La bataille des kiosques 2.0 commence
Les éditeurs de presse ne désespèrent pas de faire payer leurs contenus sur Internet. Face à Google News qui les reproduit sans acquitter le moindre droit, ils mettent désormais leurs espoirs dans les tablettes et les "kiosques numériques".
« Nous n’achèterons jamais votre information, car l’information n’a pas de valeur ». C’est en ces termes que les dirigeants de Google ont répondu aux éditeurs de presse français qui souhaitaient ouvrir le dialogue sur la rémunération des informations issues de la presse qu’affiche Google News pour attirer et fidéliser les internautes.
Cette fin de non recevoir et le fait que, selon BVA, 4 millions de Français aient l’intention de s’équiper d’une tablette, ont pour conséquence un intérêt renouvelé pour les « kiosques numériques » qui méritent bien leur pluriel tant les modèles et les utilisations diffèrent.
Le modèle le plus proche de la vente au numéro physique est celui de l’américain Zinio (fr.zinio.com) qui permet de diffuser des versions numériques Pdf sur différentes plateformes moyennant une commission pouvant aller jusqu’à 50 %.
C’est aussi celui de l’application iPad « Presse régionale » qui va permettre de feuilleter gratuitement les 250 éditions locales des quotidiens régionaux français avant d’acheter un exemplaire pour 0,79 euro, dont Apple conservera 30 % en tant que diffuseur.
Le modèle de l’abonnement sera bientôt proposé outre-Atlantique par Apple aux 160 millions de titulaires de comptes iTunes.
Mais il suscite de fortes réticences chez les éditeurs qui, en l’état actuel des négociations, devraient abandonner leur précieuse relation avec les abonnés au groupe informatique, ainsi que 30 % de commission sur les ventes d’abonnement et 40 % sur les revenus publicitaires générés par les applications. Dans ces conditions, beaucoup préfèrent attendre les premiers résultats des tablettes Android, quitte à se retrouver à nouveau dans l’écosystème de Google.
La presse quotidienne nationale française reste assez proche de ce qui existe déjà sur ses sites avec E-Presse Premium qui va proposer des ventes d’exemplaires numériques et des ventes à l’article, l’innovation étant un principe de "bouquets" offrant la possibilité d’acheter des packages d’actualités thématiques issus des 6 titres partenaires.
Enfin – last but not least – Relay.com innove avec une offre de forfait illimité, sorte de « licence globale » permettant de lire en ligne jusqu’à 400 magazines par mois pour 17,90 euros, pertinente pour échantillonner (« L’Express » a vendu 25.000 exemplaires en un an par ce biais), mais très peu rémunératrice pour l’éditeur.
Maîtrise de la diffusion et des abonnés ou pouvoir laissé aux nouveaux opérateurs ? Déclinaisons numériques des supports papier ou vente d’informations isolées ? Recettes liées aux ventes du magazine, de l’info ou de la publicité ? C’est parce que tout devient possible que le choix d’une stratégie gagnante devient très difficile.