« Membre, établissement et American Express : une relation triangulaire unique »
American Express fête les dix ans de son programme de fidélité “Membership Rewards”. Sans pour autant abandonner ses fondamentaux, un fonctionnement simple et motivant, il se recentre sur une communication plus aspirationnelle, en phase avec le nouveau slogan de la marque, “Long Live Dreams” (Vos rêves ont de l'avenir). Benoît Gruet, directeur marketing Consumer Card, fait le point.
Je m'abonneCela fait dix ans déjà qu'American Express a lancé le programme de fidélité “Membership Rewards”. Quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?
Membership Rewards a été lancé tout d'abord aux Etats-Unis en
1991, puis en France en 1993. La France est l'un des deux premiers pays
européens, après l'Angleterre, à avoir lancé ce programme qui, on peut le dire
aujourd'hui, fait qu'American Express jouit d'une position différenciante sur
son marché. On sait depuis quelques années que ce programme est l'un des
supports essentiels et vitaux de notre business model.
Coûte-t-il cher ?
Oui. Mais il se traduit par davantage de fidélité et
d'utilisation de la carte American Express. C'est donc un modèle de fidélité
très efficace. Au bout de dix ans, nous avons signé des accords avec une
quarantaine de partenaires. Nous opérons certes sur le marché français, mais
c'est un programme international. Il compte 8 millions d'adhérents dont un peu
moins de 2 millions sur l'Europe. Chaque marché dispose à la fois des
partenaires internationaux, mais signe également des partenariats locaux qui
offrent des primes au niveau du marché français exclusivement.
Qui sont ces partenaires ?
Nous avons d'abord des partenaires
internationaux dans les secteurs du tourisme, des loisirs et de l'art de vivre.
Des chaînes d'hôtels comme Hilton, Marriot, Accor ou Warwick. Des compagnies
aériennes telles que Air France, Delta Airlines, Iberia ou Alitalia. Autre
point fort : la location de voitures, avec Hertz et Avis, des grands du
secteur. Il y a aussi des partenaires locaux. Le fleuriste en ligne Aquarelle,
par exemple. En 2002, nous avons signé avec ChateauOnline, le leader français
de la distribution de vin sur le Net, mais nous avons aussi signé avec le
Savour Club et, plus récemment, avec Blue Green, une chaîne qui possède 20
golfs en France. Nous allons nous positionner fortement sur le secteur du
golf, car nous cherchons à offrir des primes qui correspondent aux styles de
vie de nos clients. Un autre bon exemple de ce positionnement : l'arrivée en
2001 dans le programme de l'Occitane, une société spécialisée dans les produits
naturels. Nous cherchons à établir un équilibre entre des secteurs
traditionnels que l'on est en droit d'attendre sur ce type de programme depuis
l'origine, et d'autres partenaires locaux s'inscrivant dans une problématique
de loisirs et d'art de vivre. Il faut noter que, si deux tiers des points sont
consommés par les programmes aériens et hôteliers, lorsque l'on rapporte ce
chiffre en fonction du nombre de primes consommées, il tombe à 50. Depuis 2 ou
3 ans, nous avons développé de nombreuses primes plus accessibles. Un bouquet
de fleurs pour 3 100 points, par exemple, ou encore pour 12 800 points une
caisse découverte de vin australien avec ChateauOnline. Avec L'Occitane, pour
3 400 points, il est possible de s'offrir un package de produits de senteurs.
Nous avons développé des primes autres qu'aériennes afin de renforcer cette
notion de variété.
Quelle était l'idée de départ et comment fonctionne le programme Membership Rewards ?
