Commandes sur internet : le client est-il bien traité ?
Commander sur Internet, c'est facile, payer aussi. Mais comment se passe le traitement des commandes ? Ce n'est pas aussi simple. Les internautes sont exigeants, ils ne supportent pas d'attendre plusieurs semaines pour un produit qu'ils ont mis une minute à commander. Noël dernier aux Etats-Unis, la catastrophe a été évitée de justesse devant l'afflux des commandes sur les sites marchands. Pour combien de temps ?
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«L'enjeu du commerce sur Internet, c'est la faculté, pour les marchands, de
trouver des traitements adaptés en terme de vitesse et de restitution de
l'information vers le client. » Pour Antoine Coubray, directeur du pôle
Internet des éditions Atlas, la caractéristique principale du e-commerce est
que, contrairement au commerce traditionnel, l'information, les données sur les
clients et les produits ne sont pas éclatés, mais regroupés dans la même base
de données. « Sur Internet, il n'y a presque pas de ruptures dans le flux des
données, précise-t-il. Les étapes de transformation de l'information sont
regroupées. Le temps de traitement est réduit et le stockage de l'information
se fait dans un ou deux endroits maximum. » Conséquence : pour conserver cette
rapidité, on va transférer vers le client une partie du travail. C'est lui qui
va saisir sa commande. Lui qui va prendre en charge ses règlements. Dans un
monde de commerce traditionnel, ces simples actions représentent deux ou trois
traitements. Les temps de saisies sont raccourcis, une confirmation de prise de
commande ne met plus que deux minutes à se réaliser. Du coup, le degré
d'exigence du client, logiquement, croît d'une manière significative. Il s'agit
donc de lui fournir une prestation adaptée à la vitesse de l'Internet. « Il est
inconcevable qu'un produit dont la commande et le paiement n'ont pris que
quelques minutes mette une semaine à parvenir à son destinataire », précise
Antoine Coubray. Il faut mettre au point des logistiques permettant le retour
des informations sur l'état des commandes au client. Et ne pas oublier que,
pour la première fois, celui-ci dispose du même outil informatique que le
marchand et s'attend à ce qu'il soit à son niveau. L'éditique des bons de
livraisons ou des factures, par exemple, souvent effectuée sur des imprimantes
industrielles, à la définition faible, ne peut que souffrir de la comparaison
quand le client dispose d'une imprimante couleur. « L'exigence de rapidité
vient du client, la logistique doit être en phase, assure Antoine Coubray. Pour
preuve, aux États-Unis, un site comme Kozmo.com, qui assure les livraisons en
une heure dans les grandes métropoles. »
GESTION DE TROIS FLUX
Selon IDC, en décembre 1999, sur 50 sites de e-commerce
consultés, 25 % ont eu des problèmes dans la gestion de leurs commandes et 11 %
pour la gestion de leurs stocks. En outre, durant Noël 1998, 6 % des commandes
passées sur Internet n'ont pas été livrées et 10 % des utilisateurs ont dû
réitérer deux fois leur demande, avant de recevoir leurs produits. Des
constatations qui montrent à l'évidence l'importance de la gestion des
commandes dans l'e-commerce. « Le back-office, c'est fondamentalement la
gestion de trois flux, estime Philippe Clogenson, directeur général
développement chez Bertelsmann Services. Il faut d'abord traiter les
informations dans le système d'information, les flux financiers et enfin les
flux de distribution physique. Avant de se lancer dans l'e-commerce, il faut
savoir traiter l'aval. » Bien souvent, les entreprises qui se lancent dans le
commerce sur Internet ont un autre canal de distribution. Le Web n'étant qu'un
canal supplémentaire, il doit cependant être rattaché au même système
d'information que le ou les autres canaux. « Sur le Net, les consommateurs
veulent tout, tout de suite, précise-t-il. On a beau être dans le virtuel, la
relation avec l'outil est très forte. Et si la logistique ne suit pas, ils ne
reviennent pas. Les délais annoncés doivent être respectés. » Difficile
également de ne pas parler des relations des clients avec le paiement sécurisé.
