Les cartes en main
Avec d'un côté des distributeurs, GMS puis GSS, lancés dans une compétition sans merci. De l'autre, des outils qui, de prime abord, pouvaient les aider dans cette course… le géomarketing semblait avoir les atouts nécessaires pour s'imposer dans la distribution, mais on attend toujours ! Qui sait, peut-être plus pour très longtemps.
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Toutes les conditions d'un mariage heureux étaient réunies. D'un côté, des
distributeurs, GMS puis GSS, lancés dans une compétition sans merci. De
l'autre, des outils qui, de prime abord, pouvaient les aider dans cette course.
Passe encore que, durant les premières heures de leur développement, les
enseignes n'aient pas poussé très loin l'utilisation d'outils et de techniques
géomarketing. Le développement était si simple ! La demande de grandes
surfaces, si forte ! Les approximations, voire les erreurs, notamment en termes
d'implantation, ne prêtaient guère à conséquence. Mais, lorsque la densité
commerciale est devenue importante, lorsque la logique d'optimisation a succédé
à celle de développement tous azimuts, le géomarketing aurait dû s'imposer. Le
simple croisement d'une base cartographique et de données en tout genre offrait
aux enseignes des perspectives d'amélioration. Comment ? « En permettant aux
magasins de définir sur leur zone des cibles de clientèle, afin qu'ils puissent
bâtir derrière chacune d'elle des stratégies appropriées, l'agencement des
magasins à l'optimisation de la distribution des prospectus en passant par
l'analyse de potentiel de croissance des points de vente, les études
d'implantation ou l'optimisation de l'offre », résume Sylvia Alcover, Business
Consultant Micromar-keting chez Experian, l'une des entreprises pionnières du
secteur. On a même vu un marché se construire, en bonne et due forme. « Le
géomarketing a commencé à avoir de l'écho au début des années 90, soit
plusieurs années après que nous ayons importé ses techniques en France,
poursuit Sylvia Alcover. Schématiquement, les professionnels de l'aide à la
décision, les cabinets d'études… furent les premiers à s'y intéresser, aux
côtés des spécialistes des données. Puis les éditeurs de logiciels,
spécialistes de la cartographie, sont arrivés. Enfin, le géomarketing a été
“internalisé” par des sociétés plus opérationnelles, distributeurs d'imprimés
sans adresse notamment. » Un marché qui s'est construit, mais qui ne s'est pas
véritablement structuré, comme cela aurait dû être le cas une fois atteint un
certain niveau de maturité. Car le géomarketing est resté dans ses
starting-blocks en tant que secteur, alors la distribution présentait toutes
les conditions pour devenir un eldorado. Et en tant qu'outil, les enseignes
semblent être passées du marketing de masse au ciblage one-to-one en négligeant
l'étape du ciblage par la modélisation géomarketing.
Retard à l'allumage
Aujourd'hui, l'on ne trouve plus d'enseigne faisant
totalement l'impasse sur ces outils. Selon les secteurs et les nécessités, leur
usage s'est même généralisé. Pour distribuer des imprimés sans adresse, par
exemple. « Décathlon, Ikéa, Leroy-Merlin… Les grandes enseignes de
distribution spécialisée ont mis en place des techniques d'audit géographiques
leur permettant de construire des zones de communication prioritaires, et de
cibler intelligemment leurs zones en fonction des opérations », souligne Franck
Farrugia, directeur général de Media Track, filiale média du groupe Cospirit.
De fait, les grandes surfaces spécialisées dans le bricolage, le meuble, le
sport ou encore l'équipement automobile sont utilisatrices du géomarketing pour
affiner leur zone de distribution de prospectus. Les grandes enseignes
généralistes, elles, utilisent cette technique de façon plus ponctuelle (chez
Casino, la définition de zones de distribution ciblées a permis d'optimiser de
15 % le budget prospectus). Si les opérations thématiques peuvent donner lieu à
un ciblage, peu d'enseignes osent optimiser la distribution sur des événements
plus généralistes, fortement générateurs de trafic. « Il y a un paradoxe,
analyse Stéphane Merger, directeur marketing de Claritas Acxiom. Les enseignes
vont souvent loin dans les études et l'analyse géomarketing. Mais en matière de
distribution d'ISA, cela ne se traduit pas par plus de ciblage. Il y a toujours
cette tendance à être le plus “exhaustif” possible, pour ne rater aucun
consommateur, pour se sécuriser.»
