur.
Car en achetant, il vote pour des valeurs. Nous sommes à la fin d'un cycle.
Redonnons au consommateur l'appétence de consommer différemment. Il faut que
les marques donnent des valeurs qui soient portées par le consommateur. » Si
aujourd'hui, les éco-citoyens représentent une minorité de la population, ils
devraient dans les prochaines années voir leur nombre décupler. Sous peine
d'être à la traîne, les marques ont tout intérêt à prendre le taureau par les
cornes et à proposer des produits éco-responsables. Pour l'intérêt de tous.
La consommation responsable: déclaratif et comportements
L'étude Ethicity-Carat Expert, parue en juin 2006, révèle que les Français sont loin d'être individualistes. Pour preuve: - “Je privilégie les marques qui ont une véritable éthique” : 65,1 %
(ils étaient 50 % à être d'accord
avec cette affirmation en 2005). - “L'état de la Planète, ça me concerne” : 96,3 % (ils étaient 89,5 % en 2005). - “Au travers de mes choix d'achat, j'agis au service de mes convictions” : 83,4 % (une question qui n'était pas posée lors de la dernière enquête). Cette étude Ethicity-Carat Expert
a été menée auprès d'un panel représentatif de la population française (15 à 70 ans) de 6 000 individus (4 550 répondants), avec un terrain d'enquête (questionnaire auto administré par voie postale) réalisé par TNS Sofres du 5 mars 2006 au 10 avril 2006. Etude prochainement disponible sur www.ethicity.net .
Profil des éco-citoyens
Allegoria et Eco&co ont dégagé quatre types
d'éco-citoyens. Pour les Eco-istes, c'est leur bien-être, leur santé, leur plaisir sensuel et leur apparence (naturelle, décontractée…) qui priment. Les Eco-inquiets se sentent menacés (eux et leurs enfants) par la pollution, les produits chimiques cancérigènes, les délocalisations… Les Eco-actifs n'ont pas l'intention de rester les bras croisés. Ils essaient d'agir de manière constructive par des éco-gestes, des initiatives de quartier, du bénévolat. Les Eco-révoltés estiment qu'il faut toujours commencer par dire “non”, critiquer, caricaturer.