Presse et musique : mêmes problèmes, solutions différentes
La presse et la musique ont en commun une mauvaise santé économique dont les causes sont identiques : d'une part, l'accès gratuit et sans limite via Internet à ce qui était auparavant rare et payant ; d'autre part, une difficulté à intégrer les nouveaux comportements nomades et opportunistes des consommateurs ; enfin, une déception à la hauteur des espoirs mis dans le financement par la publicité et un souhait de renouer avec la vente de contenus. Pour autant, les stratégies suivies par les producteurs et diffuseurs de musique sont très différentes de celles des éditeurs de presse, d'où l'intérêt de les regarder de plus près.
Les radios musicales qui ont bâti leur succès sur la diffusion de musiques « rares », parce qu'on ne les entendaient ni sur les périphériques ni chez Maritie et Gilbert Carpentier, ont subi de plein fouet la concurrence de Deezer et Spotify qui permettent à chacun d'accéder gratuitement à une offre très large pour fabriquer sa propre radio, sans écrans publicitaires parasites.
Après quelques vagues Médiamétrie plus qu'alarmantes, elles investissent aujourd'hui avec un début de succès dans ce qui les différencie vraiment : les web radios thématiques, les animateurs que l'on n'entend pas ailleurs et la musique redevenue exclusive lorsqu'il s'agit de séquences « live » et de « mix » de DJ's.
Se poser la question de la rareté est une des façons de trouver ce qui crée de la valeur et de la fidélité. Les diffuseurs en ligne tels que Deezer, qui ont construit des audiences importantes grâce à la gratuité, constatent que la publicité n'est pas au rendez-vous. Ils proposent aujourd'hui avec un certain succès des abonnements permettant de profiter tout à la fois d'exclusivités et d'une meilleure qualité sonore et d'une absence de publicité et d'une accessibilité sur des supports aussi divers que faciles à utiliser, dont les smartphones qui accompagnent partout les nouveaux nomades.
Plus que jamais, les bonnes offres sont des offres globales. Le business de la musique est désormais multiforme : l'accès gratuit en ligne à la musique sert à recruter des abonnés payants, comme les séquences en clair de Canal + ; les albums physiques conservent la clientèle des amateurs de « collectors » et des consommateurs à la recherche de cadeaux ; la rentabilisation des artistes passe aussi par la scène, le placement de produit et les partenariats publicitaires. Le modèle unique et pérenne est derrière nous.