Développer les réseaux
Autre champ d'action du géomarketing : le développement
des réseaux. Quel est le meilleur emplacement pour tel magasin ? Quel est le
potentiel de chiffre d'affaires sur telle zone ? En fonction de telle
ouverture ? Comment se présente la concurrence ? « Le géomarketing s'est
fortement développé par rapport à ces problématiques, estime Stéphane Merger.
Se tromper sur l'ouverture d'un magasin coûte beaucoup d'argent. Pour le
distributeur, en dépenser un peu afin de disposer de l'information la plus
fiable se justifie totalement. » Il faut bien avouer qu'en la matière, la
valeur ajoutée est considérable. Les solutions géomarketing apportent à la fois
leur puissance de traitement et leur rapidité. Là où, il n'y a pas si
longtemps, il fallait plusieurs semaines pour réaliser une étude de marché,
quelques instants peuvent suffire avec les solutions “presse bouton”. Ainsi,
loin de nous l'idée d'affirmer que la distribution fait l'impasse sur le
géomarketing. Mais plutôt que dans l'ensemble, elle en a une pratique “a
minima”. Dès lors, deux questions se posent : pourquoi cette situation, et
surtout, comment les choses peuvent-elles évoluer ? « La majorité des
intervenants qui font du géomarketing vendent des outils et des données, estime
Didier Robert, responsable du pôle études et conseils géomarketing de
Mediapost. Or, ce n'est pas ce qui fait un bon praticien. La question du
géomarketing n'a pas été prise par le bon bout. “Accessoirement”, le
positionnement prix du géomarketing est beaucoup trop élevé pour être supporté
au local. » Chez Asterop, l'analyse n'est guère différente. « Le problème du
géomarketing n'est pas tant d'établir des représentations cartographiques que
de créer de la valeur sur des problématiques marketing, estime Christophe
Girardier, son P-dg. Il faut arrêter de faire croire que le géomarketing se
limite à des applications de SIG, et que ces applications peuvent répondre à
toutes les questions. En réalité, elles n'apportent pas de valeur ajoutée, et
sont donc très déceptives par rapport à des clients auxquels on avait promis la
lune. Le terme de géomarketing a été beaucoup trop galvaudé. » D'où la création
par Asterop du “Business GeoIntelligence”, véritable motion de censure contre
le mot géomarketing… Au risque d'ajouter une ligne de plus à la liste déjà
longue des concepts sur le marché ? « La question n'est pas là, répond
Christophe Girardier. C'est une façon d'affirmer que le problème n'est pas
cartographique, mais décisionnel et marketing. C'est aussi l'affirmation de la
spécificité de notre outil, issu des travaux de recherche menés en partenariat
avec l'Inria. » Au-delà de la nature même des intervenants, force est de
constater que le marché est très atomisé. La multiplication des acteurs, issus
d'univers différents (les études, les données et les technologies) n'est pas de
nature à crédibiliser le marché, ni à donner confiance aux utilisateurs. «
L'atomisation est forte et, à côté de quelques intervenants sérieux, il y a
beaucoup de “petites boutiques” qui font un petit tour et puis s'en vont…»,
confirme Stéphane Merger. Mais comment faire en sorte que dans la
distribution, le géomarketing réponde enfin aux espoirs placés en lui ? Parmi
les territoires actuels du géomarketing, il en est un que nous n'avons pas
évoqué, car encore balbutiant, mais qui est plein de promesses : le
géomerchandising. A savoir l'utilisation des données relatives à une zone de
chalandise, dans un but d'optimisation de l'assortiment rayons, voire de
l'agencement magasin. « Comme cette dimension a été peu intégrée par les
enseignes, quelques efforts dans ce domaine sont très vite payants, » estime
Sylvia Alcover.
