Fichiers Grand public La mutation tranquille
Renversement de tendance. Les annonceurs, qui se sont souvent plaints d'une pauvreté de l'offre en matière d'adresses grand public, doivent, pour rentabiliser la constitution et le traitement de leur base clients, songer à commercialiser leurs propres fichiers. Le marché devrait ainsi bénéficier d'une oxygénation via l'apparition de listes à la fois volumineuses et qualifiées. Une mutation qui vient faire écho à l'évolution générale des relations entre diffuseurs, propriétaires et annonceurs.
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«Le fait est imminent : on va vers une sur-offre, avec de nouvelles bases
qui compteront pour certaines entre deux et quatre millions d'adresses. »
Marilyn Courtois Périn, directrice du pôle ciblage de Koba, résume ici une
opinion largement partagée par la profession des diffuseurs d'adresses. La
litanie des annonceurs sur la pénurie en matière de fichiers d'adresses
serait-elle finalement éculée ? On estime qu'il existe quelque 400 000 fichiers
en France, dont 40 000 déclarés à la Cnil, 2 000 commercialisés et 300 qui
"tournent". « L'idée d'une pénurie de l'offre est un faux problème. Il y a des
fichiers en quantité suffisante. Si l'on faisait le total des adresses, on
couvrirait plusieurs fois l'ensemble de la population française », avance
Frédéric Sudres, directeur de Critère Direct. Nombreux sont en fait les
diffuseurs à vouloir mettre les propriétaires face à leurs responsabilités. Car
en fait de pénurie, on devrait, selon eux, plutôt parler de défaut de mise à
jour et d'enrichissement. Profiling, questionnaires auto-administrés,
qualification : autant d'approches qui devraient être quasi-automatiques dans
les pratiques des propriétaires d'adresses. « Pourquoi, par exemple, les
vépécistes ne demandent pas quelle est la profession de leurs clients ?,
interroge un courtier. Avec ce seul item, on apporterait beaucoup aux
possibilités de segmentation. De manière générale, les annonceurs devraient
toujours demander à leurs clients, en questionnaires auto-administrés, quels
sont leur âge, leurs préférences et leur profession. » Sans compter que, si les
adresses étaient mieux qualifiées, elles seraient moins sollicitées et,
partant, plus génératrices encore de retours et de transformations.
L'INÉVITABLE APPORT DE NOUVELLES SOURCES
« En 2000, 250
consumer magazines vont apparaître sur le marché. Les annonceurs sont entrés de
plain-pied dans une logique de fidélisation. Cela veut dire que les bases
existent », note Thierry Moulinoux, directeur de Centrale Directe. Des bases
dont l'entretien coûte cher. Pour les propriétaires, la mise sur le marché des
adresses clients constitue aujourd'hui une source de financement des bases de
données. « Les adresses que les propriétaires de bases de données conservent
chez eux jalousement sont en fait, pour une bonne partie d'entre elles, déjà
sur le marché, via des bases comme celles de Claritas et de Consodata, ou via
de gros fichiers clients, poursuit justement Thierry Moulinoux. Dès lors, pour
les propriétaires, il est plus pertinent de commercialiser leurs fichiers, dans
la mesure où, indirectement, d'autres sociétés commercialisent les adresses qui
s'y trouvent, sans qu'ils aient ici la moindre maîtrise des choses. » Si le
marché est unanimement satisfait de l'arrivée de nouvelles bases
vraisemblablement bien qualifiées (Nouvelles Frontières, Nivea, Kimberly Clark,
Casino, Intermarché, Club Méditerrané...), force est de constater que les
fichiers déjà commercialisés travaillent de plus en plus leurs bases, y compris
lorsqu'il s'agit de grosses bases à faible valeur ajoutée qualitative.
