Investissements en communication : l'heure du décloisonnement
En 2000, et pour la deuxième année consécutive, les investissements consacrés aux grands médias ont progressé plus vite que ceux destinés au hors-médias. Le marketing direct, quant à lui, a connu une croissance légèrement supérieure à celle de 1999.
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Avec + 9,7 %, les investissements consacrés par les annonceurs aux cinq
grands médias (71,6 milliards de francs) ont confirmé en 2000 leur bonne santé
déjà constatée en 1999 (+ 9,2 %). Le hors-médias a certes progressé moins vite
(+ 6,9 % à 119 milliards de francs) mais davantage que l'année précédente (+
5,7 %). Si l'étude France Pub, menée par la Comareg et dont les données grands
médias sont désormais rapprochées de celles de l'Irep, conserve cette
traditionnelle séparation médias/hors-médias, elle ne manque cependant pas de
constater que "le choix des médias est décloisonné et leurs utilisations
revisitées. C'est bien une combinaison de moyens qui est utilisée pour
atteindre un objectif global de rapprochement de la marque vers le
consommateur". Constat confirmé par le fait que "ce qui n'était qu'expérimental
(utilisation de média-réponses dans les grands médias) devient une politique
plus systématique d'intégration de toute la palette des moyens de
communication".
Marketing direct : + 6,9 % en 2000
Ces
remarques effectuées, on constate que le marketing direct reste, dans l'absolu,
le moyen n°1 de communication des entreprises françaises, avec près de 59
milliards de francs d'investissements en 2000 (31 % du marché global), soit +
6,9 % par rapport à 1999 ; une progression équivalente à celle du hors-médias,
mais un peu supérieure à celle enregistrée en 1999, + 6,2 %. Avec + 8,5 %, ce
sont les mailings qui ont connu la croissance la plus forte parmi les moyens
répertoriés par France Pub. Traditionnellement, l'étude fait une distinction
entre deux types d'annonceurs : les nationaux et les locaux régionaux (dont le
budget est égal ou supérieur à 25 KF en 2000). Ce sont les premiers qui ont
tiré le marché vers le haut (+ 8,4 % contre + 5,5 %). Sachant que, tout en
étant nationaux, ils ne répugnent pas à investir localement. La preuve : sur
les 63 milliards de francs investis en 2000 en communication locale, 26
milliards ont été de leur fait. Avec, comme premier poste d'investissement le
mailing (24,5 %), devant l'événementiel et les RP (22,8 %) et l'"édition
publicitaire et autre MD" (20,1 %). Les locaux régionaux ont également
privilégié le mailing (12,9 % de leurs 37 milliards de francs
d'investissements), devant la presse gratuite (12,5 %), les annuaires et guides
(11,9 %) et la distribution d'ISA (11,2 %).
Vers une intensification de la communication directe
Ces deux types
d'annonceurs ont, logiquement, des perceptions différentes des moyens à leur
disposition. Pour les nationaux, les moyens publicitaires les plus efficaces en
général sont, dans l'ordre : la télévision, la presse nationale, l'affichage et
les RP-événementiel, tandis que pour les locaux régionaux, il s'agit, toujours
dans l'ordre, de l'ISA, de la presse gratuite, des mailings et des annuaires.
Les moyens les plus efficaces pour inciter à l'achat sont, pour les nationaux :
la presse nationale, suivie des mailings, de la télévision et de la promotion.
Et pour les locaux régionaux : les ISA, la presse gratuite, l'affichage et les
mailings. Enfin, les moyens les plus efficaces pour déclencher l'achat sont,
pour les premiers : la promotion, les mailings, la télévision et la radio, et
pour les seconds : les ISA, la presse gratuite, les mailings et la PQR. La
différence entre ces deux types d'annonceurs est flagrante au niveau de
l'utilisation des nouveaux moyens à connotation technologique : géomarketing
(38 % pour les nationaux contre 8 % pour les locaux régionaux), présence sur
Internet (85 % contre 40 %) et gestion d'une base de données clients (68 %
contre 43 %). En revanche, ils se rejoignent, presque, lorsque l'étude France
Pub leur demande s'ils pensent que la communication directe va s'intensifier.
75 % des nationaux répondent par l'affirmative, pour 61 % des locaux régionaux.
Ils ont cependant une appréciation différente du Web puisque les deux tiers des
premiers estiment qu'Internet va devenir le meilleur moyen de mettre en contact
un client et un fournisseur (dont 23 % de tout à fait d'accord) contre 47 %
seulement des seconds. Des pourcentages que l'on retrouve pratiquement à
l'identique, au global, lorsqu'il leur est demandé si Internet sera de plus en
plus utile pour leurs actions locales. Autre différence de jugement : 87 % des
nationaux considèrent qu'Internet n'est pas un moyen de communication réservé
aux grandes entreprises, alors qu'ils sont 52 % chez les locaux régionaux à
avoir la même opinion. Une sorte d'autocensure, même si les résultats sont en
progression par rapport à l'étude de l'an passé.
60 % des annonceurs nationaux adeptes du marketing relationnel
France Pub
fait également la distinction depuis 1998 entre les annonceurs relevant du
"marketing traditionnel" (communication sur des segments de populations définis
par des critères socio-démo, grands médias privilégiés pour des actions
centrées sur la notoriété et l'image...) et ceux relevant du "marketing
relationnel" (établissement d'une relation durable avec des consommateurs
identifiés individuellement, constitution de BDD interne, recours dans le cadre
de politiques de fidélisation à un usage poussé du mailing...). Pour l'année
2000, l'étude estime que les annonceurs adeptes du marketing relationnel
représentaient 60 % des annonceurs nationaux et 50 % de la dépense publicitaire
; le phénomène du relationnel commençant à toucher tous les secteurs
d'activité. Une évolution structurelle qui expliquerait, pour partie, la
croissance du marché et plus particulièrement celle des grands médias. En
effet, selon France Pub, "les annonceurs à tendance relationnelle, ayant
massivement investi dans les techniques à la marge de la communication, ont dû
fortement augmenter leurs dépenses dans les cinq grands médias en revisitant
leurs utilisations traditionnelles. Compte tenu des investissements consentis,
ils sont engagés à relativement long terme. Ce qui permet d'anticiper sur une
relative stabilité de la croissance, et notamment dans les grands médias." Pour
2001, justement, l'étude table sur une croissance globale de 5 % des dépenses
publicitaires (+ 6 % pour les grands médias et + 4 % pour le hors-médias) ;
principalement le fait des annonceurs nationaux (+ 5,5 % contre + 3,6 % pour
les locaux régionaux). Un ralentissement donc, avec, une nouvelle fois, une
progression plus rapide des grands médias. Souhaitons simplement que, comme à
son habitude, France Pub soit quelque peu pessimiste.