E-mailing B to B : soyons (enfin) pragmatiques !
Rappelons que l'objectif des dispositions de la LCEN était bien de protéger les consommateurs et non d'intervenir sur le marché interentreprises. Certains sont-ils donc résolus à laisser mourir un pan entier de nos métiers et à brider le développement économique de toute entreprise ciblant des professionnels ?
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Le consentement préalable ne doit s'appliquer qu'aux personnes physiques,
et ne peut pas concerner le cadre de la prospection directe des personnes
morales adressée à des personnes physiques, dans le cas de toute prospection
professionnelle, qu'elle soit adressée à la personne morale ou à une personne
physique rattachée à la personne morale. En effet, une telle protection des
personnes physiques rattachées à une personne morale serait non seulement
disproportionnée et injustifiée, mais également impossible à mettre en
pratique. La moitié des pays européens ont d'ailleurs déjà montré l'exemple en
adoptant très logiquement l'opt-out pour le B to B. Dès fin 2001, le SNCD
dotait les professionnels d'un code de bonne conduite en matière d'e-mailing,
qui n'était à l'époque encadré que par la Loi Informatique et Libertés. La Cnil
avait reconnu et soutenu ce code, dont de nombreuses dispositions ont
d'ailleurs été reprises dans la LCEN: principe de transparence, faculté de
désinscription dans chaque message… Preuve s'il en fallait que les
professionnels étaient parfaitement capables d'autoréguler ce marché alors
émergent en l'absence de règles juridiques précises. Trois ans plus tard,
pourquoi ne pas faire à nouveau confiance à ces mêmes professionnels et à leur
capacité à réguler intelligemment et de façon pragmatique le marché de
l'e-mailing B to B (1) en l'absence de définition claire dans le cadre de la
loi ? Les professionnels se félicitent que la LCEN ait entériné un grand nombre
de leurs préconisations et estiment justifiée la protection des particuliers
imposée par ce texte. Le SNCD s'est d'ailleurs prononcé en faveur de la
collecte d'un consentement actif en ce qui concerne les adresses de personnes
physiques. Mais les professionnels s'accordent à dire que les personnes
physiques rattachées à une personne morale ne justifient aucunement ce même
degré de protection. Il est donc naturel que les e-mails B to B à caractère
professionnel puissent être adressés à une personne physique rattachée à une
personne morale, en lui permettant à tout moment de se désinscrire, le
caractère professionnel étant validé par la nature de l'offre proposée. Le cas
contraire conduirait à condamner la prospection par courrier électronique
d'entreprise à entreprise (B to B) et pas uniquement celle mise en œuvre par
des professionnels de l'e-mailing. L'adresse personnelle rattachée à la
personne morale est une donnée de l'entreprise, laquelle a toléré qu'elle soit
utilisée à titre personnel, mais en aucun cas cette tolérance ne la fait
basculer dans le domaine du B to C. On comprend donc aisément que le
professionnel travaillant au sein d'une entreprise ne peut être considéré que
comme une personne physique rattachée à une personne morale. Il ne peut en
aucun cas être assimilé à une personne physique privée : la notion de
correspondance privée n'est pas valable en B to B. Quant à l'idée d'utiliser
uniquement des adresses e-mail génériques de type fonction@société.com, elle
est totalement inefficace en prospection, car contraire à tous les principes de
personnalisation, de marketing one-to-one, de connaissance des clients,
développés depuis de nombreuses années en marketing direct. Et le fait de
remplacer “nom.prénom” par “fonction” dans l'adresse ne constitue pas une
alternative satisfaisante pour distinguer personne physique et personne morale
en B to B. C'est le contenu du message, la nature de l'offre, qui est à prendre
en considération. Il faut désormais en finir avec les interprétations erronées
et les mesures restrictives : faisons preuve du bon sens nécessaire pour une
autorégulation concertée du B to B afin que les professionnels, annonceurs et
prestataires, puissent continuer à travailler sereinement et que les métiers
du marketing direct soient enfin pérennisés n (1) Le SNCD vient de publier un
nouveau code de déontologie de l'e-mailing B to B et B to C