Nouveaux territoires, nouveaux outils
Territoire plein de promesses car il est pertinent de modifier
son assortiment en fonction de la population de sa zone de chalandise, mais
également, parce que le géomerchandising sera en prise directe avec les outils
de fidélisation one-to-one des enseignes. « En utilisant les informations
relatives aux porteurs de carte, il sera possible de faire du géomerchandising,
non pas a posteriori, en fonction de ce qui a été consommé, mais a priori, en
fonction du profil consommateur des porteurs », explique Didier Robert. Autre
piste, proposer de nouveaux outils. Pas question, ici, de dresser une liste
exhaustive, ni même d'entrer dans des explications détaillées. Chez Experian,
on s'est penché sur la “mobilité”. Ce que l'entreprise, qui y croit beaucoup,
appelle “la troisième dimension du géomarketing”. Cette dernière a été
développée en partenariat avec Affimétrie, qui dispose de données relatives à
la mobilité, Experian traduisant ces données en langage géomarketing. « La
mobilité permet de travailler sur la population qui n'habite pas sur une zone,
explique Sylvia Alcover. En moyenne, 30 % des clients qui vont faire leurs
courses à l'hyper ou au centre commercial n'habitent pas la zone de chalandise
du point de vente. D'où viennent ces consommateurs ? Quel est leur potentiel ?
La réponse à ces questions nous permet de mettre en place des démarches
opérationnelles pour les attirer. » « Chez Monoprix, le premier facteur
explicatif de l'activité non alimentaire, ce ne sont pas les résidents de la
zone de chalandise, mais ceux qui y travaillent », confirme Christophe
Girardier. Asterop planche également sur cette variable de la mobilité, mais
dans une direction différente de celle d'Experian. « Car il faut être très
vigilant sur la fiabilité des données utilisées, sous peine de susciter de
nouvelles déceptions. » Autre outil, autre appellation. L'agence Cospirit a
créé le “Géomédiaplanning”. Le principe ? Intégrer une dose de géographie dans
l'analyse média. « Nous avons défini des zones de communication prioritaires
pertinentes par rapport aux points de vente, explique Florian Grill, P-dg de
Cospirit. Cela permet, bien entendu, d'optimiser la distribution d'ISA. Mais
nous avons été plus loin en créant une base de données relative à la couverture
médias sur toute la France. Le principe du Géomédiaplanning consiste à croiser
les zones de communication prioritaires et les zones de couverture médias.
Ainsi, nous recréons une approche médias, qui part du terrain et non de la
cible, comme c'est habituellement le cas en matière de médiaplanning. On
s'aperçoit que la stratégie médias est alors radicalement différente. » Au
cours des dernières années, on a vu se développer des approches mixant
e-mailing et géographie. L'idée consiste à avoir, pour chaque adresse internet,
une adresse physique correspondante. « Le système ne repose pas sur une base
d'e-mailing traditionnelle, mais sur une base qualifiée par sa dimension
géographique », explique Didier Robert qui propose Géomail sur ce marché. « En
complément d'une communication locale, c'est un outil qui s'avère efficace,
explique Ludovic Broquereau, VP marketing de Maporama, qui propose également un
applicatif sur ce marché. Dans l'information e-mail, on indiquera, par exemple,
la disponibilité de tel produit, dans tel magasin, et le fait qu'il faudra tant
de minutes pour y accéder. Autre avantage, la souplesse car une campagne peut
se mettre en place très rapidement. » Maporama qui, pour sa part, s'intéresse
de près aux “utilisations mutantes” des applications de localisation, comme
l'explique Dominique Grillet, CIO. « L'idée consiste à intégrer ces
applications avec le système d'information de l'entreprise. Dans l'univers de
la distribution, c'est très important. Par exemple, plus il y aura de
références dans un magasin, plus le nombre de requêtes émanent d'un prospect ou
client seront variées et complexes. Les fonctions de localisation apportent
alors un plus indéniable. » Le géomarketing peut mener vers des confins assez
lointains, puisque l'on est ici à la lisière du géomarketing et des mécanismes
de fidélisation et/ou de support clairement orientés CRM. Le développement du
géomarketing passe donc par de nouveaux outils, au risque d'une
complexification croissante. Mais plus encore que ces outils, c'est une
nouvelle conception, presque par une nouvelle “philosophie” du géomarketing,
qu'il convient de promouvoir.