Médiatel, filiale de France Télécom, propose ainsi un amendement de son fichier
des nouveaux emménagés. « En fait, ce que l'on appelait jusqu'alors "nouveaux
emménagés" était un fichier des nouveaux abonnés à France Télécom, explique
Valérie Papaud, directeur général de Médiatel. L'atout majeur de ce nouveau
fichier, qui sera bien sûr moins volumineux que le fichier des nouveaux abonnés
(2,3 millions d'adresses par an), réside dans la mise en présence, pour chaque
foyer, de la nouvelle et de l'ancienne adresse. Cette notion de "traçabilité"
est très intéressante pour nombre d'annonceurs. »
LA RECHERCHE DE FICHIERS : « UN TRAVAIL DE FOURMI »
Il n'empêche, pour certains
annonceurs gros consommateurs d'adresses, la sursollicitation des sources
existantes se fait parfois nettement ressentir. Le groupe Bayard Presse, par
exemple, doit chaque année chercher de nouvelles pistes de prospection. « Un
travail de fourmi », selon Marie-Anne Denis, chef de service adjointe marketing
direct. Illustration de la saturation sur certaines cibles : les foyers
contactés dans le cadre de prospection téléphonique pour le titre Notre Temps
déclarent tous avoir reçu dans les 24 derniers mois un mailing au nom dudit
magazine. Pour Bayard, le renouvellement des sources est d'autant plus délicat
sur la cible "religieuse". Une fois utilisés les gros fichiers idoines (bases
de vépécistes, sources des publications Malesherbes, fichiers de donateurs), la
recherche doit en passer par un travail d'approche pointu, notamment vers le
tissu associatif. « Les fichiers de donateurs des deniers du culte ne sortent
pas de l'Eglise, souligne Marie-Anne Denis. Par ailleurs, la plupart des
associations ne sont pas intéressées par la commercialisation de leurs
adresses. Il nous faut donc, par exemple, proposer un "échange" quelque peu
iconoclaste, du type : un abonnement à La Croix contre un certain volume
d'adresses. » L'un des atouts du groupe Bayard Presse réside dans le capital
de sympathie qui le lie à son lectorat. L'éditeur peut ainsi procéder par
collecte d'adresses auprès de ses abonnés : "Donnez-nous l'adresse de quatre de
vos amis, ils recevront La Croix gratuitement pendant un mois". Une technique
semble-t-il très probante, qui nécessite une relance téléphonique pour
qualification des adresses communiquées. Quelles que soient les recettes
choisies par les entreprises ou leurs partenaires dans la collecte des
adresses, la tendance, toujours confirmée, est à la qualification : fichiers de
plus en plus renseignés, de plus en plus récents, de plus en plus surveillés.
La norme veut qu'un bon fichier présente un taux de NPAI inférieur à 3 % et un
taux de faux numéros de téléphone inférieur à 10 %. Il ne faut pas d'autre part
oublier qu'en région parisienne, le taux de volatilité est beaucoup plus
important qu'en province. D'où la nécessité d'exploiter les données plus vite
encore après leur acquisition. Au CIC, la prospection, du moins en première
vague, se fera en l'espace d'un mois : envoi d'un mailing 15 jours après
livraison des adresses et relance téléphonique 15 jours après le mailing.
TROIS TECHNIQUES DE QUALIFICATION TÉLÉPHONIQUE
« La
seule manière d'actualiser un fichier acheté, c'est de le nettoyer
régulièrement par téléphone, afin d'identifier les faux numéros ainsi que les
personnes que l'on n'arrive jamais à joindre. Afin également de qualifier les
données », souligne Caroline Lejeune, responsable de la prospection
téléphonique du CIC. En matière de qualification par téléphone, il existe trois
techniques. Primo, la qualification stricte. Les sociétés de télémarketing sont
à cet égard de plus en plus nombreuses à proposer à leurs clients d'appeler
tout ou partie de la cible afin de la soumettre à un questionnaire formalisé et
généralement complet. Ce, sans aucun objectif commercial pour le propriétaire
des adresses, ni aucune offre commerciale pour les personnes contactées. Etant
données son ampleur et sa dimension systématique, ce type d'opération est en
effet plutôt confiée à une société de télémarketing. Deuxio, la
préqualification. Il s'agit pour le propriétaire ou pour son prestataire en
télémarketing de procéder sur une sélection du fichier à une qualification en
initiation d'entretien commercial. Le téléconseiller pose trois ou quatre
questions, pas davantage, au client ou au prospect et, en fonction des réponses
oriente son discours vers la bonne offre commerciale. Tertio, la
post-qualification. Particulièrement utilisée par les entreprises à réseau
commercial. Les téléconseillers vont ainsi contacter la cible dans le cadre
d'une opération de prise de rendez-vous avec les commerciaux. A chaque
rendez-vous obtenu, ils soumettront leur interlocuteur à un très bref
questionnaire (deux ou trois questions) afin de livrer un cadre d'entretien au
commercial qui poursuivra plus avant le travail de qualification. « Je ne sais
pas différencier un bon prospect d'un mauvais, constate Caroline Lejeune. Ce
n'est pas parce qu'une personne est à découvert qu'elle fera un mauvais client,
ni parce qu'elle est riche qu'elle en fera un bon. Ce type de qualification ne
peut se faire par un seul entretien téléphonique, mais seulement dans le cadre
d'un rendez-vous avec un commercial. »
ACHAT OU LOCATION : UN CHOIX CONDITIONNÉ
Mais la qualification des adresses est directement
conditionnée au mode d'acquisition de celles-ci. Achat ou location ? Tout
dépend en fait de l'utilisation prévue. Sauf contre-indication contractuelle,
la location d'adresses induit une utilisation unique de chaque adresse du
fichier. Dans le cadre d'opérations de prospection, a fortiori sur des cibles
larges, les relances, téléphoniques ou adressées, sont souvent incontournables.
