Tests amont des évolutions pas de révolution
Passage obligé pour des entreprises toujours plus soucieuses du retour sur investissement, les tests en amont d'un lancement (tests de concept, de produit, de pack) se veulent plus rapides, mais aussi plus fiables, aidés en cela par les technologies qui ouvrent de nouvelles possibilités. L'évolution des consommateurs et la complexification des marchés entraînent un besoin de valeur ajoutée dans les études. Un défi supplémentaire pour les sociétés d'études.
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Amer constat dressé par le cabinet spécialisé dans l'information et la
veille en matière d'innovation XTC : un nouveau produit sur deux est un échec.
Dans le même ordre d'idée, selon Ernst & Young et ACNielsen, 43 % des
"véritables nouveaux produits" lancés en Europe sont un échec dans les 12 mois
qui suivent leur lancement. Pour Xavier Terlet, fondateur de XTC, les échecs
concernent à la fois les PME, pour des raisons de faiblesses des moyens
financiers mis en oeuvre, et les grandes entreprises. Dans ce cas, il s'agit le
plus souvent de positionnements inadaptés et d'un manque de différenciation par
rapport à l'offre existante. Faut-il incriminer les études ? Oui, en cas de
brief mal conçu et insuffisant ou d'une erreur flagrante dans la collecte de
l'information. Ce qui est rarement le cas. Pour Bruno Botton, P-dg de Research
International France, « au-delà des process mis en place de façon structurée
dans la majorité des grandes entreprises internationales pour accompagner
l'innovation jusqu'au lancement, certaines variables viennent pondérer le
recours aux études. » Des variables telles que la nature du marché, la
situation de la marque sur son marché, la nature de l'innovation (rupture ou
rénovation), les enjeux liés au lancement (forte pression concurrentielle
rendant le lancement impératif dans un laps de temps n'autorisant pas l'étude
ou, à l'opposé, fortes implications industrielles liées au lancement avec, par
exemple, la création d'une nouvelle chaîne de production, justifiant de prendre
toutes les mesures de validation possibles). Dans une interview à Marketing
Magazine (n° 38), Charles Wassmer, responsable de l'innovation au sein du
groupe PSA, précisait que le processus spécifique à l'innovation est à la fois
rigoureux et intuitif. Il est important que les solutions innovantes ne le
soient pas trop tôt et qu'elles aient bien réussi à se mettre en phase avec la
logique d'attentes des consommateurs. Le schéma des processus d'innovation est
extrêmement variable d'un annonceur à l'autre. « Pour schématiser, résume Bruno
Botton, on trouve à une extrémité du spectre des entreprises ayant recours aux
études à chacune des étapes de l'élaboration du mix, avec des phases de "go /
no go", fondées sur les résultats d'études et autorisant ou non le passage aux
phases ultérieures de développement du projet, et donc aux investissements qui
leur sont liés. Mais aussi, à l'autre extrémité, des entreprises lançant des
produits ou services sans avoir recours à des phases de validation préalables.
C'est plus rare, mais cela arrive encore dans certains contextes. Avec bien
évidemment, toutes les situations intermédiaires, incluant des phases
qualitatives amont uniquement complétées par une phase de validation
quantitative finale. » Incontournables pour les produits de grande
consommation, les tests de concept, de produit ou de variables du mix, sont en
train de le devenir pour les services, la distribution, la téléphonie mobile,
les télécoms, et plus récemment pour Internet. Alors que les laboratoires
pharmaceutiques, sous l'effet de la concurrence et du rôle du patient, les
découvrent à leur tour. Pour répondre à ce large éventail de situations, les
entreprises peuvent piocher dans l'offre toute aussi variée d'outils d'études
de concept ou de produit, proposée par les instituts. Aux offres classiques
s'ajoutent des approches plus nouvelles correspondant le plus souvent à de
nouvelles attentes clients et rendus, dans certains cas, possibles grâce au
progrès de la technologie. « Les grands groupes, souvent internationaux, ont
fait évoluer la démarche innovation, fondée sur une idée de retour sur
investissement », remarque Helen Zeitoun, directeur général de GfK Sofema.
