E-commerce, livraison, environnement : l’équation impossible ?
Deux tendances semblent s’opposer, irrémédiablement. D’un côté, le développement du e-commerce, qui implique des systèmes de livraison de plus en plus réactifs pour satisfaire des clients exigeants. De l’autre, la nécessité bien réelle de mettre en place une politique de réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, auxquelles les camions de livraison, justement, participent largement dans les villes. Inconciliable ?
La Mairie de Paris envisage d’interdire dès l’été prochain la circulation, de jour, de certains camions de livraison jugés trop polluants. Ensuite, le tour viendra des camionnettes. Que des dérogations soient faites, c’est très probable. Mais la certitude est que la tendance est là : les villes étouffent des véhicules à « arrêts fréquents », encombrant la chaussée et polluant l’atmosphère. Les politiques urbaines s’orientent toute vers une restriction d’usage de la chaussée.
Parallèlement, la vente à distance et les sites de e-commerce ne se sont jamais aussi bien portés. Les consommateurs en sont friands et les usages ont radicalement changé : choisir, cliquer, recevoir. Et le tout en un temps record. Ce n’est plus une promesse de site marchand, c’est une obligation. Y déroger, c’est prendre le risque de perdre la vente. Dès lors, comment accompagner le développement d’un secteur économique créateur d’emplois sans lui couper les ailes, pour ne pas dire les roues ? La logistique, maillon faible du e-commerce, replonge le virtuel dans les dures lois du réel : les produits ne se déplacent pas tout seul.
D’aucun diront qu’il en va de la responsabilité des transporteurs d’adapter leurs flottes aux nouvelles contraintes environnementales : véhicules propres, plus petits, plus silencieux… C’est important, certes, mais c’est se tromper de combat.
L’avenir du e-commerce repose moins sur la logistique, maîtrisée, que sur de nouvelles solutions de livraison. Des solutions de proximité, affranchies des contraintes de distance, d’horaires d’ouverture et de places disponibles. Les consignes en libre-service répondent à ces enjeux : en un seul lieu, des dizaines de livraisons sont effectuées, soit un seul trajet, un seul arrêt sur la chaussée et un seul redémarrage du moteur. Une récente étude, menée par l’Université des Sciences et Technologies de Cracovie, affirme ainsi que les « lockers » permettent de réduire de moitié le nombre de kilomètre parcourus par les transporteurs et de 95% les émissions de CO2. Plus efficaces, ces consignes, accessibles depuis la rue, peuvent par ailleurs être remplies au milieu de la nuit, sans impact sur la circulation. Une réponse avant l’heure aux nouvelles préoccupations d’Anne Hidalgo. Une solution facile à mettre en place pour le plus grand confort des consommateurs, des usagers de la route et des citoyens respectueux de l’environnement.