Il faut donc acheter le fichier. Ou bien négocier avec le propriétaire ou le
diffuseur des conditions d'utilisation spécifiques, depuis la location
multiple. Par exemple, une utilisation de l'adresse suivie d'une relance
téléphonique. Le contexte tarifaire varie alors selon les propriétaires et
leurs diffuseurs. La source Editions Atlas, fichier volumineux de familles avec
enfants, propose ainsi un droit de repasse moyennant une réduction de 20 % à
chaque réutilisation (pour un coût moyen unitaire de base d'un franc). Mais les
conditions de location peuvent aller jusqu'à la concession à durée déterminée,
qui permet l'exploitation totalement libre du fichier sur une période
prédéfinie, généralement trois ou six mois. « De toute façon, précise Caroline
Lejeune, le choix est vite limité dans la mesure où bien des propriétaires de
fichiers - et ils sont de plus en plus nombreux - se refusent à vendre leurs
adresses. Sur les catalogues commerciaux des diffuseurs, on rencontre
d'ailleurs souvent la mention "Achat : nous consulter". » De fait, les
propriétaires veulent encore souvent repousser au maximum les risques
d'exploitation non maîtrisée de leurs adresses. Les Editions Atlas, qui
possèdent un fichier clients de 4 millions d'adresses, dont deux millions
actives (0/12 mois), se refusent à vendre cette matière stratégique. Ce qui ne
l'empêche pas de la louer, à raison de 4 à 6 millions d'adresses par an. « Nous
n'acceptons aucune utilisation sans regard préalable sur le message de
l'annonceur locataire », explique Annie Martin, gérante d'AMGF, diffuseur en
exclusivité du fichier des Editions Atlas. Une démarche, par ailleurs commune à
nombre de diffuseurs en exclusivité, qui a valu aux clients des Editions
d'Atlas de ne pas être démarchés par des annonceurs aux messages douteux ou
mouvements tendancieux.
LA PART CROISSANTE DE L'ÉCHANGE
En fait, plus le fichier est "basique", c'est-à-dire
moins il propose de possibilités de segmentation, plus il est disponible à la
vente. La base de Médiatel (19 millions de foyers), filiale de France Télécom,
est ainsi non seulement accessible en achat, mais largement distribuée de la
sorte : « Nous sommes obligés de vendre. Certains clients utilisent nos
adresses après les avoir qualifiées en les croisant avec d'autres sources, et
ne souhaitent pas divulguer la nature des scores impliqués », explique Valérie
Papaud. Le fichier France Télécom compterait quelque 2 000 clients dont une
cinquantaine de comptes-clés, qui représentent à eux seuls, affirme-t-on chez
Médiatel, 38 % du chiffre d'affaires (contre 25 % pour les petites et moyennes
entreprises). Mais la décision d'acheter ou de louer un fichier tient aussi à
la programmation de son utilisation, selon que celle-ci se fera de manière
rapprochée ou au contraire dilatoire. « Il est idiot d'acheter un fichier pour
ne pas l'utiliser quasi-immédiatement. S'il n'est pas exploité dans les
trois-quatre mois qui suivent son acquisition, il perd de 10 à 20 % de sa
fiabilité », explique Caroline Lejeune (CIC). Outre la location et l'achat,
les propriétaires en passent de plus en plus par l'échange d'adresses. Chaque
année, le groupe Bayard Presse fait "entrer" 20 millions d'adresses pour sa
prospection, contre 13 millions qui "sortent". Le magazine Notre Temps consomme
à lui seul de 8 à 10 millions d'adresses, dont beaucoup louées à l'extérieur.