« Le problème lié au piratage des numéros de carte bancaire est réel. C'est un
frein pour une certaine frange de la clientèle, mais il sera réglé très bientôt
grâce au protocole WAP qui permettra de payer ses achats par carte bancaire
avec son téléphone portable, en toute sécurité. » Reste que, si le client est
en ligne, cela n'empêche pas qu'il utilise aussi le téléphone. « Il ne faut pas
limiter l'e-commerce à la transaction électronique, ajoute Philippe Clogenson.
La voix doit aussi y être associée. » Et pour ce faire, un centre d'appels
digne de ce nom doit disposer des informations provenant du client internaute.
Il n'admettrait pas que son correspondant ne sache pas quel produit il a
commandé.
MÉDIA SUPPLÉMENTAIRE
En fait, en matière de
stratégie commerciale, deux options se présentent. Soit l'Internet n'est qu'un
média supplémentaire dans la formulation d'une commande. C'est le cas pour la
plupart des vépécistes traditionnels comme La Redoute. Ce canal supplémentaire
s'ajoute à la commande papier, par minitel ou encore par téléphone. Dans ce
cas, pour peu qu'il interagisse avec la même base de données que les autres
canaux, sa gestion est relativement simple. Soit ce canal peut aussi être le
seul canal de vente. Et il s'agit alors de capter le maximum d'informations sur
ce que fait ou veut l'internaute lorsqu'il visite un site, afin de lui rendre
la vie plus facile ensuite. De même que, par le truchement du téléphone, on
peut vérifier la disponibilité des produits avant la passation de la commande,
on peut également faire remplir au consommateur une première fois un formulaire
très complet. Ainsi, lorsqu'il repassera une commande, lui seront proposés des
articles dont on est quasiment sûr qu'ils l'intéresseront. « La première fois
qu'on s'adresse à Télémarket, par exemple, il faut remplir un formulaire très
précis, confirme Louis Renaudin, directeur général de Koba. Mais la fois
suivante, une liste de courses sera proposée, tenant compte de l'historique des
commandes. » De même, on pourra afficher les stocks disponibles avec une
logique promotionnelle. Ou encore, gérer les offres en utilisant des outils de
data mining à partir des données sur les commandes, permettant de mieux cibler
la clientèle. Avec des annonces du type : "Il reste encore tel produit,
dépêchez-vous de le commander si vous êtes intéressé." Pour Stéphane Amarsy,
directeur de KobaNet, filiale Internet de Koba, le problème réside dans la
qualité de l'adresse, trop souvent médiocre, surtout lorsqu'elle vient de
l'étranger. « Les formulaires sont mal remplis. 20 à 35 % des adresses postales
sont inutilisables sur Internet », précise-t-il. C'est pourquoi Koba, en
partenariat avec la société américaine Möbius, équipe ses clients marchands
d'un système permettant de visualiser les factures par Internet afin d'en
vérifier la véracité ou l'absence d'erreur dans la rédaction du formulaire. La
facture est dématérialisée, et se présente sous la forme d'une image
physique.
RUPTURE DE STOCKS
« Tout le monde se bat
sur la rapidité des expéditions. En fait, c'est le respect du délai qui est le
plus important. » Serge Gracieux, P-dg de Sama, société spécialisée dans la
logistique et le traitement de l'information, estime que si l'on prévient d'une
rupture de stocks par e-mail ou téléphone, les clients l'admettent. La
faiblesse de la plupart des sites, c'est qu'ils ne sont pas connectés à la base
de données des produits. « Le principal obstacle, c'est la gestion des pointes.
L'activité peut se multiplier par deux, trois ou quatre sur de courtes
périodes. Sans lien avec les stocks, la rupture est inévitable. Cette
insatisfaction génère un danger à court terme. C'est pourquoi, nous proposons
de gérer des entrepôts en back-up pour faire face aux pointes de charge. » Sama
peut également gérer les flux financiers. Soit elle se substitue aux clients,
encaissant pour son compte, soit elle se charge du travail administratif, mais
c'est le client qui encaisse. « Pour une entreprise qui souhaite se lancer dans
l'e-commerce, le danger est à tous les coins de rue. Sama lui permet de se
focaliser sur son métier, apprendre ce nouveau média et, plus tard, se lancer
toute seule », précise-t-il.