Celle-ci remonte alors au niveau de la direction générale, qui met au même
niveau toutes les possibilités d'innovations dans une entreprise, toutes
catégories de produits confondues pour tester et isoler les "bons" des "moins
bons" concepts. « C'est devenu une approche macro-économique », commente Helen
Zeitoun. Depuis deux ans, Amora Maille teste toutes les idées. Des procédures
claires, récurrentes, ont été systématisées et formalisées. « Le nombre
d'innovations testées a grimpé en deux ans et est devenu un véritable baromètre
de santé de l'entreprise », constate Stéphane Viglino, responsable des études
marketing et des panels, et coordinateur médias de l'entreprise. Chez Fleury
Michon, où 60 nouveaux plats cuisinés sont sortis au cours des six derniers
mois, un nouveau produit doit obtenir une note minimale de 7/10 au cours des
tests pour être lancé.
Tout commence par la veille marketing
Détecter les modes futures, les nouvelles tendances pour
anticiper les besoins et les demandes des consommateurs est désormais le
quotidien des responsables du marketing stratégique dans nombre d'entreprises.
Quand elles ne créent pas des fonctions de responsables de l'innovation. Pour
cela, ces responsables s'appuient sur les analyses de comportements
socioculturels à l'échelle mondiale pour détecter (flairer ?) avant les autres
des changements qui leur permettraient de déboucher sur un nouveau produit, un
nouveau service, un nouveau linéaire, etc. Car désormais, la grande
distribution s'y est mise (Carrefour, Auchan, Monoprix, Casin...). C'est dans
ce contexte que peuvent se situer toutes les nouvelles offres d'études
"tendances", comme l'Observatoire international des tendances de Louis Harris
France, l'observatoire Trend Setters de la Sorgem ou encore le Kid's
Trendsetter Club de MSM. Là aussi que se trouve l'observation des marchés et
produits par les bureaux de style ou les sociétés de veille marketing. Passé
cette phase d'observation, il faut ensuite comprendre et quantifier. Et, dans
ce domaine, on note clairement le renouveau des études U&A (usages et
attitudes), capables de déceler des pistes de développement sur un marché, quel
que soit son degré de saturation. Très à la mode dans les années 70-80, les
U&A, études fondamentales jugées lourdes et coûteuses, avaient laissé la place
à des types d'études plus tactiques et opérationnelles, du moins sur les
marchés jugés connus, domestiques. Sur les marchés nouveaux ou émergents, elles
sont toujours incontournables. Dans les années 90, les évolutions profondes
des comportements et attitudes des consommateurs les ont à nouveau rendues
indispensables. Ce faisant, elles ont été utilisées non seulement par le
marketing mais aussi par la R&D. Ainsi, GfK associe à son offre U&A (Navigator)
un module R&D. « Quand nous travaillons en pistes de développement pour la R&D,
nous avons recours au quali pour approfondir, et au carnet de consommation pour
le comportement, explique Helen Zeitoun. Cela donne plus de valeur de
recommandations pour la R&D. » Sylab Ypsis, quant à lui, propose un Bilan
d'usages et attitudes stratégiques dont l'originalité est d'associer un bilan
approfondi des attitudes et des comportements en simultané (Typologie
canonique) à une mesure de la structuration de l'offre (Analyse des
similarités). Si les U&A sont revenues sur le devant de la scène, c'est
adaptées aux nouvelles attentes des entreprises et des services marketing. «
Longtemps, les U&A étaient de véritables usines à gaz, très (trop ?) lourdes,
commente Stéphane Viglino. Il s'agissait de véritables annuaires de tout ce
qu'il fallait connaître sur un consommateur y compris jusqu'au bilan d'image et
de notoriété. Aujourd'hui, on resserre les questionnaires pour rester sur des
notions de consommation et d'usage. On les veut plus souples, donc plus rapides
et moins coûteuses. Pour pouvoir remettre à jour les connaissances plus
souvent. » D'une fréquence moyenne de cinq ans, on est passé aujourd'hui, pour
certaines problématiques, à deux ans, voire moins sur des marchés nouveaux qui
évoluent très vite.
