LEN : la dernière ligne droite ?
Le 12 décembre prochain, la loi pour l'Economie numérique sera présentée, en deuxième lecture, à l'Assemblée nationale. Le volet consacré aux fichiers e-mailings, contenu dans l'article 12, suscite encore de vifs débats au sein de la profession. En cause : toujours l'opt-in, tantôt perçu comme unique garant d'une politique de collecte loyale, tantôt comme une restriction invalidante.
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Imaginez de recevoir brutalement un déluge d'e-mails vous invitant à donner
votre consentement pour recevoir des propositions commerciales. D'après Jérôme
Stioui, P-dg de Directinet, c'est le scénario que les internautes risquent de
connaître suite à l'adoption de la LEN. En effet, un amendement de cette loi
stipule que, dans les six mois suivants sa promulgation, les professionnels
devront procéder à une mise en conformité de leurs listes avec les nouvelles
dispositions. A savoir : obtenir le consentement préalable de l'internaute pour
recevoir des propositions commerciales. Pour ce faire, le texte prévoit l'envoi
d'un e-mail unique à l'ensemble des contacts, indépendamment du mode de
collecte préalable. « Ce qui est très gênant, c'est que cette loi stipule que,
durant ces six mois, les informations ne pourront être utilisées qu'une seule
fois. Cela sous-entend que les BDD ne pourront plus être sollicitées dans le
cadre d'opérations de prospection », avance Dominique Du Chatelier, secrétaire
général de la Fevad. « D'où la nécessité, pour l'ensemble des gestionnaires de
listes, de ne pas attendre la promulgation de la loi et de commencer, dès à
présent, à “opt-iniser” leurs bases collectées en opt-out, car ils courent le
risque de perdre leur fond de commerce », alerte Jérôme Stioui. Fermement
convaincu que la preuve du consentement se traduira par une modalité de recueil
en opt-in actif (case non cochée à cocher pour manifester l'accord), il
s'inquiète des déperditions de données, qui risquent d'anéantir les
gestionnaires de listes en mode opt-out (case précochée à décocher pour
manifester son désaccord ). Faut-il pour autant faire retentir la sonnette
d'alarme ? Du côté des organes représentatifs de la profession, l'inquiétude
est plus nuancée.Pour l'heure, les lectures de l'avenir post-LEN demeurent au
stade de l'hypothèse. « N'amalgamons pas collecte loyale et opt-in strict,
clarifie Valérie Papaud, présidente de la Commission e-direct du SNCD. Le texte
ne précise pas les modalités de consentement qui seront fixées par décret suite
à l'adoption de la loi et rien n'indique qu'elles seront réduites à une case à
cocher. »
Collecte transparente et respectueuse du consommateur
Au cœur de ces divergences : l'amendement relatif au
régime transitoire. S'il stipule bien la nécessité d'une adaptation des bases
collectées loyalement, il ne définit aucunement la preuve de cette loyauté.
Conséquence : tous les gestionnaires de listes, indépendamment de leur
politique de collecte, y compris les partisans de l'opt-in strict, seraient
inféodés à la même règle : l'envoi d'un e-mail unique. « En cas de vagues
massives d'e-mails de sollicitation, on imagine les taux de retour... »,
ironise Gérard Ladoux, secrétaire général de l'Acsel. Du même avis, Yseulys
Costes, chargée des relations institutionnelles nouveaux médias au SNCD. Pour
clôre le débat, elle rappelle la position commune récemment adoptée par les
quatre organismes représentatifs de la profession (SNCD, UDA, AACC et Fevad). «
Nous plaidons tous pour une collecte transparente et respectueuse du
consommateur, à savoir l'informer sans ambiguïté de l'utilisation qui est faite
de ses données personnelles. Or, nous souhaitons transposer la loi sans
rajouter des contraintes supplémentaires qui risquent de gravement pénaliser la
profession. »