PROPOSITIONS EN FONCTION DU PROFIL
Chez Bol.fr, le site de vente de livres et de musiques,
joint venture entre Bertelsmann et Havas, on cherche à faciliter au maximum la
navigation de l'internaute, afin qu'il puisse choisir et commander les produits
le plus rapidement possible. « Notre objectif, c'est de réduire le nombre de
clics. Nous disposons, pour réaliser ce projet, d'un outil qui nous permet de
faire des propositions à l'internaute en fonction de son profil et de
l'historique de ses achats », déclare Patrice Laurin, directeur des systèmes
d'information et des opérations de Bol France. Le mode de règlement habituel
et l'adresse de livraison sont saisis dans le profil, de même que le numéro de
carte bancaire. « Ainsi, le consommateur n'a pas besoin de réintroduire ces
données lorsqu'il recommande sur le site. » Il dispose même de la formule de
Commande Express en un seul clic, l'identification du client se faisant par un
mot de passe et la confirmation par e-mail. Pour les règlements par chèque,
l'encaissement a lieu cinq jours après passation de la commande. L'objectif,
est d'encaisser les règlements après réception des marchandises. Pour
l'instant, le rapprochement entre commande et chèque se fait physiquement. « Le
trafic n'est pas encore assez important pour industrialiser ce processus »,
précise Patrice Laurin. Et si le stock des produits n'est pas encore en ligne,
il est préparé pour correspondre au maximum à la demande. « La règle des 20/80
n'est pas efficace lorsqu'il s'agit de livre, précise-t-il. Pour les titres
moins demandés, nous nous débrouillons pour que le sourcing soit le plus rapide
possible. » Les titres demandés ainsi que les informations collectées sont
regroupés en un point unique, un entrepôt où les commandes sont préparées. Un
schéma logistique correspondant à une problématique de grande distribution
traditionnelle. Reste que l'internaute peut suivre le bon déroulement de sa
commande en ligne : un e-mail lui est envoyé à chaque étape. Chez
Mistergooddeal.com, un site de vente de produits de déstockage, on a choisi un
système de gestion des commandes par Extranet, accessible aux partenaires et
ouvert aux clients. « La base de données est la même pour tout le monde »,
explique Nicolas Berloty, directeur des opérations. Concrètement, les
informations étant regroupées dans la même base, tous les services y ont accès,
en fonction bien sûr de leurs autorisations. Le client peut suivre en temps
réel l'état de sa commande. Le service client a accès à toutes les statistiques
et les transporteurs vérifient le niveau de la préparation en entrepôt. « Les
objets commandés peuvent être dans notre entrepôt, mais aussi chez nos
fournisseurs, poursuit Nicolas Berloty. C'est pourquoi nous les poussons à
s'équiper du même outil que le nôtre. Entre 5 et 10 % de nos clients
choisissent de chercher sur place les objets achetés. Lorsque la marchandise
est chez le fournisseur, cela complexifie la gestion. » En ce qui concerne les
paiements, ceux-ci se font par chèque ou carte bancaire. La partie carte
bancaire est gérée par Atos, aucun numéro de carte bancaire ne transitant sur
le site. Une formule plus sûre, sachant qu'un site marchand a récemment vu un
pirate s'emparer d'une liste de numéros de carte bancaire qui transitaient sur
son site. Nicolas Berloty semble tout à fait satisfait de son outil. «
L'Extranet est une formule peu coûteuse et efficace, les liaisons sont
sécurisées. Les utilisateurs en sont parfaitement contents. » Quant aux
transporteurs, Mistergooddeal passe par La Poste pour les colis de moins de 30
kg, et le transporteur Dubois pour les gros volumes. Les délais : de 2 à 5
jours en région parisienne, de 10 jours maximum en province. Tradorama.com,
site professionnel destiné au négoce de biens d'équipement pour les
entreprises, a choisi une solution assez sophistiquée de prise de commande.
