Quels sont les profils pénuriques du digital ?
CEO de Teaminside Group, Jean-Sébastien Hongre aide les entreprises à mener leur transformation digitale. Il revient pour nous sur les compétences les plus recherchées actuellement, mais aussi sur l'impact du Covid sur l'organisation des entreprises et sur l'importance des fameux soft skills.
Quelles sont les compétences digitales les plus demandées par les entreprises en 2021 ? Les postes pénuriques ? Et quelle place pour les jeunes diplômés qui arrivent dans un contexte économique perturbé ? Réponses avec Jean-Sébastien Hongre, fondateur et PDG de Teaminside Group, ensemble réunissant des entreprises spécialisées dans le conseil et la formation, et qui ont en commun le fait de répondre aux nouveaux besoins de leurs clients en matière de compétences digitales. Via Teaminside, Aravati, Elevate Agency, Monsieur Guiz ou La Relève place des consultants, forme des collaborateurs ou en recrute de nouveaux, tant des profils seniors que juniors, sur des sujets aussi variés que la data, l'e-commerce ou l'influence.
Jean-Sébastien, quels sont les profils actuellement les plus recherchés par les entreprises ?
Les postes les plus demandés en ce moment sont ceux de Product Manager et de Product Owner. Toutes les entreprises doivent faire évoluer leur modèle face à la crise, avec de nombreux acteurs physiques qui développent par exemple des produits digitaux et qui ont besoin de l'expérience de ces "PM" et "PO" pour sortir ces produits. Ainsi, tout ce qui relève du scrum ou du management agile est très recherché pour mener à bien les projets structurants lancés par les entreprises. Avec la crise, ces profils deviennent autant demandés que les experts de la data. Ces derniers sont toujours au centre des préoccupations des entreprises, et a fortiori cette année, puisque ces dernières capitalisent plus que jamais sur la donnée pour personnaliser leur approche client / prospect. Enfin, les experts du e-commerce sont aussi très demandés, alors que les confinements ont donné un énorme coup d'accélérateur aux usages digitaux et que l'e-commerce est apparu pour beaucoup comme le seul moyen de maintenir une activité.
Comment vos clients ont adapté leur fonctionnement et leur organisation pour faire face à la pandémie ?
La première période de confinement a été très dure à encaisser pour nos clients dont l'activité a été gelée. Mais le dernier trimestre a été très dynamique, avec un accent mis sur le SEA ou l'e-commerce pour rattraper du chiffre d'affaires. Je ne trouve pas qu'il y a eu des innovations particulières sur ces sujets, avec des entreprises décidant de tester de nouvelles choses. Non, on se repose plus sur l'existant, en essayant de capitaliser au maximum sur ce qui marche déjà. En ce sens, je trouve que nous sommes sur une tendance stable en 2021, alors que je misais plus sur une accélération de projets structurants, notamment chez les acteurs physiques dont l'activité est la plus impactée. Ce n'est pas pour autant que rien ne bouge : on le voit d'ailleurs chez Monsieur Guiz, où les demandes d'accompagnement par des Product Owner ou Product Manager sont en hausse, avec un accent mis sur le développement de projets e-commerce ou communication digitale dont la finalité est de garder le lien avec les consommateurs. On peut néanmoins imaginer que le développement de nouveaux projets va s'accélérer grâce à la crise : on sait aujourd'hui qu'il est possible d'avancer très rapidement sur certains sujets, là où les roadmaps étaient auparavant très étirées dans le temps. Les DSI subissent pas mal de pression de la part de leurs collègues et de leur patron aujourd'hui !
Et en matière de management ? On a énormément évoqué l'importance des "soft skills" dans le cadre du télétravail par exemple ?
Il faut faire très attention avec ce sujet. Oui, le savoir-être est devenu central. Pas seulement pour faire du télétravail, mais pour faire face tout simplement aux nombreuses et constantes évolutions du digital. Chaque semaine, nous réalisons des dizaines d'entretiens afin de recruter en moyenne 300 personnes chaque année pour le compte de nos clients. Par ailleurs, nous plaçons aussi chez eu de nombreux consultants, que nous recrutons généralement à un ou deux ans d'expérience. Nous sommes convaincus que le savoir-faire peut s'acquérir, et mettons donc l'accent sur le savoir-être et sur la capacité du candidat à s'adapter aux exigences d'une digital factory, et plus globalement à la structure de l'entreprise. Certains vont plutôt s'épanouir dans une grosse structure, et vont avoir la patience de construire un projet sur le long terme et de devoir échanger avec d'autres métiers, avec tout ce que cela implique en matière de relationnel et disons-le, de sens politique. D'autres seront plus à l'aise dans une petite structure, en ayant des résultats rapides et en pouvant adopter un rôle plus polyvalent. Je ne sais pas s'il faut désormais mettre énormément l'accent sur les capacités à s'auto-gérer dans le cadre du télétravail, car je pense que le retour au travail physique sera tout de même important après la crise. Ce que je sais, c'est que la crise agit comme un brouillard, et il faut être particulièrement attentif pour identifier ces fameux soft skills. Depuis un an, les jeunes consultants ou collaborateurs que nous accompagnons sont particulièrement touchés par la crise dans leur vie personnelle, et il faut aussi intégrer ces éléments lorsqu'on analyse le potentiel d'un candidat.
Quels conseils pourriez-vous donner à ces candidats ?
D'être honnêtes ! Il faut être conscient de ses forces et de ses faiblesses, mais aussi de ce que l'on veut. Où est ce que l'on va s'épanouir ? Cela ne sert à rien de s'inventer des expertises dans tel ou tel domaine, le recruteur se rendra vite compte que vous n'avez pas l'expérience que vous prétendez avoir. Mais en étant vous-même lucide, cela indique que vous avez ce savoir-être et donnera plus envie de vous accompagner pour que vous puissiez acquérir un savoir-faire et trouver l'entreprise qui vous conviendra le mieux.
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