Plus stratégique
Le
géomarketing a besoin de gagner en simplicité. “Lourd”, “cher”, “usines à gaz”,
“réservé à des professionnels”, c'est souvent l'image qu'on a de lui. « Il est
vrai que l'offre est complexe, alors qu'il faut développer des produits
simples, opérationnels, bien “proportionnés” par rapport aux besoins des
clients », explique Dominique Grillet. L'objectif de cette simplification est
très clairement de faire « redescendre » le géomarketing au niveau local. C'est
d'une part la tendance générale en matière de marketing des distributeurs. Et
c'est d'autre part à ce niveau que le géomarketing a le plus de choses à
apporter. L'enjeu ? Rien moins que donner aux points de vente, c'est-à-dire à
l'adhérent d'un groupement, au directeur de magasin, voire à un chef de rayon,
des outils compréhensibles et interactifs permettant de faire évoluer sa zone,
d'optimiser son assortiment ou sa distribution de tracts. Des progrès
importants ont été réalisés dans le sens de cette simplification. C'est ainsi
que Médiapost propose de petits tableaux de bord HTML tenant sur… une
disquette ! La simplicité, c'est aussi l'une des qualités de l'Altas de la
distribution – Le Focus, réalisé par Asterop et édité par LSA. Les recettes
sont les mêmes : simplicité d'utilisation, pertinence des variables proposées…
et succès. « En très peu de temps, 2 000 exemplaires ont été vendus,
principalement à des professionnels de la distribution, affirme Christophe
Girardier. Preuve d'un positionnement pertinent. » L'autre réorientation
nécessaire, outre la simplification, consiste à faire passer le géomarketing de
l'opérationnel, dans lequel il est encore cantonné, au stratégique. « Lorsqu'il
est question de modélisation de zone de chalandise, d'estimation de potentiel
théorique, de mesure de performance, d'optimisation de la distribution de
prospectus, d'orientation du schéma directeur de développement de l'enseigne,
on touche le cœur de la stratégie, martèle Christophe Girardier. Imaginez
l'intérêt pour une enseigne d'avoir l'outil qui, non seulement va aider le
directeur de magasin sur le terrain, mais aussi permettre à la direction du
développement d'organiser un véritable schéma directeur du développement pour
savoir à quel endroit agrandir, à quel endroit il faut modifier l'offre pour
s'adapter à l'environnement et au profil de consommation… » « Aujourd'hui, le
ciblage est considéré comme une pratique opérationnelle, alors qu'il s'agit de
stratégie pure », renchérit Didier Robert.
Sur de nouveaux rails ?
Les choses sont-elles en bonne voie pour placer le
géomarketing sur de nouveaux rails ? Plutôt si l'on considère que le
géomarketing pourrait bien trouver quelques alliés de circonstance. Le premier
est conjoncturel, en ce sens que la situation du prospectus est assez
délicate, mais ses volumes n'ont jamais véritablement baissé pour autant.
« Les choses pourraient bien changer, estime Florian Grill. D'une part, le coût
pour les enseignes va augmenter, du fait de la taxe qui se profile sur la
fabrication des prospectus et des évolutions de la convention collective qui
régit la profession. D'autre part, la pression du gouvernement, des pouvoirs
publics, voire des consommateurs eux-mêmes, est de plus en plus forte. Sur
certaines zones, les “stop pub” pourraient représenter 10 % des foyers. Autant
d'éléments qui vont obliger les distributeurs à aller vers plus de ciblage,
plus d'intelligence marketing, plus de géomarketing.» Le géomarketing comme
réponse aux problèmes environnementaux du prospectus ? Pourquoi pas… Le second
allié est structurel. Il tient à la farouche compétition que se livrent les
distributeurs français et qui devrait contribuer à booster le géomarketing.
« La France fait partie des pays les plus urbanisés au monde sur le plan
commercial, constate Christophe Girardier. Dès lors, le premier gisement de
croissance, ce n'est plus la course aux magasins, mais bel et bien l'adaptation
de l'offre à la spécificité locale. L'avenir appartient aux distributeurs qui
sauront tirer parti des disparités locales en termes de profil de consommation.
» Acceptons-en l'augure… et souhaitons que cet optimisme ne sous-estime pas le
retard des distributeurs en matière de géomarketing, tant en termes de
structures que de culture. Un frein supplémentaire qu'il appartient aux acteurs
de lever, par leur force de conviction, et surtout par l'efficacité de leur
offre.