Exemple : un constructeur d'ordinateurs désire mettre en vente une fin de
série. Il remplit la fiche produit, indique la quantité, la localisation et la
disponibilité du produit. Lorsqu'une entreprise veut acheter ce ou ces
produits, elle fait une proposition. Si un ordinateur est vendu 10 000 francs
et qu'elle en veut 10, elle pourra proposer 80 000 francs. Tradorama transmet
l'offre au constructeur. « Nous recréons une négociation commerciale », affirme
Bernard Grouchko, un des fondateurs de Tradorama. Lorsque la négociation a
abouti, l'acheteur valide sa commande. Il peut soit payer en ligne, soit régler
un acompte en ligne afin de sceller l'affaire, et valider la disponibilité du
produit. On décale de 24 heures le traitement de l'acompte et, si l'article
n'est pas disponible, la commande est annulée. Le mode de règlement se fait par
virement uniquement, les coordonnées bancaires transitant sur le site. Quand le
client a réservé et réglé son acompte, Tradorama, seul interlocuteur, passe une
commande ferme. Reste à régler le problème des frais de livraison. Car le
vendeur donne un prix de vente n'incluant pas le transport. Tradorama dispose
d'un logiciel spécifique lui permettant de coter le coût de transports des
produits en fonction de tous les paramètres envisageables : éloignement, poids,
volume... L'acheteur sait ainsi, dès le départ, combien va lui coûter
exactement le produit. « L'information clé, c'est l'adresse de livraison, c'est
grâce à elle qu'on va calculer le prix du transport », précise Bernard
Grouchko. Quand Tradorama a reçu le paiement, il envoie un message vers le
transporteur et chez le vendeur, demandant d'enlever le colis sous 48 heures.
Le numéro de colis est attribué par Tradorama, ce qui permet d'éviter que le
vendeur ait les coordonnées de l'acheteur. Une fois la marchandise livrée au
client, un exemplaire du bon de livraison est transmis à Tradorama. L'opération
est terminée.
EXTERNALISATION
La gestion commerciale
et financière d'un site marchand sur Internet peut effrayer une petite
entreprise. Une grande entreprise n'envisage pas forcément de mobiliser des
forces commerciales spécifiques pour ce canal. Pourquoi ne pas externaliser
cette fonction ? France Télécom, avec Télécommerce, propose une solution
d'externalisation de la gestion de la commande permettant de mutualiser le bon
de commande. « Le client marchand a ou n'a pas de site. S'il n'en a pas, il
fait appel à un partenaire qui concevra et hébergera son site où il le désire.
Il sera relié à la plate-forme back-office Télécommerce qui gérera commandes et
livraisons », déclare Isabelle Moins, directeur marketing opérationnel de
Télécommerce. Concrètement, lorsque le client clique sur un bouton de
commande, il est relié à la plate-forme de France Télécom. Une phase de
validation du marchand et du produit intervient. La plate-forme ne vérifie pas
encore l'adresse, bien qu'il soit possible à France Télécom de le faire, grâce
à son fichier propre. « Souvent, l'adresse de l'acheteur est différente de
celle de livraison », ajoute Isabelle Moins. La validité de la carte bancaire
est également vérifiée. Et si tout est en ordre, un reçu électronique est
envoyé à l'internaute et au marchand. Ce dernier doit alors confirmer sa
capacité à livrer. Soit il s'engage à livrer au plus vite, soit il assure de
livrer en un temps donné. Le reçu est mis à jour. La phase de paiement est mise
en route, le compte de l'acheteur sera débité sous huit jours. En outre, France
Télécom met à la disposition des internautes une hot line : s'il n'est pas
livré en temps, France Télécom s'engage à en avertir le marchand, jouant le
rôle d'intermédiaire. « Il est impossible de ne pas être livré, affirme
Isabelle Moins. L'internaute dispose de l'adresse du marchand. Celui-ci
s'engage réellement. De plus, le bon de commande est sécurisé et infalsifiable.
