Gifi : mini prix, maxi succès
Au cours de son histoire, la distribution a vu se multiplier les concepts.
Certains se sont révélés particulièrement prospères. Prenons l'exemple de la
distribution non alimentaire à premier prix. Il y a quelques années, rares sont
ceux qui auraient parié sur leur succès. Et voilà qu'aujourd'hui, les enseignes
qui s'y sont positionnées crèvent l'écran... Pour le seul premier trimestre de
l'actuel exercice, Gifi évoque une progression de 26 % de son chiffre
d'affaires et de 15 % pour l'exercice 2001/2002. La Foir'Fouille, enseigne au
positionnement comparable, affiche elle aussi d'excellents résultats : 278
millions d'euros de chiffre d'affaires, en progression d'environ 10 %, un parc
de 144 magasins et 19 ouvertures prévues pour 2003. « La performance est
d'autant plus remarquable qu'elle intervient dans un contexte de fléchissement
de la consommation », explique Gifi, analysant sa performance du premier
trimestre.
Un positionnement petit prix
Mais est-ce là
si étonnant ? Après tout, les hard discounters ne sont jamais aussi prospères
qu'en période de récession. Il n'est pas sûr que Gifi en soit un. L'enseigne
rejette d'ailleurs la comparaison. Mais qu'on le veuille ou non, quelques
solides ressemblances existent. "Distribution non alimentaire à premier prix".
Il n'en faut pas plus pour mettre la puce à l'oreille. Dans les magasins Gifi,
on trouve une gamme d'environ 10 000 références, dans l'univers de l'équipement
de la maison et de la personne, à des prix pour le moins serrés. Le prix moyen
d'un article est d'environ 3 euros, 80 % des articles sont vendus moins de 4
euros, 18 % moins de 8 euros, et seulement 2 % des articles sont vendus plus de
15 euros ! Quant au panier moyen, il s'établit à 16 euros. Il n'y a donc aucune
équivoque sur le positionnement de l'enseigne. Pour convaincre les derniers
sceptiques, les motivations de fréquentation de l'enseigne reposent à 73 % sur
le prix. On va dans un magasin Gifi comme on va chez un hard discounter : pour
faire des économies. Pourtant, dès qu'on creuse un peu, les différences
reprennent le dessus. La plus évidente concerne le concept lui-même. Les 10 000
références sont proposées à travers huit univers distincts. Et il est vrai que
chez Gifi, on a l'impression d'être dans un "vrai magasin", où émerge la notion
d'univers, avec des couleurs au sol, avec des zones distinctes : "des idées de
génie", "quai des arrivages", zone à 1,50 euro... On y trouve également des
marques propres : Doggy Dog, pour l'équipement des animaux domestiques,
Cuisilux pour les ustensiles de cuisine, Joubi pour les jouets... Elles
représentent environ 1 000 références.
Prime aux médias réactifs
L'enseigne mise beaucoup sur son nouveau concept MaxiGifi
(un nom de code, sachant que l'enseigne reste au nom de Gifi). Apparu en août
2002 en même temps qu'une nouveauté dans l'offre produit, à savoir le textile
sportswear, le concept est destiné à tous les magasins d'une surface supérieure
à 2 500 m2. Il n'y a rien de fondamentalement différent en termes d'offre, mais
l'espace de vente est réaménagé, la profondeur de gamme est plus importante, le
petit mobilier (gourmand en place) est plus présent et le confort clients est
accru. Seuls trois magasins en bénéficient. Mais comme l'heure est à
l'agrandissement des magasins, il y a fort à parier que la surface moyenne, qui
est à l'heure actuelle de 1 300 m2, augmentera et que de nombreux magasins
seront tentés de franchir le pas. D'autant que les premiers résultats sont
excellents. Côté communication, Gifi a écoulé lors du dernier exercice une
vingtaine de prospectus à quelque 7 millions d'exemplaires chacun. Des
prospectus qui ne passent pas inaperçus, avec leur format original 27 x 27. Ils
ont d'ailleurs été assez rapidement copiés. La diffusion de chaque catalogue
est accompagnée d'une campagne d'affichage et de radio.
Un développement maîtrisé
Gifi est une enseigne succursaliste. Quand
d'autres privilégient la franchise, qui permet a priori un développement
rapide, mais qui peut aussi conduire à pas mal de déboires, Gifi opte pour
l'intégration, qui offre une meilleure maîtrise du réseau. Sans pour autant en
ralentir le développement, comme l'atteste le rythme soutenu adopté par Gifi.
Question de moyens ! Dès 1996, le groupe fut soutenu par d'importants
partenaires financiers, puis en 2000, il fut introduit sur le second marché.
