Quel avenir pour le papier mince ?
Destiné à alléger les envois, le papier "bible" se prête mal à l'impression recto verso avec l'utilisation des couleurs. Certains produits arrivent à s'affranchir de ces contraintes mais avec des coûts supérieurs.
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Le papier léger devient-il une solution incontournable pour les gros
producteurs de mailings ? C'est ce que l'on voudrait croire chez les Papeteries
du Leman, une filiale du groupe Bolloré, spécialiste des papiers minces. « Le
routage pèse lourdement dans les cours de réalisation de mailing, remarque
Arnaud Ruffin, responsable marketing des PDL. L'affranchissement représente
plus de 50 % des coûts, tandis que le poste papier n'est qu'une part
négligeable dans l'ensemble. Au-delà de 35 grammes, chaque gramme
supplémentaire va coûter 0,15 centime d'euro en plus en affranchissement
postal. Imaginez le poids de ces quelques centimes supplémentaires quand vous
envoyez 300 millions de mailings par an. » L'enjeu devient primordial. Parfois
il est aussi important de rajouter des feuilles supplémentaires dans l'envoi
afin d'augmenter l'espace de vente. On peut estimer que le chiffre d'affaires
est lié à la surface du papier. Selon les calculs d'Arnaud Ruffin, une
enveloppe porteuse au format A5 à 80 g le mètre carré, pèse environ 5 g. Une
enveloppe réponse format 10,5 x 14,5 sur un papier à 70 g, pèse environ 2,1 g.
En utilisant du papier couché traditionnel à 90 g pour le document, à 5,6 g la
feuille A4, on peut déposer cinq feuilles dans le pli. Mais, en passant à du
papier couché à 60 g, avec des feuilles A4 qui pèsent 3,75 grammes pièce, on
peut déjà disposer de sept feuilles plus un document cadeau au format A5. « Ça
a l'air de rien, mais cela procure 50 % d'espace de communication en plus »,
souligne Arnaud Ruffin. L'intérêt des PDL pour les papiers minces date de
l'époque où l'entreprise fabriquait du papier cigarettes. De là elle est passée
aux papiers très légers "bible" pour des guides et des collections comme La
Pléiade. Ensuite, elle a répondu à l'appel de l'Education nationale qui
souhaitait remplacer le papier de 90 grammes dans l'édition scolaire pour
alléger les cartables des enfants. Aujourd'hui, les Papeteries du Leman
fabriquent des papiers légers couchés, pesant entre 22 et 60 g par mètre carré,
destinés aux catalogues et au marketing direct. Ce papier aurait les mêmes
propriétés visuelles, la même "main" élevée que les papiers traditionnels. Les
gammes des papiers légers ont été validés auprès des acteurs de marketing
direct comme Printor Direct, y compris pour l'utilisation des gimmicks. « La
Redoute, Yves Rocher, la Camif, le Club des Créateurs de Beauté font appel au
papier léger », affirme Arnaud Ruffin. Cependant, cette énumération des
utilisateurs laisse deviner le champ d'utilisation préférentielle de ce papier
: des tirages supérieurs à 500 000 ou 1 000 000 d'exemplaires. Les secteurs
type sont la VPC, la banque et les assurances, les abonnements presse. « Le
papier léger n'est pas rentable pour un tirage de 100 000 exemplaires »,
confirme Arnaud Ruffin. En revanche, sur de grands tirages, même une différence
d'un centime d'euro dans les coûts postaux, devient sensible. A titre de
comparaison, le prix du papier léger est de 1,10 euro le kilo pour du papier à
50 - 60 g le m2, 1,50 euro le kilo pour des papiers à 28 g. Le papier léger se
prête sans difficulté aux techniques d'impression jet d'encre sur bobine, de
façonnage, de pliage en ligne. Mais l'utilisation dans l'impression laser est
plus difficile, l'entraînement lors du transfert entre les étapes demande
quelques réglages délicats. L'inconvénient le plus connu des papiers légers
vient de leur épaisseur naturellement faible. Le papier devient transparent, ce
qui interdit l'impression recto verso et limite l'utilisation des couleurs sous
peine de rendre le document illisible. Ainsi, ces papiers sont plus souvent
utilisés pour des documents qui ne souffrent pas de ces limitations, par
exemple des listes de prix. « Les utilisateurs des papiers minces ne
recherchent pas la beauté mais l'efficacité », estime Arnaud Ruffin. La Redoute
a fait imprimer son catalogue des soldes, sur du papier à 39 g. Les PDL
essaient de compenser le défaut d'opacité par des papiers pigmentés ou encore
des papiers opacifiés. Il est intéressant de remarquer qu'il y avait auparavant
deux catalogues de papiers légers sur le marché français. Il n'en reste plus
qu'un, celui des Papeteries du Leman, car Stora Enso ne propose plus de papier
couché à 60 g le mètre2. Contacté, le papetier a expliqué que l'usine
finlandaise, qui fabriquait les produits en question, a été vendue à une
entreprise autrichienne. Stora a néanmoins continué la distribution sur le
marché français pendant une certaine période. Le nouveau propriétaire du site
de production a désormais souhaité reprendre sous sa coupe l'ensemble des
ventes de ce papier destiné surtout aux marchés de l'Europe du Nord.
Un surcoût compensé
par la diminution des coûts postaux
Le développement du papier léger répond à un besoin
conditionné par les tarifs postaux actuels. L'avantage de ce papier est dans la
possibilité offerte d'ajouter une ou deux feuilles supplémentaires dans l'envoi
sans dépasser le seuil de poids au-delà duquel les frais d'expédition
augmentent. Le surcoût généré par l'utilisation du papier léger est compensé
par la diminution des coûts postaux avec, éventuellement, une augmentation de
la surface utile dans l'envoi. C'est aussi le point faible de ce papier, car sa
raison d'être, uniquement économique pour le MD, est tributaire des facteurs
extérieurs au marché. A terme, l'avenir du papier léger n'est pas complètement
assuré.