Enfin, les numéros de carte bancaire ne sont jamais transmis aux marchands afin
d'éviter le piratage. » En matière de logistique, France Télécom dispose de
partenariat avec des transporteurs. Grâce à une interface entre son système
d'information et ceux de Chronopost et de Colissimo, elle sait à tout moment où
en est la commande et mettre à jour le bon de commande. Enfin, les informations
comportementales des internautes, non nominatives, lui permettent de fournir
des services de ventes croisées. Sachant, par exemple, que les internautes qui
achètent du vin achètent aussi du chocolat, des opérations communes entre
marchands sont envisageables.
TRACKING DES PRODUITS
Chez Integra, un des principaux opérateurs de sites de commerce électronique,
l'accent est mis sur la sécurité des échanges. « Les flux d'informations sur le
client comme sur les produits ou même sur les modalités de paiement sont
doublés lorsqu'ils sont envoyés vers le système de back-office », précise
Corine Lozé, directrice des services clients. Le but est d'assurer la
disponibilité des produits. Selon elle, deux types de vente sont
envisageables. Lorsque l'article est disponible, la transaction est simple.
Sinon, en cas de délai, on confirme la disponibilité. Mais lorsque plusieurs
articles sont commandés et qu'un manquant entraîne un retard dans la livraison,
il faut pouvoir préciser les délais. Et choisir si on préfère retarder la
livraison pour assurer un seul envoi. « A tout moment, le client doit pouvoir
savoir où en est l'état de sa commande. En France, la plupart des marchands
mettent en avant le tracking des produits, déclare-t-elle. C'est une bonne
stratégie. Si on fournit une information pertinente, le client est rassuré.
C'est un des critères majeurs d'achat sur le Net. Reste que quand un marchand
annonce un délai de livraison de deux à quatre jours, il a tout intérêt à
envoyer un mail juste après la prise de commande, assurant la date de
livraison. » Integra met également en avant l'aide en ligne, par l'offre de
points, selon les produits achetés, afin de fidéliser les consommateurs. Elle
dispose d'un outil appelé WebTouch, utilisé pour les produits d'assurances ; il
consiste en une fenêtre de "chat" permettant à l'agent, en temps réel, d'aider
l'internaute à remplir le formulaire du contrat d'assurances. Et même le
remplir à la place du client. L'offre d'Integra permet d'interconnecter ses
propres systèmes avec les systèmes d'informations de ses clients, afin
d'assurer la disponibilité des produits et le suivi des commandes. L'idée,
c'est de construire un back-office permettant de suivre les commandes en temps
réel. Les systèmes sont donc doublés pour limiter les risques. « En plus des
e-mails systématiques, le marchand dispose d'autres moyens pour consulter les
commandes en cour », conclut Corine Lozé.
LOGISTIQUE MUTUALISÉE
Pourquoi ne pas externaliser totalement la fonction
logistique et le back-office ? C'est en constatant que le domaine des
prestations logistiques était en pleine évolution que Luc de Murard, P-dg de
CrossLog, a décidé de mettre au point une société de conseil en logistique pour
l'e-commerce. « Aujourd'hui, les délais de livraisons vont de 1 à 48 heures.
Dans certaines villes, certains sites livrent en une demi-heure. Pour autant,
la qualité dans la prestation n'est pas vraiment là, et les engagements sont
rarement tenus. Il y a un réel besoin de conseil en pilotage de la logistique
», déclare-t-il. Tous les produits ne nécessitent pas, il est vrai, les mêmes
prestations logistiques. La taille des produits diffère, leur structure aussi.
