[Tribune] Un marketeur doit-il... craindre l'automatisation ?
Que du bonheur ?
Une petite crainte cependant devrait poindre derrière ce constat idyllique. Il est en effet des secteurs, notamment industriels, au sein desquels l'automatisation est souvent accompagnée de reconfiguration des effectifs impliqués. Oh, ce n'est pas grand chose, trois fois rien : un robot multifonction capable d'assembler 300 portières à l'heure et de repeindre 2000 véhicules par jour peut bien remplacer une dizaine d'ouvriers sur une chaîne d'assemblage. Après tout, qui s'en plaindrait ? De telles tâches sont pénibles (c'est lourd une portière) voire nocives (pensez aux effluves des peintures industrielles), la robotisation permet justement de réduire les risques et la pénibilité.
Oui, mais au détriment de la masse salariale. Là où le robot passe, l'humain parfois trépasse ; de formation en reconversion, les ouvriers d'antan ont disparu de nos usines, au profit de profils plus spécialisés, dévolus à des tâches de supervision, mais notoirement moins nombreux.
L'irremplaçable bon sens...
Verra-t-on une telle transformation s'opérer dans le marketing ? L'automatisation de certaines tâches marketing aboutira-t-elle à la disparition progressive des marketeurs ? Des automates programmables, des algorithmes de rédaction automatique, des outils de " marketing automation " nous remplaceront-ils un jour ? Le HAL sournois et dominateur de 2001 Odyssée de l'espace a-t-il déjà commencé à sévir dans l'open-space ? On en frémit déjà.
En réalité, je doute que cela se produise de notre vivant. Les outils d'automatisation dont on parle sont tout, sauf intelligents : ils réalisent parfaitement des tâches répétitives, mais manquent cruellement de bon sens, de cette capacité de jugement qui distingue encore l'être humain de sa version robotisée, et fait du test de Turing [NDLR : test d'intelligence artificielle décrit par Alan Turing en 1950] le dernier rempart à une humanité déshumanisée.
Pourtant, ce qui aujourd'hui nous paraît improbable verra probablement le jour, dans quelques années. Tout comme nos ancêtres seraient surpris de voir un A380 prendre son envol, nous serions probablement stupéfaits devant les prodiges du marketing automatisé de demain.
Soyons prêts. Et restons vigilants.
Un marketeur doit-il apprendre à courir?
Un marketeur doit-il apprendre à programmer?
Un marketeur doit-il se mettre au Big Data?
Un marketeur doit-il apprendre à partager?
Un marketeur doit-il apprendre à diffuser des vidéos?
Un marketeur doit-il songer à relooker son site Web?
L'auteur : Hervé Kabla dirige Be Angels, agence digitale spécialiste des médias sociaux, et a co-fondé une association qui rassemble les professionnels des médias sociaux et du digital en entreprise. Il accompagne des entreprises B2B et B2C dans l'élaboration et la mise en oeuvre de leur stratégie marketing sur les médias sociaux. Il est également co-auteur de "La communication digitale expliquée à mon boss", paru aux Éditions Kawa.