Le recours à l'Access Panel
L'Access Panel est venu au secours de l'U&A nouvelle génération, en réduisant
les coûts (de - 20 à - 50 % par rapport aux méthodes classiques) tout
autorisant de gros échantillons. Pour une qualité de l'information au moins
égale sinon, parfois, meilleure. « Aujourd'hui, on ne se pose plus de questions
sur la fiabilité de l'auto-administré », souligne Eric Dubois, directeur
général d'Infratest Burke France. En fait, ajoute Guillaume Weill, directeur
général d'Ipsos Access Panels, « l'auto-administré gomme l'inconvénient du
sur-déclaratif lié à la présence d'un enquêteur ». Plusieurs sociétés d'études
se disputent le marché de l'access panel en France : NFO European Access Panels
via Infratest Burke France, Ipsos Access Panels, GfK et, sur certains marchés,
Taylor Nelson Sofres. Research International y viendra mais en passant
directement à l'étape suivante, c'est-à-dire à l'access panel sur Internet.
Déjà opérationnel aux Etats-Unis (avec un site de recrutement,
kantarinteractive.com), il sera développé en cours d'année en Europe (France,
Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas, et plus tard en Italie et en Espagne). En
France, ToTeam a porté à 5 000 le nombre de ses panélistes internautes,
qualifiés sur la base de 500 critères d'extraction (site de recrutement :
etchnopolis.com). « La technique séduit hors du secteur high-tech », précise
Olivier Barrellier, P-dg de ToTeam. D'ici à la fin 2000, Ipsos Access Panels
disposera d'un access panel sur Internet avec un minimum de 10 000 individus
dans chaque pays (France, Grande-Bretagne, Allemagne). Stratégir réfléchit,
quant à lui, à un recueil d'information permettant de toucher les cibles à
faible pénétration avec un coût de mise en oeuvre acceptable. « L'access
panel, technologie qui n'a que quatre ans en Europe, apporte désormais une
nouvelle offre d'outils d'études là où l'access panel ajoute un vrai bénéfice
», constate Guillaume Weill. Les tests de concept et de produit pèsent déjà 40
% de l'activité Access d'Ipsos. 60 % des tests de concept et des tests de
produit réalisés par GfK sont faits sur access panel. Seule limite pour les
tests de produit : la taille et l'encombrement du produit. En tout cas, pour
l'instant. Ipsos Access Panels proposera, dès le second semestre 2000,
Opti-Test, une mesure du bénéfice produit perçu par le consommateur avec
benchmark quasi systématique des produits concurrents. « Les blind tests ne
suffisent plus aujourd'hui, constate Guillaume Weill. Il faut ajouter tout
l'environnement c'est-à-dire la marque et la concurrence. » Ipsos Access Panels
est également en train de travailler sur des procédures de carnet de
consommation, qui, on l'a vu, retient les faveurs des hommes de marketing.
Toute cette palette d'outils vient s'ajouter à Innotrack, un suivi de lancement
sur access panel.
Un screening de concept plus régulier
Beaucoup de produits ne trouvent pas leur place sur leur
marché parce qu'ils ne disposent pas d'un concept assez puissant : leur taux
d'essai est trop limité pour assurer des rotations suffisantes. Tester
quantitativement un concept parmi plusieurs est souvent difficile et coûteux.
Les instituts ont donc développé de nouvelles méthodes de screening de concepts
pour les rendre plus abordables, tout en donnant des possibilités de ciblage
(enfant, senior) ou en apportant un aspect plus managerial (en faisant
intervenir des représentants de l'entreprise et des partenaires travaillant sur
le nouveau produit). Ipsos Access Panels a, par exemple, adapté le produit de
screening de concept du groupe Ipsos, Opti-Screen, à son access panel. Ces
derniers mois, les instituts d'études sont venus sur le terrain de la recherche
de nouveaux concepts avec de nouvelles approches, créatives et itératives, qui,
avec des variantes, participent d'une même démarche : faire réagir à des
projets de concepts (produit, packagin...), le plus souvent en alternant des
groupes de consommateurs et des équipes clients élargies (marketing, R&D,
agence de pub, agence de desig...). Parmi les principaux et les plus récents :
Genius (GfK), Processus d'innovation intégré (Démoscopie), Validation de
concept (MSM), The Ideas Generator (The Added Value - pour ce dernier, le
conseil aboutit plus loin que les seules recommandations pour aller jusqu'au
coaching d'équipes marketing), Le Voyage Imaginaire (Insemna), Concept-Lab et
Inno-Lab (Reason Why), Screen Lab (Research International), etc. Ce dernier se
décompose en deux modules : Interactive Innovation et Concept Clinic, une
approche plus qualitative et qui vient s'ajouter à l'outil packagé, Microtest
Screen, test de screening de concept en estimation de taux d'essai modélisé.
