Sonia Mamin ValueClick France - Ame forte
Aux commandes de ValueClick France depuis à peine un mois, Sonia Mamin poursuit le développement de la société avec force, courage et conviction. Sans se laisser plomber le moral par les aléas du marché, elle maintient d'une main ferme le cap, pointé vers le succès.
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Elle a l'allure d'une gentille fille, sage et appliquée. D'une bonne élève.
Ce qu'elle a sans aucun doute été, comme en atteste son curriculum scolaire,
sans bavures ni ruptures. Regard franc sur sourire de Joconde, Sonia Mamin
évoque la force de l'âme, l'opiniâtreté pondérée, la maîtrise de soi. Sans
doute garde-t-elle quelques séquelles d'une saison professionnelle passée en
terre teutonne où elle s'est expatriée en 1994, pour rejoindre son mari, et où
elle a acquis les bons réflexes de l'efficacité, à la manière allemande. « On
peut reprocher aux Allemands un manque de fantaisie, en revanche, leur bon sens
fait école », reconnaît-elle. C'est dans l'univers de la cosmétique, chez
Schwarzkopt, qu'elle débute sa carrière en tant que responsable marketing et
communication pour l'Europe de l'Est. De retour en France en 1997, elle
récidive dans la filière beauté, chez Shiseido, où elle explore, jusqu'à s'en
lasser, tous les départements de l'entreprise. En 2000, elle prend en main la
direction commerciale et marketing de ValueClick France, filiale de la société
américaine éponyme. De ce modèle qui mixe technologies et média Internet,
personne à l'époque ne comprenait le véritable intérêt, personne n'en
soupçonnait le potentiel. Sauf elle qui, dans la vie professionnelle, aime « se
laisser guider par l'odeur du challenge ». Le défi est désormais relevé. Cette
régie publicitaire au clic, qui prouve aujourd'hui toute sa pertinence sur un
créneau où les victimes ne se comptent plus, c'est elle qui l'a créée de toute
pièce. A commencer par la recherche des locaux. C'est au fond d'une cour aux
allures bucoliques, cachée derrière un grand boulevard du XVIe arrondissement
qu'elle a installé sa jeune pousse. Depuis trois ans déjà, Sonia Mamin y
cultive les racines du business. Et, depuis sa récente nomination au poste de
directrice générale pour la France, c'est elle qui dirige la maison. Un juste
retour des choses dont elle avoue être flattée « parce que je suis une femme,
mais surtout parce que j'ai besoin que l'on croit en moi ». Et rares sont les
femmes en carrière prêtes à se fendre d'un aveu de faiblesse du genre. Stoïque,
elle l'assume pleinement, en rajoute : « Comme toutes les femmes, je tiens une
anxiété de fond, un doute séculaire qui me pousse à me remettre en question. »
Les doutes d'ailleurs n'ont pas le pouvoir de freiner son élan. Les doutes,
Sonia Mamin les chasse en se focalisant sur le concret. Ce qui la rassure ? «
C'est de savoir avancer sur un marché morose, ne pas perdre de temps à s'en
plaindre et agir plutôt que de s'embar- quer dans des réflexions
d'intellectuels. » Ultime preuve de l'efficacité teutonne.