Les abonnements presse, un secteur à part
Dans la gestion des abonnements, les prestataires ne sont pas nombreux. Cette spécialisation est la garantie d'une prestation de haute qualité comme en attestent les utilisateurs.
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Dans le secteur de la presse, toute la communication avec le client final
se fait traditionnellement par le biais du courrier postal. D'où l'intérêt de
donner à cette activité industrielle une vraie dimension marketing direct, avec
des possibilités d'analyse et de ciblage. Sur ce marché, les prestataires
logistiques ne sont pas nombreux. Il faut posséder des reins solides pour
pouvoir se charger du traitement de fichiers qui peuvent parfois contenir
plusieurs millions d'adresses. Sagone est un de ces spécialistes qui mettent un
outil de gestion des abonnements à la disposition des éditeurs de presse. «
Nous effectuons la gestion et l'hébergement des bases de données
opérationnelles de nos clients dans les domaines des abonnements presse, du
caritatif, des petites entreprises de vente par correspondance, explique
Bertrand Fournis, directeur général de Sagone. Ces trois secteurs ont pour
habitude de piloter leur business avec du marketing direct. Nous permettons à
nos clients, notamment aux directions de diffusion ou des abonnements, de
réaliser des actions de traitement, des mailings, etc. Nous leur offrons des
outils clés en main, logiciels, machines, hommes.» Le logiciel maison, baptisé
"P Système", est destiné au traitement de toutes les activités de gestion des
abonnements, des relances, de la gestion des étiquettes pour le routage des
magazines. Il permet de réaliser des relances à l'échéance de l'abonnement ou
bien à la sortie de nouveaux produits, du chaînage comme lors du passage d'une
tranche d'âge vers une autre. Mais aussi de la gestion de règlements et des
abonnements ou bien des changements d'adresses. Pour une campagne particulière
en termes de contenu et de ciblage, Sagone s'occupera de la personnalisation
des textes par rapport aux cibles choisies, de l'extraction des cibles.
L'impression sera alors sous-traitée car les rotatives de presse ne sont pas
adaptées aux mailings.
Vingt millions de Français dans les bases
Hachette Filipacchi, Le Nouvel Observateur, Le Canard
Enchaîné, le groupe Liaisons, VNU, IDG... en tout 150 titres de presse comptent
parmi les clients de Sagone. Et les bases de données gérées par l'entreprise
totalisent 20 millions de Français, soit près d'un tiers de la population. La
base de données relationnelle sous Unix HP occupe un volume de stockage d'un
Téra-octets de données reparti sur vingt-cinq serveurs. Certains ordinateurs
sont dédiés à des clients particuliers, d'autres mutualisés. « Historiquement
tous les abonnements presse étaient gérés en interne, analyse Bertrand Fournis.
Mais aujourd'hui, les journaux ne sont plus très nombreux à gérer eux-mêmes
leurs abonnements car les systèmes d'informations sont devenus très coûteux.»
L'ensemble de l'équipement informatique représente un investissement de trente
millions de francs. Peu d'entreprises peuvent se permettre de disposer d'une
telle puissance de stockage et de calcul associé. Le coût du traitement à
l'abonné revient entre 0,46 et 1,52 euro par an. Un hebdomadaire avec un tirage
de 100 000 exemplaires s'acquittera d'une facture annuelle d'environ 305 000 €.
La tendance dans la prestation aujourd'hui est d'aller de plus en plus vers le
découpage dans la facturation, de baisser le coût de l'abonnement aux
prestations des entreprises spécialisées et de facturer les ressources humaines
utilisées pour chaque opération. La presse représente deux tiers du chiffre
d'affaires de Sagone. Le caritatif est son deuxième secteur de prédilection.
Médecins du Monde, le Secours Catholique, la Croix Rouge Française comptent
parmi ses clients. « Pour le caritatif, on applique les mêmes principes, mais
avec des donateurs à la place des abonnés », explique Bertrand Fournis.
L'informatique permet d'enregistrer les dons et d'éditer des reçus fiscaux, de
déclencher des campagnes de marketing direct. Les coûts sont similaires à ceux
de la gestion d'abonnés. L'impression est également sous-traitée et c'est
l'imprimeur qui se charge du façonnage et du routage. Pour le contrôle des
sous-traitants, on fait appel à des techniques classiques d'adresses pièges, ou
encore à la vérification du nombre d'enveloppes par rapport au nombre
d'adresses d'expédition. « Nous n'avons pas eu à mettre au point notre système
informatique de gestion des abonnements, témoigne Valérie Thibault, directrice
de la diffusion chez VNU. En effet, lorsque nous avons racheté l'éditeur CMP,
nous avons hérité de son système informatique et de la solution P Système. Il
nous permet de faire des requêtes et des comptages, sortir des statistiques
pour les besoins du service publicité, des typologies région par région, des
comptages pour les annonceurs... »
Informatique simplifiée
Le service diffusion qui utilise ces fonctions n'a plus
besoin de passer par du développement informatique pour des extractions
spécifiques. « Cela représente une économie d'au moins une trentaine de jours,
sur le temps de la réflexion et du développement d'une réponse adaptée »,
remarque Valérie Thibault. De même, le développement sur Internet permet aux
lecteurs de se connecter au site avec leur numéro d'abonné pour changer
d'adresse, y compris pour un changement provisoire en été, et également, de
vérifier la facturation. « Notre public, des lecteurs de presse informatique,
est réceptif à ce type de service, estime Valérie Thibault. Bientôt, nous
allons mettre au point les relances par courrier électronique. Leur coût est
proche de zéro. Voilà qui fait rêver. » Avec de tels aménagements, P Système va
devenir un vrai outil de marketing direct par Internet. Il reste néanmoins des
points à améliorer, notamment du côté de la gestion pure de la diffusion. Selon
Valérie Thibault, « il n'est pas simple d'avoir une image du portefeuille des
abonnés, car il faut aujourd'hui faire appel à des outils complexes qui
manquent de synthèse. J'utilise moi-même la fonction routage de Sagone pour les
relances d'abonnements mais pas pour la diffusion. J'ai une bonne impression
globale de cet outil qui est très bien fait pour la gestion des bases complexes
et riches. » « Le groupe Hachette fait appel à P Système pour des raisons
historiques », constate Catherine Veillard, directrice des abonnements presse
magazine France. Au départ, les abonnements du groupe étaient gérés par Presse
Routage, baptisé aujourd'hui Sagone. « Il y a peu de concurrence sur ce marché,
estime-t-elle. En tout, il n'y a que trois prestataires importants.» Les
nouvelles fonctionnalités des logiciels ont permis de modifier notamment
l'édition des étiquettes. Auparavant, elles étaient basées sur les règles de
routage. Un système qui ne permettait pas des comptabilisations axées sur le
marketing direct. « L'architecture de P Système est différente dans le sens où
elle permet de rattacher les différents abonnements au foyer, analyse Catherine
Veillard. Ces fonctions multititres vont bientôt nous permettre de faire du
chaînage, par exemple d'accompagner les enfants dans le foyer lorsqu'ils
passent dans la tranche d'âge supérieure, en leur proposant de nouveaux
abonnements qui soient adaptés à leur âge. Tout cela avec un rythme industriel,
par opposition aux opérations manuelles d'avant. »