Il y a un peu plus de
dix ans, nous avons réfléchi au moyen de donner toujours plus de valeur aux
titulaires de nos cartes. Celles-ci étaient fortement reconnues pour leur
niveau de service et leurs assurances à travers le monde. Nous avons donc mis
au point une politique de fidélisation généreuse et Membership Rewards est né
de cette réflexion. Le principe du programme est simple à appréhender : chaque
dépense effectuée avec la carte permet de cumuler des points, sur la base de 1
euro = 1 point. Plus le titulaire dépense, plus on est généreux. Pour que les
titulaires de carte s'inscrivent, nous avons fait preuve de pédagogie. Chez
American Express, une des règles d'or, c'est qu'en aucun cas, le titulaire
d'une carte ne se voit imposer le programme de fidélité. Il doit faire une
démarche volontaire. De plus, quand il est titulaire d'une carte d'entrée de
gamme, Blue ou Green, il doit payer une cotisation de 20E par an pour entrer
dans le programme. A partir de la carte Gold ou Platinum, il n'y a pas de
cotisation, mais le titulaire doit en exprimer le désir. Pas d'enrôlement
automatique. De plus, il faut faire comprendre au membre qu'à chaque fois qu'il
utilise sa carte, il a des points. Car le programme est un moteur important
d'utilisation de la carte. Une étude a démontré que 40 % de nos titulaires,
lorsqu'ils vont dans un établissement où la carte n'est pas acceptée, n'y
retournent pas. Que ce soit dans le secteur de la restauration ou de
l'hôtellerie, ils sont frustrés de ne pas pouvoir collecter des points. Si on
prend un indice de dépense de 100 pour un titulaire qui n'est pas dans le
programme, on sait que, lorsqu'il s'affilie au programme “Membership Rewards”,
son indice passera à 160. Quant à la fidélité, elle est deux fois et demie
supérieure, lorsqu'il participe au programme. En conclusion, on ne s'interroge
plus sur sa rentabilité.
Quelles sont les spécificités de la carte American Express ?
La force d'American Express, c'est la
relation triangulaire. Il y a l'établissement, le Card Member et American
Express. Il faut que le titulaire aille dans l'établissement partenaire. Nous
sommes capables de cibler nos communications et de faire ressortir, par
exemple, que s'il va dans un hôtel partenaire, il peut bénéficier d'un upgrade.
Nous discutons toute l'année avec les partenaires afin de savoir quels sont
leurs besoins. A quelle époque veulent-ils promouvoir leur activité, avec quel
type d'offre et pour quelle clientèle. Cette relation triangulaire, nous sommes
les seuls à l'avoir en France dans l'industrie de la carte de paiement de
débit. Nous pouvons proposer aux Galeries Lafayette de communiquer sur une
offre à une population de titulaires de carte American Express qui a déjà
consommé dans l'enseigne et qui habite en région parisienne, parce qu'il est
inutile d'envoyer un message au fin fond de l'Aveyron pour ce type d'offre. De
plus, nous avons identifié un segment de titulaires anglais qui utilisent
souvent la navette Eurostar pour faire du shopping à Paris. Pourquoi ne pas
leur proposer de voir en même temps un défilé de mode aux Galeries Lafayette
?
Quels sont vos relations avec les banques membres du GIE Carte Bancaire ?
Nous sommes historiquement concurrents des cartes
bancaires, mais en réalité, nous sommes complémentaires. Pour preuve, il y a un
an et demi nous avons signé un accord avec la Société Générale. Celle-ci
propose à sa clientèle aisée une carte Gold ou Platinum siglée à sa marque.
C'est un signe qui montre que l'on peut exister en parallèle avec les cartes
bancaires. Avec ma carte Gold Société Générale, j'ai notamment un service de
conseil patrimonial. La Société Générale a compris son intérêt qui est de
parler d'une manière différenciée à ses clients haut de gamme. American Express
lui offre la possibilité d'analyser leur comportement et de faire du data
mining. Le GIE distribue des millions de cartes. Nous, nous sommes plus
modestes, mais nous sommes un peu les “Consodata” des moyens de paiement. Nous
sommes très fins dans l'analyse de comportement. Nous travaillons le haut du
panier, la clientèle aisée, vers laquelle nous avons construit une offre soit
de carte générique, soit en cobranding. On segmente, on analyse. C'est un
partenariat gagnant/gagnant. American Express n'en tire pas seul le bénéfice.
Les établissements avec lesquels nous montons un partenariat, par exemple Air
France ou la Société Générale, ou ceux qui sont reliés au programme Membership
Rewards, ont un bénéfice marketing et financier à travailler avec nous. On sait
quels sont les résultats de nos opérations et s'il est intéressant ou non de
les reconduire.
Comment animez-vous le programme Membership Rewards ?
Les adhérents bénéficient régulièrement d'offres
promotionnelles proposées par les partenaires du programme. Ils en sont
informés par leur relevé de compte ainsi que par une lettre mensuelle
L'Actualité Membership Rewards. En outre, ils reçoivent Le Guide annuel. Il est
envoyé en début d'année et récapitule l'ensemble des offres de nos partenaires.
Ce guide bénéficie d'une très bonne prise en mains. De plus, régulièrement,
nous lançons avec certains partenaires des offres “Bonus de points” qui
permettent de gagner encore plus vite des points.
Avez-vous d'autres exemples d'animations avec des établissements partenaires ?