Modélisation également chez TNS avec Screen Up, outil de hiérarchisation des
concepts et Build Up, optimisation des concepts. L'Ifop, de son côté, développe
en France la méthodologie Ideamap. « L'émergence du category management et du
trade marketing a entraîné la multiplication des études in situ et
comportementales », constate Philippe Panier, directeur associé de Marketing
Audit. « Le category management va prendre l'individu davantage dans sa
fonction d'acheteur que dans sa situation de consommateur », précise Bruno
Botton. Dans cet esprit, un focus est porté sur le linéaire. Sylab Ypsis
dispose d'un premier magasin reconstitué de 200 m2 à Paris, près des Galeries
Lafayette, équipé en vidéo et assorti de salles d'entretien et de réunions de
groupe. Autour de celui-ci, l'institut a développé des produits d'études
spécifiques. Quanti d'abord (Magscope, modèle de marché test simulé), Magpack
Quanti (mesure quantitative normée destinée à mesurer l'impact d'un nouveau
packaging sur les ventes). Quali ensuite (Qualinéaire, Magpack Quali). De
l'avis général des clients et des sociétés d'étude, le recours au quali/quanti
est d'ailleurs devenu quasi-systématique. « Pour minimiser les risques, les
entreprises veulent des outils qui collent au linéaire », souligne Luc
Milbergue, directeur associé de Stratégir, qui a optimisé son outil d'étude de
l'impact d'un pack en linéaire en taille réelle en y ajoutant une phase de
reconnaissance (projection d'un linéaire en taille réelle avec une très bonne
qualité d'images et possibilité d'incruster de nouveaux produits). Une
évolution de l'outil rendu possible par l'amélioration de la technique. Les
ordinateurs portables et la vidéo ont également permis à In Vivo de lancer In
Situ, étude visant à observer et analyser au point de vente le comportement
d'achat d'un produit, d'une catégorie de produit existant ou d'un visiteur au
sein d'un magasin ou d'un espace de démonstration. « La tendance est à la prise
en compte de la dimension comportementale », constate d'ailleurs Alain Sivan,
directeur associé d'In Vivo.
Du packaging au category management
C'est encore la technique qui est à l'origine de la
méthode de mesure des comportements des clients dans les surfaces de vente
(Human Electronic Follow) de Stratégic R&C. Et c'est surtout la technique qui a
permis à In Vivo de développer In Virtuo, première méthodologie d'étude du
comportement d'achat en réalité virtuelle. Grâce à la projection sur grand
écran et en très haute résolution des images du magasin et des produits, les
participants sont en situation d'immersion totale, alors que la navigation des
participants dans le magasin virtuel se fait à partir d'un chariot et autorise
une manipulation naturelle des produits. In Virtuo a l'avantage de permettre le
test d'un produit dans un rayon à partir d'un seul prototype ou d'un simple
dessin à plat et d'offrir la possibilité de recréer une organisation ou une
ambiance d'un magasin à partir d'un dessin. Research International, après une
expérience malheureuse aux Etats-Unis, il y a quelques années, travaille sur le
virtuel pour des études de pack et linéaire. Côté études de packaging pur, E/O
Conseil propose le Visual Track, méthode d'eye tracking utilisant la vision
phovéale plutôt que la vision périphérique et une utilisation quantitative des
résultats. CSA a relifté sa méthode Tachivisiotest, rebaptisé Visiopack, et
ajoute un module Visiotest qui mesure l'impact en linéaire d'un pack sur la
base de diapositives projetées dans son univers concurrentiel. CSA y ajoute le
Carré Visio, une démarche consistant à positionner le packaging testé sur un
carré qui croise les informations sur la vitesse de reconnaissance et le taux
de reconnaissance correcte. Par ailleurs, Visiopack comporte désormais une
phase diagnostic sur le pack. Nexyad, quant à lui, travaille sur des tests de
non-furtivité pour mesurer l'impact en linéaire. GfK utilise le CAPI multimédia
avec Touchscreen pour ses tests de pack. Une méthode de collecte de
l'information qu'Ipsos est aussi en train de développer pour sa nouvelle gamme
de produits Brand and Market Development (voir encadré).