Dans ce mouvement d'import/export, Bayard est particulièrement friand de
l'échange. Ce, et comme tout annonceur, dans un souci évident d'économie. Mais
aussi pour préserver une image et une culture d'entreprise. Largement baigné de
catholicisme, le groupe est en effet assez restrictif dans la commercialisation
de ses propres adresses. D'où l'option de l'échange en direct avec d'autres
propriétaires, qui évite le recours à des intermédiaires multiples et garantit
une plus grande maîtrise des informations communiquées. « Nous n'avons pas
toujours le choix. Sur le secteur du religieux, la part de l'échange atteint
les 90 % parce que les propriétaires, qui relèvent bien souvent du tissu
associatif, ne louent pas leurs adresses », explique Marie-Anne Denis.
Concernant la presse jeune, c'est Bayard qui se refuse à louer ses propres
données clients. « Nous conservons ainsi un pouvoir de négociation et de levier
important en matière d'échange », souligne Marie-Anne Denis. Pour ce qui est du
troisième segment de communication sur lequel se positionne le groupe
catholique, à savoir les seniors, pas d'échange possible cette fois-ci dans la
mesure où les adresses de l'éditeur sont encore sensiblement moins renseignées
que celles des vépécistes chez lesquels il trouve sa plus importante source
d'alimentation.
FORMATS DE LIVRAISON ET DESSINS D'ENREGISTREMENT
Achat, location ou échange, par-delà le mode de
commercialisation utilisé, les parties doivent s'accorder sur le format de
livraison des fichiers impliqués. Si l'annonceur a recours à un prestataire
(marketing téléphonique ou routage), il doit indiquer à ce dernier le format de
livraison des adresses et le dessin d'enregistrement, c'est-à-dire le mode
d'interprétation du fichier (codes, nombres de caractères, nombre de champ...).
Il est connu que les fichiers livrés sous Excel ou DBF sont plus facilement
lisibles que ceux transmis sous Access, qui se présentent comme une suite
ininterrompue de lignes plus ou moins codifiées. Ainsi, la société de
télémarketing pourra lire les mêmes informations que son client et charger le
fichier correctement dans son système CATI ou prédictif. Quant au routeur, il
pourra introduire les bons codages dans son logiciel de personnalisation ou
d'adressage. « Il arrive qu'au bout d'un certain temps, les fichiers abritent
des codes jamais utilisés (et donc des critères de segmentation inexploités)
parce que ni le détenteur, ni son prestataire ne sont en mesure de dire ce
qu'ils cachent », explique Caroline Lejeune. Ce besoin d'optimiser la matière
existante traduit sans doute on ne peut mieux l'évolution du partenariat entre
les annonceurs et leurs prestataires, ainsi que l'évolution du métier de
courtier. « Nous avons pris le marché à l'envers de la manière dont il a
longtemps été appréhendé. Nous passons 90 % de notre temps à expliquer, à faire
de la pédagogie sur la technique de l'adresse. Nous sommes davantage des
techniciens que des brokers », confie Frédérique Agnès, directeur général de
Média Prisme. L'effort semble porter puisque les brokers voient venir vers eux
des annonceurs qui, il y a cinq ans, auraient radicalement renoncé à sortir le
moindre échantillon pour faire une analyse. Des annonceurs intéressés par les
techniques de l'adresse et par leur utilisation. L'évolution du métier de
courtier va sans doute dans le sens d'une diversification des services fournis.
« Il faudra apprendre à vendre un consumer magazine, à faire de l'asilage, à
travailler sur Internet, en régie publicitaire entre autres », souligne Thierry
Moulinoux.