Avec le Groupe Galeries Lafayette, qui est un de nos plus
anciens partenaires. Depuis plus de dix ans, à la fin du mois de novembre, nous
proposons aux adhérents une opération “Late Night Shopping”. Pendant une
soirée, les Galeries Lafayette sont réservées exclusivement à nos titulaires de
carte. Ils y font leurs achats de Noël avec des réductions et des privilèges.
De plus, nous développons des offres en fonction des catégories des membres.
Lors de la dernière opération, les titulaires Platinum, par exemple, étaient
invités à une dégustation de foie gras, dans un salon privé dans le cadre de
cette soirée.
Comment est organisé votre service client ?
C'est l'une des grandes forces d'American Express. Les centres
d'appels sont présents dans 130 pays dans le monde et sont ouverts 24 h /24.
Historiquement, l'outil téléphone est très important chez American Express. Le
personnel des centres d'appels est trié sur le volet. Il répond, soit dans les
situations classiques d'information, soit dans des conditions d'urgence. Nous
nous attachons à conforter notre message publicitaire qui dit : “Ce n'est pas
une carte, mais son clone en cas de perte, prêt sous 48h partout dans le
monde”. Cet engagement, nous sommes les seuls en France à pouvoir le respecter.
Imaginez que vous perdiez votre carte en Bolivie, douze heures avant de partir
pour la Patagonie. Vous disposerez de votre carte en Patagonie. Dans la plupart
des cas, votre nouvelle carte vous sera remise à l'aéroport, avant votre vol.
Les personnels des centres d'appels sont incités par des récompenses à aller
au-delà de nos engagements.
Envisagez-vous d'autres formes de communication ?
Notre nouveau slogan “Long Live Dreams” - Vos
rêves ont de l'avenir - nous y incite. Signe de cette orientation : l'arrivée
en tant que partenaires de notre programme de fidélité de l'Espace Yonka, un
centre de soins du visage et du corps, des golfs Blue Green. Notre modèle de
communication aspirationnelle nous pousse à travailler sur des offres de primes
plus événementielles. Echanger des points contre un trekking au Népal ou passer
le nouvel an dans un hôtel de glace en Laponie. Nous nous adressons à des
titulaires qui ont des rêves et qui les réalisent grâce à la carte. C'est une
évolution en termes de territoire de communication. C'est pourquoi, nous allons
changer la maquette de notre guide en lui donnant un contenu beaucoup plus
éditorial le rapprochant d'un consumer magazine. Les fondamentaux du programme
ne changeront pas.
Avez-vous recours à une agence pour votre communication ?
Pour la publicité, nous travaillons avec Ogilvy
and Mather. Pour le marketing direct, c'est OgilvyOne. En revanche, pour la
refonte du guide, nous nous sommes adressés à un spécialiste de l'édition de
guides publi-rédactionnels, l'agence Redwood, basée au Royaume-Uni. Nous avons
commencé à réfléchir sur la nouvelle maquette du guide en juillet 2003. En
parallèle, la nouvelle campagne de communication sur le thème “Vos rêves ont de
l'avenir” a été lancée en septembre 2003. Le guide, de 30 à 40 pages, sortira
en mars 2004. Sa maquette est celle d'un vrai magazine. Son nom, qui devrait
être Imagine, le positionne dans le rêve et dans la proposition. Même look pour
toute l'Europe, mais les pages intérieures seront déclinées selon les
spécificités de chaque pays.
Biographie
Benoît Gruet est diplômé en Economie Agro-Alimentaire (IHEDREA) et est titulaire d'un DESS de direction et management stratégique de l'entreprise (ESCP-EAP). Il a débuté sa carrière au sein des groupes publicitaires BBDO puis Ayer, en tant que responsable de budget (1987-1991). Entré chez Disney en 1992, il a travaillé au sein de la division marketing et ventes de Disneyland Paris avant de prendre, en 1995, la tête du département Marketing Partenariat Europe. De 1998 à 2000, il a dirigé le service marketing de la division Foreign Exchange Services Europe American Express. Il occupe les fonctions de directeur marketing Consumer Card France depuis juillet 2000.
L'entreprise 1850 : date de la création d'American Express Company. 1895 : American Express ouvre à Paris son premier bureau hors du continent Nord-américain. Total des revenus nets 2002 : 22,80 milliards de dollars. 3 700 agences et représentants voyages pour particuliers et entreprises. 57,3 millions de cartes en circulation acceptées dans plus de 200 pays. Volume de dépenses cartes : 311,4 milliards de dollars. Plus de 500 000 DAB. 755 000 collaborateurs dans 130 pays.