International: La Poste privilégie le courrier partagé
Avec trois filiales à l'international, la branche courrier de La Poste s'est peu développée en propre par rapport à ses concurrents directs, Deutsche Post, Royal Mail et Royal TNT. Mais le groupe a su multiplier les partenariats.
Je m'abonneÀ LIRE AUSSI
Raymond Redding (La Poste):
«Nous développer en Europe est plus qu'une ardente obligation.»
Deuxième opérateur postal en Europe, quatrième dans le monde, troisième logisticien au niveau mondial avec Geopost, le groupe La Poste se classe aux tout premiers rangs sur son marché. El pourtant, l'opérateur historique français dispose d'une présence internationale limitée, alors que ses principaux concurrents s'appuient sur des réseaux de filiales bien établis. «Nous nous étendons en Europe depuis 1998»,indique Gunnar Gràf, président de DHL Global Mail France, qui se base aujourd'hui sur une présence dans 200 pays dans le monde et a bien compris le potentiel du marché européen (ce dernier s'élevait à 90 MdEuros en 2004, selon une étude Wik Consult).
Quant à La Poste, qui réalise 800 MEuros grâce au courrier transfrontalier, trois initiatives sont à retenir (dont une hors d'Europe): au Royaume-Uni avec La Poste UK, développée en 1996 et comptant aujourd'hui 2 000 personnes; aux Etats-Unis et au Canada avec Brokers Woridwide, dont l'opérateur français détient 40%; en Allemagne avec un bureau de représentation commerciale (similaire à ce qu'ont développé Swiss Post ou Belgian Post en France).
La Suède: exemple à suivre?
En 1993, le gouvernement suédois décide de libéraliser son marché postal. A partir de cette date, Posten, l'acteur historique, ne détient plus le monopole. 14 ans plus tard, le taux de lettres distribuées en «J+l» est parmi les meilleurs d'Europe mais son bilan est moins glorieux. Comme prévu, Posten est resté le leader incontesté avec 91% de part de marché. Sur les 33 opérateurs alternatifs présents, son seul véritable concurrent est Citymail (détenu par Norwegian Post). Celui-ci n'a remporté que 8,6% des flux postaux. Grâce à une telle situation, Posten est aujourd'hui très profitable (168 MEuros de bénéfices en 2006). Une santé financière due à l'augmentation du prix du timbre (0,59 Euros, contre 0,46 Euros de moyenne européenne) et à la chute du nombre d'employés (- 33,5%). De plus, Posten a privilégié ses «points postes», ses 2 000 vendeurs de timbres et ses 2 500 postiers ruraux au détriment des 1 553 bureaux de Poste fermés en 17 ans. Pour assurer le service universel, l'opérateur bénéficie en outre d'une subvention de 42,6 MEuros par an.
Calendrier européen de la libéralisation
1993: Suède
1994: Finlande
1995: Danemark
1999: 1re réduction du service réservé
2002: Estonie.
2003: 2e réduction du service réservé
2006: Royaume-Uni.
3e réduction du service réservé.
2007: Norvège et Pays-Bas.
2008: Allemagne (prévision).
2009: dernière réduction du service réservé: France, Espagne, Belgique, Italie, Grèce, République tchèque, Pologne, Autriche et Hongrie (prévision).
Ambitions européennes
Ailleurs, La Poste privilégie les partenariats stratégiques avec les autres opérateurs historiques européens: Poste Italiane, Correos (Espagne), CTT Correios (Portugal) ou encore Hellenic Post (Grèce). Ses liens sont, logiquement, moins ténus avec TNT Post Group ou Deutsche Post. Mais ses ambitions européennes sont claires: «Dans un contexte de libéralisation et de baisse des volumes, c'est plus qu'une ardente obligation. C'est notre volonté et notre avenir». estime Raymond Redding, directeur du courrier de La Poste, dont la stratégie offensive s'intéressera plus particulièrement au Royaume-Uni, à l'Allemagne et aux Pays-Bas, trois pays qui représentent 48% du marché du courrier international. Un détail-clé n'a toutefois pas été arrêté: sa stratégie de déploiement. Contrairement à sa division courrier, son activité logistique a connu depuis 1999, année de création de Geopost, une croissance fulgurante. Cette filiale est aujourd'hui présente dans 40 pays dans le monde, dont 30 en Europe.