Bilan de sondages
Les instituts de sondage feront-ils partie des grands perdants de
l'élection présidentielle ? A l'heure de boucler Marketing Magazine, entre les
deux tours, on peut légitimement se poser la question. Accusés de tous les
maux, ils se sont défendus, par médias interposés. Plus ou moins adroitement.
Ont dit et répété, à juste titre, que les sondages n'étaient qu'une "photo",
sans caractère prédictif, avec une marge d'erreur, que les Français se
décidaient de plus en plus tard, etc. Difficile néanmoins pour l'électeur moyen
de s'y retrouver dans les critères et coefficients de redressement, dans des
raisonnements à caractère statistique, à défaut d'être scientifique. Tout ce
qu'il retiendra, c'est qu'ils "se sont plantés". Et, même si, comme cela a été
avancé, cela n'était vrai "que" pour les deuxième et troisième places (sans
commentaires...), c'est plus que suffisant pour remettre en cause une
profession. Même si seulement un nombre restreint d'instituts est concerné.
Mais, quand même, les plus médiatisés. D'ailleurs, la discrétion dont certains
d'entre eux ont fait preuve, en termes de publication, avant le deuxième tour
est significative. Le coup a, sans doute, été rude. De là à imaginer que la
suspicion engendrée par le politique s'étende aux autres domaines pour lesquels
on demande leur opinion aux Français, il n'y a qu'un pas. Que l'on ne souhaite
évidemment pas voir franchi. Mais le risque existe. Tout comme, d'une manière
plus constructive, l'on devrait, dans les temps qui viennent, voir surgir, ou
resurgir, des débats de fond. Qui ne peuvent qu'interpeller directement le
secteur des études marketing. Quelle est, aujourd'hui, la valeur réelle des
méthodes ne se basant que sur le déclaratif ? Quelles sont la pertinence et la
performance des modèles utilisés ? Qu'en est-il des capacités de simulation des
instituts ? Bien des interrogations, mais dont les réponses ne pourront que
faire avancer la recherche marketing. Nous ne manquerons pas d'y revenir.