La valeur ajoutée des études
« La valeur ajoutée apportée par les sociétés
d'études se situera dans l'utilisation d'un mix de méthodes adapté à chaque
problématique et à chaque cas d'entreprise », estime Helen Zeitoun. Outils
classiques ou plus nouveaux, concept de screening de concept + quali, test
diagnostic avant le test produit, études d'attitudes + observation, études
milieu de vie, va et vient entre le quali et le quant... Pour mieux cerner un
consommateur mouvant, les instituts d'études s'approprient des méthodes
provenant d'autres univers : Nexyad utilise ainsi l'éthologie, empruntée à
l'étude du comportement des animaux et destinée à observer le consommateur "en
liberté" et quantifie les réactions spontanées interprétées par des
psychologues. « Notre métier consiste à mixer les cultures, explique Gérard
Yahiaoui, président de l'institut. Et notre travail à écouter et à proposer des
solutions pour tirer le meilleur des techniques existantes. » C'est ainsi, que
pour les études de pack, Nexyad a emprunté à la Défense américaine son approche
sur la furtivité pour mesurer l'impact d'un pack en linéaire. Une autre
démarche consiste à briser les catégories existantes et à les reconstruire sur
de nouvelles bases qui font appel aux styles ou milieux de vie ou aux instants
de consommation. Motorola, par exemple, est partie d'une enquête qualitative,
réalisée par Yankelovich pour déterminer des profils de consommation en matière
de téléphonie mobile, qui a servi à définir quatre signatures de produits par
marques dérivées. « Nous nous trouvons ici dans un univers qui évolue si vite
qu'il faut voir comment les gens vivent », commente-t-on chez Motorola. Cette
étude est d'ailleurs reconduite tous les six mois. Une démarche qui rappelle
celle de l'automobile qui, d'une segmentation classique en petite, moyenne et
grande voiture, est passée à une segmentation styles de vie qui a abouti, par
exemple pour Renault, aux "voitures à vivre". Christian Rambourg, fondateur de
Gira Motivation et responsable de la partie "consommateurs" des études du Gira
(et également auteur de l'ouvrage Le consommateur de l'an 2000 : le nouveau
marketing alimentaire), propose une nouvelle approche du comportement
alimentaire en s'attachant aux prises alimentaires qu'il segmente pour
reconstruire des linéaires sur de nouvelles bases ou créer de nouveaux produits
en décelant les gap où l'on peut créer un produit. Il est actuellement en phase
de quantification des situations de consommation et des prises alimentaires. «
Ce qui permettra d'aboutir à des classements de produits où l'on ne retrouvera
pas les familles traditionnelles mais qui suivront davantage la logique du
consommateur », explique-t-il.
Vers des banques de données
L'une des véritables valeurs ajoutées apportées par les
instituts réside aujourd'hui dans la constitution de banques de données. GfK
est d'ailleurs actuellement en train de rapprocher sa méthode Cardinal de la
méthode Criterion de CRI (sa filiale américaine) pour proposer une approche
globale qui disposera d'une banque de données de 5 000 concepts aux Etats-Unis
et 2 000 en Europe. Ce besoin modifie quelque peu les rapports entre clients et
instituts, qui de fournisseurs deviennent des partenaires. « Les études étaient
un peu les parents pauvres du partenariat », remarque Stéphane Viglino.
Inconvénient du partenariat : un peu moins d'instituts retenus sur les short
lists mais, en contrepartie, une collaboration plus étroite, plus longue et qui
peut s'étendre à l'international. « Pour que les études soient utilisées en
interne, estime Stéphane Viglino, il est important d'avoir un système de banque
de données études interne qui donne une vraie culture études et produit et
favorise l'appropriation des résultats par d'autres services de l'entreprise. »
Aux bases de données instituts succèdent désormais les banques de données
rassemblant plusieurs bases de données issues d'instituts différents. « On peut
presque parler ici de système d'information études », conclut Stéphane Viglino.
« Les études appartiennent de moins en moins au marketing »
L'opinion de Stéphane Viglino, responsable des études marketing et panels, coordinateur médias d'Amora Maille.