Gifi y enregistra d'ailleurs la meilleure progression en 2001 et fut encore
parmi les tout meilleurs en 2002. Le Groupe Familial Philippe Ginestet en
détient près de 70 % du capital, preuve, là encore, de la volonté de son
fondateur de maîtriser les destinées de l'enseigne. Plus encore que le mode
d'organisation, la force de Gifi tient à la mise en oeuvre de méthodes de
distribution modernes et structurées dans un secteur qui ne l'était guère. A
cet effet, la création de la centrale d'achat en 1988 fut importante. Cette
centrale comptabilise aujourd'hui 700 fournisseurs. 46 % des achats proviennent
de France et 42 % d'Asie. Avec 21 ouvertures en 2002, 28 prévues en 2003, une
projection de 300 points de vente aux environs de 2005/2006, l'horizon paraît
dégagé pour Gifi. D'autant que rien, dans les habitudes de consommation des
Français, ne semble indiquer un désintérêt des consommateurs pour les enseignes
discount. Le développement ? Il est bien sûr prioritaire, mais pas à n'importe
quel prix. « Par rapport à d'éventuelles acquisitions, nous sommes très
sélectifs, explique-t-on. Ces dernières années, nous n'avons pas retenu
certains dossiers. » En 2002, Gifi a fait ses premières armes hors de la France
métropolitaine, avec quatre implantations en Guadeloupe et une en Guyane, puis
avec une première ouverture à l'étranger. Après l'Italie (première implantation
en décembre 2002 en Sardaigne), l'enseigne lorgne vers la Belgique. Gifi vient
en effet de signer un protocole d'accord portant à 50 % sa participation dans
la société Idé, spécialisée dans la distribution d'articles pour la maison à
petit prix. Dans les deux ans, ce sont 25 points de vente qui devraient passer
sous enseigne Gifi. Comme si cela ne suffisait pas, Gifi a donné naissance
l'année dernière à Idéis Déco, une nouvelle enseigne basée sur l'univers de la
décoration et de l'ameublement. Mais ça, c'est une autre histoir...
HISTORIQUE
1981. Philippe Ginestet, commerçant et
autodidacte, ouvre un premier point de vente à Villeneuve-sur-Lot
(Lot-et-Garonne), sur le concept de la solderie, à partir d'achats provenant de
lots de fin de série. Il choisit l'enseigne "Gifi le vrai soldeur". Il faudra
attendre 1986 pour que le concept évolue vers celui du premier prix. On compte,
à ce moment-là, une dizaine de points de vente et l'enseigne devient "Gifi
center". Gifi crée sa propre centrale d'achat en 1988. En 1993, le cap des 50
points de vente est atteint et Gifi se dote d'une nouvelle identité : "Gifi,
des idées de génie". Au cours des années suivantes, l'enseigne connaît une
croissance rapide. Notamment en 1998 (une douzaine d'acquisitions), année au
cours de laquelle le parc atteint les 100 points de vente. Régionale à ses
débuts, l'enseigne a désormais une stature nationale. Elle s'est même ouverte à
l'international en 2002.
PRINCIPAUX DIRIGEANTS
Président : Philippe Ginestet. Directeur des achats au marketing : Alexandre
Ginestet. Directeur du réseau : Jean-Michel Barjou. Directeur général délégué :
Didier Pascual. Directeur administratif et financier : Pierre Boyer.
CHIFFRE D'AFFAIRES
PREMIER TRIMESTRE EXERCICE
2002/2003 (CLOS AU 31/12/02) Chiffre d'affaires consolidé HT : 102,9 millions
d'euros (+ 26 %).
PARC DE MAGASINS
184 points de
vente* au terme du premier trimestre de l'exercice 2002/2003. 23 ouvertures
sont prévues sur l'exercice actuel, ce qui portera le parc à 200 unités. * au
31 décembre 2002
EFFECTIFS
1 500 collaborateurs.
QUELS CONCURRENTS POUR GIFI ?
« Nous n'avons pas de concurrents, mais nous avons des enseignes qui nous font de la concurrence », a-t-on l'habitude de dire chez Gifi. La plus proche en termes de positionnement est sans doute la Foir'Fouille. A ceci près : si les deux enseignes sont nées sur le concept de la solderie, Gifi a évolué vers celui du premier prix. Ensuite, c'est plutôt par univers qu'il faut chercher des concurrents. Sur les arts de la table, soit 20 à 25 % de l'offre, Casa apparaît comme un concurrent potentiel. Citons également Babou pour le textile et Pier Import pour l'ameublement.