Tout doit disparaître !
Le packaging : un déchec... Certes lorsque l'emballage n'est pas réutilisable. Un déchet néanmoins recyclable... Bien sûr, mais qui coûte cher et qui doit au préalable être déposé dans la bonne poubelle au lieu d'être jeté n'importe où. Alors, pourquoi ne pas s'engager dans une voie où l'emballage disparaîtrait en même temps que le produit content...
Je m'abonne
Plus que jamais l'emballage, abominable déchet, est montré du doigt.
Lorsqu'il ne traîne pas dans la rue ou pire dans la nature, il encombre nos
poubelles. Malgré tous les efforts des industriels pour favoriser leur
recyclage, les emballages sont, pour les écologistes, inutiles et polluants. Ce
sont des ordures, symboles de la société de consommation. Pour lutter contre la
prolifération des déchets d'emballage, les Allemands ont décidé de prendre des
mesures radicales. Tous les emballages dits "one way", à utilisation unique,
sont désormais consignés. Depuis début 2002, en Allemagne, les consommateurs
doivent retourner leur canette de boisson au point de vente où ils l'ont
achetée pour se la faire rembourser. La somme n'est pas modique, 0,25 centime
d'euro par emballage, soit 1,20 euro le pack de six canettes ! Le prix d'achat
de la boisson a ainsi doubl... Conséquence de cette lourde contrainte : le
marché de la canette métal s'est effondré. La consommation de boisson dans cet
emballage en acier 100 % recyclable, qui bénéficiait déjà d'un taux de
recyclage de près de 80 %, a chuté d'environ 50 % en moins d'un an ! L'objectif
politique déclaré de cette mesure est de limiter les emballages "one way" et
d'atteindre des taux de recyclage plus importants. N'y a- t-il pas derrière ces
mesures d'autres messages inavoués ?
Le packaging doit être éliminé...
Pour les Verts qui ont déclaré la guerre aux
emballages, tous les arguments écologiques des industriels liés aux qualités
environnementales de la production, aux économies de matières premières et aux
capacités de recyclage des matériaux ne seront jamais suffisants. Pour eux,
c'est le déchet d'emballage même qui doit être combattu et éradiqué, que
celui-ci soit à recycler ou non. En poussant le raisonnement à son terme, le
packaging propre serait celui qui ne se transformerait pas en déchet après
utilisation de son contenu. Outre remplir sa mission de bon et loyal
conditionnement, il devrait disparaître simultanément à la consommation du
produit... Cette mission exemplaire, quelques conditionnements la remplissent
déjà. Prenons, par exemple, les billes de bain. L'enveloppe en gélatine qui les
constitue se dissout au contact de l'eau chaude pour laisser échapper leur
contenu parfumé. Les tablettes de lessive liquide mises récemment sur le marché
fonctionnent de la même façon, elles sont hydrosolubles. A l'heure où un grand
nombre de produits développent des présentations en doses individuelles ou
unités d'usage, des technologies "solubles" pour conditionner des formules à
délayer pourraient tout à fait être développées. Dans un tout autre registre,
le contenant comestible est une voie qu'il conviendrait d'explorer. Là encore
certaines pistes permettent d'esquisser quelques solutions pour l'avenir. Les
soucoupes de la société "Look o Look", par exemple, sont, à leur manière, des
packagings à manger. Leur coque en amidon de maïs renferme le contenu acidulé
et sucré de la friandise ; nous avalons l'ensemble goulûment. Des barquettes,
des pots, des assiettes, pourraient être réalisés dans ce type de matériau pour
conditionner des produits alimentaires secs. Autre principe intéressant, le
bloc "sweet-notes" produit par la société allemande Kuchle GMBH & Co. Outre
montrer que, de l'autre côté du Rhin, même en matière de mot doux il faut aussi
éviter faire des déchets, ces feuilles en farine de blé ouvrent la voie au
papier et au carton comestibles... Plus étonnants sont les verres du confiseur
Stockholms Konfektyr Fabrik. Cette société suédoise vient de lancer des verres
Snhaps qui se mangent après dégustation de leur contenu. Ce petit godet de 3
centilitres est en "jelly", la matière des petits nounours, des crocodiles et
autres bébêtes que l'on trouve dans tous les rayons confiserie. Placés au
réfrigérateur ou au congélateur, les verres deviennent rigides, leurs
différents parfums donnent du goût à l'alcool... Tous ces produits, dont
certains peuvent nous apparaître farfelus, sont-ils les ancêtres des emballages
écologiques du futur ? Demain, face aux contraintes du tri sélectif et aux
taxes sur les ordures ménagères, nous trouverons intéressant de consommer des
produits emballés sans générer le moindre déchet. Ne rien donner à jeter
deviendra alors l'ultime service que la marque rendra à son consommateur dans
sa gestuelle d'utilisation. Que les packagings se dissolvent, s'autodétruisent,
se mangent, l'objectif recherché sera leur disparition à l'utilisation du
produit. Ainsi, le consommateur, qui aujourd'hui prend conscience de
l'emballage au moment de le jeter, ne s'apercevra même pas qu'il existait.