« Si on commande un lampadaire et un produit semi-frais, la logistique est
différente. De même, un client au fin fond du Larzac n'a pas les mêmes besoins
qu'un cadre urbain en terme de rapidité ou de coût », ajoute-t-il. Il s'agit
donc de s'adresser à un pool de prestataires, chacun spécialisé dans un domaine
précis. Un site marchand qui n'a affaire qu'avec un seul prestataire logistique
risque d'y perdre des plumes. De même, certains e-marchands souhaitent
fonctionner sans stock. On passe de la logique "J'achète, je stocke et je
livre" à "Je vends, j'achète, je livre". Cette formule implique une fonction de
cross docking. Les colis arrivent le matin et repartent le soir. La préparation
de commande se fait sur place, car ce sont des produits qui arrivent, pas des
colis. « Piloter ce type de logistique, c'est compliqué. Mieux vaut
externaliser cette fonction pour mieux se consacrer à la gestion marketing et
commerciale », conseille Luc de Murard. CrossLog propose trois types de
formules. La première contrôle la totalité de l'exécution logistique : le
pilotage des prestataires - transport, entreposage, préparation des commandes,
livraison et délivrance client -, la gestion de l'ensemble des flux
marchandise, la traçabilité des commandes, la gestion des aléas partenaires, le
retour et le SAV. La deuxième option englobe la gestion de la supply-chain :
calcul des besoins d'approvisionnement des produits, pilotage des fournisseurs
et des grossistes, gestion des stocks/disponibilité des produits. La dernière
option assure le traitement CRM logistique : prise de rendez-vous du
destinataire, confirmation du rendez-vous destinataire, relation client sur
l'avancement des commandes, les litiges, le SAV et les retours, les NPAI et les
refus de livraison. Le recours à CrossLog permet, selon Luc de Murard, de
sécuriser la montée en puissance d'un site (à Noël par exemple), de
variabiliser les coûts de structure, d'éviter les investissements informatiques
de back-office logistique et de réduire les coûts sur achats de prestations
logistiques par effets de volume. On sait ce qu'à coûté à Toy's R us, aux
Etats-Unis, les délais d'approvisionnement des achats sur son site web pour
Noël dernier. Le trafic sur le site ayant été multiplié par dix à la suite
d'une opération de promotion, il a fallu que le distributeur offre des bons
d'achat de 100 dollars pour contenter les surfers dont les commandes n'avaient
par été livrées à temps. On se rend compte du caractère éminemment stratégique
de la gestion des commandes. Le principal challenge, c'est de les traiter en
temps réel. Ce qui nécessite la refonte des systèmes d'information marketing.
Pour réaliser une véritable relation 1 to 1, il s'agit de connaître le client
"intimement". S'il appelle pour un retard de trois semaines sur un produit,
selon qu'il est rentable, on lui enverra en recommandé. Sinon, il attendra
encore. Et s'il n'est pas rentable, mais qu'il confie ses désagréments à un
client potentiellement rentable, que fait-on ?
Xerox.fr : B to B avec le réseau
Bien souvent, pour une marque, la vente de produits sur Internet est vue par son circuit de distribution comme une trahison. Levi Strauss, par exemple, a dû fermer son site Internet un an après l'avoir ouvert : son coût de gestion était trop élevé et ses revendeurs "classiques" avaient peu apprécié cette concurrence. Chez Xerox France, le site xerox-online permet au client de choisir son distributeur en fonction des critères de service. Soit il contacte le centre d'appel Xerox afin d'avoir une information produit, soit il consulte et commande par un réseau de proximité produits ou consommables associés en passant par Xerox-Store.fr, le site des concessionnaires Xerox. Le client a également la possibilité de consulter et commander à des spécialistes du e-business, partenaires Xerox, ou enfin, il peut faire appel à un réseau de spécialistes informatiques et d'intégrateurs. « Chaque concessionnaire Xerox dispose d'un espace personnalisé à son enseigne, commente Charles Dauman, directeur du Télébusiness center de Xerox. Et lorsqu'un client passe une commande sur le Web, automatiquement, un fax est envoyé au concessionnaire concerné. » En outre, un Extranet réservé aux concessionnaires leur permet de consulter les bons de commande et de commander aux grossistes concernés le produit demandé. Une stratégie gagnant-gagnant. Les concessionnaires ou partenaires, disposent d'un espace sur l'Internet - 4 pages leur sont réservées pour présenter leur société - et d'un outil de gestion totalement intégré. Xerox quant à lui, peut contrôler les résultats de son réseau de distribution.