LE MÉTIER DE COURTIER EN VOIE DE TRANSFORMATION
« Nous sommes entrés dans une ère de partenariats,
explique Frédérique Agnès. Les entreprises allient leurs compétences, du côté
des annonceurs comme de celui de leurs prestataires. Parallèlement, on
s'oriente vers une identification très nette des compétences. Là encore, chez
les annonceurs comme chez leurs prestataires, on va apprendre à s'adresser à
des personnes différentes : les spécialistes du recrutement, de la fidélisation
ou du développement et des partenariats. Et à travailler ensemble. Il y a
encore quelques années, les courtiers ne travaillaient pas avec leurs clients,
on ne leur dévoilait pas les techniques de l'adresse, de peur qu'ils ne se les
approprient. Or, l'outsourcing se développant, nous n'avons plus aujourd'hui
cette crainte de voir "partir" le client avec nos recettes. De même que les
annonceurs n'ont plus peur de nous confier leurs adresses et les informations
liées. Là aussi, on est sur une démarche win-win. » Evolution oblige, le
marché du fichier pourrait s'apparenter pour certains à celui du médiaplanning,
avec des annonceurs et des prestataires qui travaillent dans un souci d'échange
minimum d'informations. Le hic, c'est qu'il n'existe pas d'outil d'étude adapté
sur le marché du fichier. Les remontrées restent la propriété des annonceurs,
qui cultivent ici un goût certain du secret. Et ce, malgré une prégnance de
plus en plus marquée des contrats en exclusivité. Une exclusivité dont il
faudrait peut-être au passage clarifier le concept et la pratique. Doit-elle
porter sur la prestation de commissionnaire, de mandataire, de régie ? Autant
de précisions qui manquent et qui mériteraient d'alimenter de nouvelles
pratiques et de nouveaux textes déontologiques. « Avant de signer un contrat
avec un propriétaire, je fais un prévisionnel, je propose des ratios, des taux
de rotation sur lesquels m'engager, explique Thierry Moulinoux. Si je suis en
deçà des objectifs, je suis pénalisé. Dans le cas contraire, ma rémunération
est plus forte. Et ce, sur le net facturé, en l'occurrence 30 %. Alors que la
plupart des contrats, aujourd'hui, sont signés sur le brut. » Changement de
pratiques, évolution des approches, apport de nouveaux services, nécessaire
oxigénation de l'offre : le marché du fichier d'adresses grand public est en
train de tracer le cadre de sa mutation.
Bayard Presse développe le scoring
Gros consommateurs d'adresses (20 millions chaque année pour une quarantaine de mailings), le groupe Bayard Presse a mis en place une base de données constituée de trois segments : le religieux, la «maturité» (troisième âge), les jeunes. «Nous développons tout un attirail d'outils de scoring pour qualifier nos propres adresses», remarque Marie-Anne Denis, chef de service adjointe marketing direct, qui n'exclut pas un futur scoring sur la base d'outils Consodata ou Claritas. Bayard Presse procédant beaucoup par échange de fichiers, notamment avec les vépécistes, il lui est en effet nécessaire de se donner les moyens d'une qualification des adresses afin de se rapprocher qualitativement des bases de VPC. « Généralement, les fichiers de presse sont nettement moins renseignés que les fichiers de VPC : nom, prénom, adresse, actif ou inactif et, bien souvent, c'est tout. Nous sommes donc obligés de réfléchir à des segmentations pour maintenir et développer le chiffre d'affaires en matière de commercialisation d'adresses », remarque Marie-Anne Denis. Principal vecteur d'enrichissement des fichiers : les contrats et relances d'abonnements, porteurs de questionnaires souvent très pointus sur le profil des futurs abonnés. « Le téléphone est beaucoup trop cher », avance Marie-Anne Denis. Bayard Presse, qui utilise ses différentes techniques de qualification et d'enrichissement dans la perspective d'extractions pour ses propres mailings, envisage, à court terme, d'offrir un service de scoring à des clients et partenaires extérieurs.
CIC : cinq raisons de choisir un fichier généraliste
Le CIC (près de 100 000 adresses achetées chaque année) fait partie des rares banques à avoir cherché à contacter de manière industrielle les nouveaux emménagés. Pour ce faire, le Crédit Industriel et Commercial a testé deux types de fichiers : celui de France Télécom ("Nouveaux emménagés") et celui d'une mégabase. Cinq raisons viennent aujourd'hui justifier l'abandon de la seconde source de prospection. « Premièrement, les résultats obtenus avec le fichier de type grande consommation n'étaient ni meilleurs, ni moins bons que ceux du fichier France Télécom, pour une adresse en revanche deux fois plus chère, rapporte Caroline Lejeune, responsable de la prospection téléphonique du CIC. Deuxièmement, nous nous inscrivons dans une stratégie de prospection sur une offre globale et non sur un produit spécifique. En l'occurrence, tout le monde a besoin de s'adresser à un établissement bancaire. Nous n'avons donc aucune raison, a priori, de cibler trop précisément notre communication. Autant, donc, utiliser un fichier basique et moins cher. Troisièmement, les données de type mégabases, une fois soumises à une extrapolation après segmentation, restent très limitées en termes de couverture. Ce qui est un frein pour une opération de prospection bancaire généraliste, où l'on doit toucher un maximum de personnes. Quatrièmement, la nécessité de relancer nous oblige aussi à travailler sur des volumes très importants. Cinquièmement, le déclaratif est dangereux lorsqu'on travaille avec un réseau. Si nous orientons vers nos commerciaux en succursales des prospects dont le profil réel ne correspond pas au profil déclaré, nous étouffons la confiance du réseau. »