Les centres d'interactions client, nouvelle frontière des call centers
Le centre d'appels est devenu le centre d'interactions client. L'étude Cesmo, qui porte sur 1 700 centres et cinquante entretiens avec des responsables de centres d'appels, le confirme : le centre de contacts est le coeur de toute stratégie orientée client.
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Il y a quelques années, l'implantation dans une entreprise d'un centre
d'appels répondait à des questions simples : il s'agissait de fournir un
meilleur accueil au client et de répondre à temps aux appels d'urgence. A ces
demandes basiques, répondait une offre produit de la part des fournisseurs.
Aujourd'hui, c'est à une approche d'usagés que les constructeurs doivent
répondre. On parle de "canal", de "relation client". Le centre de contacts fait
désormais partie intégrante de la stratégie des entreprises. Fini le discours
uniquement produit, place maintenant aux solutions. L'appropriation du CRM par
les entreprises a pour corollaire une crise de confiance vis-à-vis des
solutions trop sophistiquées. Et si 81 % internalisent leur centre d'appels, 19
% choisissent de l'externaliser. Une solution souvent utilisée en complément
d'une solution interne. Et, parallèlement, 27 % ont implanté plusieurs centres
de contacts. Plus mûres, ces entreprises deviennent davantage sélectives. Et
elles n'externalisent que des équipements techniques et des tâches à faible
valeur ajoutée.
Un outil stratégique
A ce jour, selon
l'étude Cesmo, la France dispose de 103 000 positions et la taille moyenne d'un
centre d'appels est de 40 positions. Les outsourceurs, la banque et les
assurances, ainsi que les télécoms et la VPC tirent le marché, avec, à eux
seuls, 75 % des positions. Tendance lourde chez les banquiers : l'évolution
vers des centres de petite taille, mis en réseau. La gestion de la relation
client est souvent rattachée à la direction générale. Elle est intégrée au sein
de chaque département et quelquefois partagée. Ce qui explique que les
fournisseurs font leur propre CRM et cherchent à proposer des solutions CRM
plutôt que des produits. De fait, leurs commerciaux ont comme interlocuteurs
les directions générales ou les directions marketing plutôt que les
informaticiens ou les responsables télécoms. En règle générale, le centre de
contacts est vu par la direction générale comme un outil stratégique dont la
vocation est de délivrer des informations générales ou du SAV. Et sa
rentabilité n'est pas encore abordée d'une façon systématique. Soit la
direction générale considère que c'est un centre de coûts, soit elle tente de
calculer si les actions menées par ces centres permettent de recruter de
nouveaux clients ou de les fidéliser. Mieux considérés d'un point de vue
relations humaines, on parle plus de "conseillers" que de téléopérateurs, les
centres sont devenus multicanaux et intègrent messagerie électronique, Internet
et fax. Et si seulement 3 % des entreprises gèrent les e-mails en automatique,
elles comptent majoritairement le faire dans un futur proche. En bref, les
entreprises ne se laissent plus imposer de solutions techniques sophistiquées.
Elles continuent d'investir, renouvelant en moyenne tous les trois ans leur
nombre de positions. Ces réflexions peuvent préoccuper les outsourceurs. En
effet, le degré de formation des téléopérateurs en interne est de Bac + 2 à
plus de 60 % contre 50 % dans les centres externalisés. Et certaines
entreprises (banques, assurances, tourisme) cherchent à motiver leurs troupes
en créant des opportunités d'évolution de carrière en dehors des centres de
contacts. Choi- sissant de n'externaliser que les tâches "one shot" ou à faible
valeur ajoutée. Reste que les coûts par positions "toutes options" demeurent
élevés et obligent les entreprises à faire des choix ou à externaliser afin de
bénéficier des équipements des outsourceurs.
Crise de confiance
Or, les outsourceurs cherchent de leur côté à se
repositionner sur des segments à forte délégation de pouvoir et à forte valeur
ajoutée. Crise de confiance ? L'avenir le dira. D'ici deux ans, selon Cesmo, la
reconnaissance et la normalisation du métier de conseiller devraient clarifier
le débat. Des normes Afnor devraient donc sortir ainsi qu'une convention
collective. Du côté des entreprises, il s'agit maintenant de fidéliser les
téléopérateurs face à un turn-over qui franchit couramment la barre des 20 %.
Enfin, en matière de nouvelles technologies, la gestion automatisée des e-mails
est un besoin grandissant. Mais ce dernier est désormais pris en compte par les
acteurs de la GRC.