Interview : Gilles Pont, responsable de la communication de Feu Vert .« Optimiser la distribution de prospectus »
« L'utilisation de techniques
géomarketing chez Feu Vert vise clairement à optimiser la distribution
d'imprimés sans adresse. Nous sommes partis pour cela de trois éléments : notre
fichier client, la localisation de nos zones de distribution, travaillées avec
les sociétés distributrices (Adrexo, Média-post…) et la base de données
Claritas. En croisant les données Claritas et celles de notre propre fichier,
nous avons observé les éventuelles incohérences quant à nos zones de
chalandise. Et ainsi, optimisé notre distribution. Il est apparu que l'on
pouvait avoir quelques idées reçues sur sa zone de chalandise. Nous avons aussi
pris conscience de l'aspect mouvant de ces zones, notamment avec les ouvertures
et les fermetures. Un outil dynamique d'analyse et d'études a d'ailleurs été
mis en place afin que nous ayons des données toujours à jour. Le partenariat
avec Claritas nous permet aussi de distribuer certains prospectus de façon
sélective, c'est-à-dire sur une partie seulement de la zone d'influence des
magasins. Mais cela ne concerne que certaines opérations ayant des thématiques
précises. »
Interview : Eric Rosier, responsable communication interne réseau de Mr Bricolage : « Un géomarketing assez poussé »
« Le
géomarketing est un outil considéré comme stratégique par rapport à notre
objectif de croissance interne, en ce sens qu'il nous permet de mieux connaître
les points de vente et de les optimiser. Il n'est question ni de développement
du réseau, ni de distribution d'imprimés sans adresse. Uniquement
d'optimisation point de vente. Il s'agit d'un outil d'aide à la décision, qui
va au delà du géomarketing. A l'origine, nous avions deux outils distincts,
mais nous les avons fusionnés lors de notre collaboration avec Experian, au
profit d'un outil central. Il prend la forme d'une application “presse bouton”
très complète : suivi d'activités, identification du magasin, chiffre
d'affaires, analyse du marché… Pour ce qui est du volet géomarketing, nous
avons des informations sur le dynamisme de la zone, sur la population, sur le
logement (très important pour nous)... Sur le plan opérationnel, nous essayons
aujourd'hui d'aller assez loin dans le détail en matière de géomerchandising.
En fonction du profil de la zone, on insistera davantage sur tel ou tel rayon.
Dans une zone à forte densité de CSP +, peu portées sur le travail manuel, la
décoration sera plus développée que sur les produits techniques (outillage,
électricité, quincaillerie, plomberie…). Et vice versa dans une zone ouvriers
et les artisans seront très présents. Il en va de même pour les assortiments
“premiers prix”, ou “haut de gamme”. La prochaine étape consistera peut-être à
utiliser les données dont on dispose pour optimisera la distribution d'imprimés
sans adresse (ISA). »
Avis d'expert : « La géographie, une dimension à exploiter » , Par Didier Robert, membre du SNCD et responsable du pôle études et conseils géomarketing de Mediapost
L ‘utilisation du
géomarketing dans la grande distribution concerne deux dimensions essentielles
des actions menées : l'adaptation locale du merchandising et l'optimisation des
campagnes de communication par imprimé sans adresses. Dans les deux cas
s'observent des pratiques très inégales, voire un certain retard par rapport à
d'autres secteurs d'activité. L'intérêt du géomarketing repose sur sa capacité
à décliner les stratégies globales de marketing et de communication au niveau
de chaque point vente en fonction des spécificités locales de la consommation
et du positionnement concurrentiel. Des ciblages “intelligents” Inversement,
du local vers le global, le géomarketing permet de mieux analyser le
positionnement de l'enseigne en identifiant plus précisément les réseaux
concurrents, spécialisés ou non, et la pression qu'ils exercent. L'objectif est
alors de spécifier les stratégies de fidélisation et de conquête en proposant
et en communiquant davantage de valeur que les concurrents identifiés. Souvent
négligée, cette dimension stratégique du géomarketing prend tout son sens au
regard de l'essor des différents programmes de fidélisation récemment
développés par la grande distribution. Plus loin, elle rejaillit dans la
conduite des opérations, par exemple sous la forme de ciblages “intelligent”
qui permettent de sélectionner localement les territoires et les clients ou
prospects sur lesquels il est souhaitable de communiquer en fonction
d'objectifs de fidélisation ou de conquête du panier d'achat et en fonction des
types de produits mis en avant par les nombreux et différents catalogues
distribués chaque année. Pour ceux qui l'ont mis ou le mettent aujourd'hui
en œuvre, les économies et l'accroissement d'efficacité sont probants. Car, il
s'agit bien d'intégrer la géographie comme une véritable dimension de
l'activité dont la maîtrise est synonyme de performance économique… et
inversement.
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