Guilhem Fouetillou, le virtuose du Web social

Le Web, plus qu'un média, un miroir pour se connecter au consommateur en temps réel... La vision, inscrite dès 2002 dans la tête de Guilhem Fouetillou et de trois camarades de l'école de technologie de Compiègne, n'a pas pris une ride. Ces ingénieurs à la fibre sociale l'ont même intégrée à l'ADN de leur entreprise : Linkfluence, née en 2006, "dans l'objectif de mieux comprendre la société", glisse le fondateur. Depuis, Internet a évolué, à grands coups de médias sociaux, de Twitter à Facebook en passant par WeChat et Weibo... et la data s'est multipliée. La société spécialisée dans le social media intelligence a d'ailleurs fait de l'enrichissement de la donnée son coeur de métier. "La première dimension de notre activité est l'analyse des textes et des images, explique Guilhem Fouetillou, et leur qualification en positif, négatif ou neutre. Puis, nous étudions la viralité de ces contenus, à savoir la vitesse de diffusion des messages, le reach ou encore l'influence des sources qui les partagent. Enfin, nous travaillons à qualifier le locuteur du message, son âge, son sexe ou son métier, par exemple." Résultat : Linkfluence indexe, chaque jour, 150 millions de contenus du Web ouvert - blogs, forums, médias en ligne, ou, encore médias sociaux publics - en quelque 62 langues, soit plus de 50 milliards de "matière" par an.

De la communication... à l'écoute sociale

300 clients dans le monde ont ainsi fait appel à Linkfluence et à son logiciel Radarly, dont la première version date de 2012. D'abord, avec un effet de mode, pour surveiller leur e-réputation, comprenez leur réputation sur la toile, puis, depuis cinq ans - et l'explosion de la présence des consommateurs sur les réseaux sociaux - davantage dans une optique de gestion de la relation client. Suivre une crise, mesurer la satisfaction client, apprécier les retombées presse, repérer les contrefaçons, suivre la consumer journey ou, encore, détecter des problèmes sur le packaging... Les marques ont saisi l'opportunité des médias sociaux. Et la tendance ne faiblit pas : "D'ici 2020, 50 % du budget du marketing research de Danone aura basculé sur le listening", avance Guilhem Fouetillou.

Ergonomique et facile d'utilisation, l'outil de Linkfluence ambitionne, aussi, de décloisonner l'exploration de la Big Data dans l'entreprise. "La donnée n'est plus une matière magique pour un sérail d'initiés, prône le Chief Evangelist Officer, mais un outil de mise en contact des professionnels du marketing avec les consommateurs". L'entreprise a mis les moyens, avec une levée de fonds, à l'été 2016, de 12 millions d'euros, essentiellement investis en R & D. "Notre outil s'apparente à un piano, image Guilhem Fouetillou. Chacun, si l'instrument est accordé, peut jouer. Mais s'il s'agit d'un grand morceau, rien ne vaut un virtuose", complète-t-il, en faisant valoir l'expertise du département "institut d'études" de Linkfluence. La conviction de l'entreprise est claire : rien ne sert de vendre son logiciel, si de nouveaux usages ne sont pas créés au sein des marques.