Twitter et la limite des 140 caractères, c'est fini ?
Twitter pourrait allonger le nombre des caractères des tweets de 140 à quelque 10 000. Le changement viserait-il à attirer davantage d'annonceurs dans la twittosphère ?
Les sacro-saints 140 caractères des posts Twitter vivraient-ils leurs dernières heures ? Le réseau social se préparerait à repousser cette limite à 10 000 caractères, selon le site américain Re/code, dont l'information proviendrait de "plusieurs sources au fait des projets de la société". La longueur des tweets serait ainsi calquée sur celle des messages privés (ou Direct Messages), rallongée depuis le mois d'août 2015. Re/code note, néanmoins, que le chiffre de 10 000 signes n'est pas gravé dans le marbre : "Il est possible que la limite de caractères varie avant que ne soit déployé le projet final, que Twitter nomme "Au-delà de 140"."
En pratique, révèle la source anonyme, un tweet apparaîtra toujours en 140 caractères : ce n'est que lorsque l'utilisateur cliquera dessus que l'intégralité du message sera visible. Pour le réseau de Jack Dorsey, il s'agit d'ajouter plus de contenus sans perturber l'ergonomie de la timeline. Quant à la mise en oeuvre, la fonctionnalité pourrait être lancée à la fin du premier trimestre 2016, révèle encore le média.
Alors, rumeur ou vrai projet ?
La direction de la communication EMEA de Twitter renvoie vers le tweet de son fondateur Jack Dorsey, "seule communication officielle" du site de microblogging qui semble valider la véracité des spéculations. "En se focalisant sur la conversation, la majorité des tweets sera toujours courte", se veut-il rassurant.
- Jack (@jack) 5 Janvier 2016
Pour Marie Dolle, spécialiste en stratégie de contenu digital chez Kantar Media, le message est clair : "Jack Dorsey utilise une image - reprenant la technique des twittos pour s'affranchir des 140 caractères - pour expliquer son choix. C'est une manière de dire "on vous a entendu et on vous offre de l'espace en plus". En touchant à la limite des 140 signes Jack Dorsey donne le ton pour 2016 : l'heure du changement a sonné !" L'experte y voit pourtant davantage un "effet d'annonce" qu'un véritable "bouleversement".
"Ce changement s'inscrit dans la tendance des médias sociaux à multiplier les services et à intégrer des fonctionnalités d'autres réseaux qui ont fait leurs preuves, note Marie Dolle. On ne peut, en effet, que constater les similitudes avec Facebook, tout comme le développement des microséquences animées avec ScratchReel et l'abandon du favori pour les coeurs, par exemple."
Une opportunité pour les annonceurs ?
La publication de longs messages entre dans la stratégie du réseau social dont l'ambition affichée est d'accroître ses revenus en élargissant sa base d'audience composée de 320 millions d'utilisateurs actifs (décembre 2015) et de 500 millions d'utilisateurs non membres, "un potentiel de reach, d'éditorial et de monétisation", expliquait Damien Viel, directeur général de Twitter France, lors du dernier Hubday Future of Social Media. Ce que confirme Judicaël Gillet, directeur de l'agence BlueMarketing : "En faisant sauter la limite des 140 caractères, Twitter souhaite augmenter son nombre d'utilisateurs, condition pour contribuer à atteindre son seuil de rentabilité, ainsi que le temps moyen passé sur Twitter, en rendant les membres plus bavards. Twitter pense que ces deux éléments permettront d'augmenter mécaniquement les ressources publicitaires."
Plus de possibilités en matière de ciblage
Mais, les annonceurs vont-ils offrir "un coeur" au projet du réseau social, en perte de vitesse publicitaire sur les premiers mois de 2015 ? Il n'est pas difficile d'imaginer que les marques puissent se servir de la fonctionnalité comme d'un outil de teaser dans le déploiement de leurs campagnes. "Nos timelines sont déjà saturées de tweets : allons-nous dérouler tous ceux de plus de 140 caractères ? Évidemment, non, et encore moins s'il s'agit d'une publicité de marque", tranche la spécialiste de Kantar Media.
Moins catégorique, Judicaël Gillet y voit une opportunité de capter davantage d'annonceurs, "jusque-là réticents par les limites imposées". "Le contenu étant plus long, les messages plus riches, les annonceurs auront également plus de possibilités en matière de ciblage, complète-t-il. Ceci semble s'inscrire dans la lignée de l'annonce de Twitter, faite début décembre, de pouvoir afficher de la publicité aux internautes qui consultent la plateforme sans être connectés."
3 opportunités, selon Judicaël Gillet (BlueMarketing)
- Une nouvelle audience d'individus qui se sentaient jusque-là bridés face à cette limite des 140 caractères.
- Disposer d'un cadre plus souple pour véhiculer leurs messages, publicitaires ou non, de façon plus étayée.
- Du contenu plus riche indexable par les moteurs de recherche.
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