20 minutes-Métro : la guerre de l'audience est ouverte
Six mois seulement après leur lancement et forts de leur succès auprès des jeunes Parisiens de moins de 35 ans, les gratuits 20 minutes et Métro se disputent la première place du marché. Sur fond d'études d'audience et de débat méthodologique, les deux frères ennemis du prime time matinal cherchent à convaincre les annonceurs.
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Très attendues par la profession, les premières mesures d'audience de 20
minutes et de Métro confirment la lame de fond que les quotidiens gratuits ont
provoqué auprès des jeunes lecteurs parisiens. En dépassant l'un et l'autre le
seuil des 700 000 lecteurs - 967 000 pour le premier et 793 000 pour le second
-, les deux frères ennemis remportent la première épreuve de leur conquête
française. C'est à 20 minutes que l'on doit les résultats d'audience les plus
récents puisque son étude réalisée par Ipsos a été menée du 4 au 29 juin
dernier. Le titre s'affiche comme le troisième quotidien d'Ile-de-France,
derrière Le Parisien et Le Monde avec une pénétration de 11 %. Son score est
encore plus représentatif auprès de la cible des moins de 35 ans avec 553 000
lecteurs soit un taux de pénétration de 17 %. Audités par le CESP sur la base
de 1 500 interviews, selon une méthode dédiée aux mesures d'audience de la
presse quotidienne, ses scores d'audience sont formulés en LNM (Lecture Numéro
Moyen) alors que ceux de Métro le sont en LDP (Lecture Dernière Période). Ce
qui rend la comparaison stricto sensu difficile, d'autant que Métro se base sur
une étude Taylor Nelson Sofres réalisée en mai 2002. Celle-ci lui octroie un
nombre total de lecteurs supérieur au million dont 289 000 sur Marseille, et
712 000 parmi les lecteurs de moins de cinquante ans. Derrière ce débat
méthodologique, c'est leur crédibilité auprès des annonceurs que jouent les
deux titres. Puisqu'il leur faut valider la pertinence de leur cible. « Les
moins de 35 ans représentent 57 % du lectorat, soit une rupture par rapport à
la moyenne de la presse quotidienne nationale qui n'est que de 34 %, se
félicite Francis Jaluzot, président de 20 minutes France. Nous avons surtout
réussi à transformer le temps de transport de milliers de Franciliens en un
"prime time matinal" de 21,7 mn pour un taux de reprise en main supérieur à
deux. » Même enthousiasme chez Métro qui décrit un coeur de cible actif (73 %
de son lectorat) et âgé à 90 % de 18 à 50 ans.
Des volumes publicitaires modestes
Mais, si l'accueil des lecteurs est bien
réel, la conquête des annonceurs ne fait que commencer. Les directions des deux
groupes affirment certes tenir leurs objectifs. Métro dit enregistrer trois
pages publici- taires payantes par numéro. 20 minutes annonce 105 pages
d'insertions depuis le démarrage, dont 35 pages de publicité payantes, et 39
pages emploi. Des scores encore loin des huit pages espérées, mais
encourageants. Certains grands noms comme Citroën, Peugeot, Euro Dysney, Sony
ou Mercedes sont passés dans les pages de 20 minutes. « Depuis le mois de mai,
nous assistons à un véritable essor, remarque Philippe Carlhammar, Dg de Métro.
Des annonceurs comme France Télécom, Ford ou le Crédit Agricole sont venus
tester la formule. Et le volume appelle le volume. » Un optimisme partagé par
Luciano Bossio, directeur général adjoint de Carat Expert, pour qui « ce type
de support peut très bien s'adapter aux publicités commerciales ciblant de
jeunes ménages. Notamment sur des secteurs comme la Grande Distribution ou la
Téléphonie. Il est également très bien adapté aux annonces d'emplois de
catégorie moyenne et inférieure. Et je pense que des campagnes devraient
intervenir dès la rentrée ». Quant au potentiel réel du marché publicitaire, il
est encore trop tôt pour l'estimer. « C'est avant tout une presse de ville,
même si Métro a une couverture sur Marseille et dans un moindre mesure sur Lyon
», remarque Luciano Bossio. Ce qui est sûr, c'est que les deux titres
continuent de revendiquer des positionnements différents et préparent
activement la rentrée.« Métro me paraît plus proche d'un quotidien généraliste
donc plus fortement concurrencé », remarque Luciano Bossio. Son concept reste
calqué sur la formule internationale à base de dépêches AFP, retravaillées et
enrichies de rubriques spécifiques à chaque ville. Il joue clairement la carte
du service à faible coût et ne cache pas son souhait de développement. Le titre
compte ouvrir un service commercial à Lyon cet automne et prévoit de réaliser
un couplage d'ici à la fin de l'année 2002 avec des médias visibles. Il compte
faire parler de lui dans les mois à venir. Cela commencera en septembre par une
campagne d'affichage, via la société Carlogo, sur une centaine de voitures, et
une semaine spéciale "Grands hommes" dans le métro parisien. De son côté, 20
minutes, que Luciano Bossio qualifie « de quotidien de ville correctement
orienté sur l'actualité parisienne avec des infos précises », continue sur sa
lancée. Il peaufine sa ligne éditoriale, ce qui lui vaut d'être cité dans
certaines revues de presse de grands médias nationaux. Il a surtout entériné
cet été un accord avec l'imprimerie du Monde pour la fabrication d'ici la fin
de cette année de 225 000 exemplaires deux fois par semaine, les lundi et
mardi, et prépare sa nouvelle campagne radio pour un montant d'environ 325 000
euros.