« La notion de création de valeur est de plus en plus vraie pour les études marketing avec pour corollaire une quasi obligation de résultats. Le processus études en interne est lié au développement d'innovations. Depuis deux ans, nous avons mis en place des procédures récurrentes, claires pour tous les utilisateurs, systématisées et formalisées. Résultat : le nombre d'innovations testées a grimpé et constitue pratiquement un baromètre de santé de l'entreprise. Evidemment, cela modifie l'état d'esprit et la manière dont nous travaillons avec les instituts. Je leur demande de s'impliquer dans les recommandations et donc d'être de véritables partenaires. S'il y a un peu moins d'instituts sur la short list, celles qui restent connaissent mes attentes, mes marchés, ma culture d'entreprise. Le deuxième intérêt majeur de partenaires récurrents est la constitution de base de données. Ainsi, pour des screenings de concept, on entre assez rapidement dans du quantitatif, qui permettra de déceler très vite, sur les 15 ou 20 concepts testés, celui dont le développement sera poursuivi, voire accéléré. Nous ne prendrons jamais aucune décision finale sur un simple quali. Mais, ce qui est nouveau, c'est l'aller-retour quanti-quali qui apporte un véritable échange. Après suivront des tests de coût et de packaging, mais en temps qu'éléments du mix. Je constate le retour en force des tests "concept use" (concept produit) qui sont de vrais tests de mix. Et j'intègre depuis peu les études d'impact en linéaire. J'observe le consommateur sur le lieu de vente pour comprendre ses réactions en situation d'achat, indépendamment de mon produit. D'une façon générale, la constitution de banques de données internes a deux intérêts : elle consolide l'analyse et la conclusion sur l'avenir d'un produit ou d'un pack, et elle favorise l'appropriation des résultats par d'autres services de l'entreprise. Les études appartiennent de moins en moins au marketing. Mais, pour que les études soient utilisées, il faut un système d'information études qui donne une vraie culture études à tous. »
Trois catégories d'instituts
A l'image des pratiques de leurs clients entreprises, on trouve schématiquement sur le marché trois grands types de sociétés d'études, en fonction de leur positionnement sur les tests en amont d'un lancement : - celles qui font des estimations de potentiel (Novaction, Research International, Infratest Burke, ACNielse...) avec un positionnement très pointu et un dispositif relativement lourd mais qui a ses avantages ; - à l'autre bout, celles qui font des études de concept ou de produit très rapides, sans grande valeur ajoutée, mais qui correspondent à des problématiques et des budgets clients ; - et, au milieu, une grande masse de sociétés d'études avec une offre ad hoc. Ce sont soit des instituts généralistes (toutes les étapes depuis l'étude de concept aux études de potentiel), quali et/ou quanti, avec ou non des produits packagés, soit des instituts spécialisés par cible (enfant, jeunes, seniors, par exemple), ou par technique (sensoriel, organoleptique, sniff tes...).
Mix à problèmes
CSA vient de concevoir une méthode, Concept Audit, qui entend répondre à la nécessité de diagnostiquer les mix qui ont des problèmes. Cette méthode fonctionne sur trois pôles : un pôle sémio sur le nouveau produit ou pack, pour comprendre les codes qu'il émet ; un pôle consommateurs (des experts qualitativistes interrogent les consommateurs) et un pôle entreprise (des qualitativistes de CSA-TMO vont interroger des fonctions clés dans l'entreprise à l'origine du projet pour comprendre leur vision du produit). La synthèse permet de comprendre les zones de défaillance et d'incohérence du produit.
Brand and Market Development : Ipsos se positionne
Ipsos, qui veut s'implanter efficacement sur le secteur extrêmement compétitif du Brand and Market Development, se positionne actuellement sur le marché des tests amont avec une offre packagée, véritablement internationale. Une équipe NPD (New Product Development), dirigée par Marie-Christine Bardon, travaille depuis octobre 1999 sur une gamme de nouveaux produits qui sont, dans un premier temps, lancés en France et en Europe ce mois de mai 2000. « Nous avons voulu des produits suffisamment sophistiqués dans leur conception pour justifier leurs prix - mais sans que ceux-ci soient rédhibitoires -, plus prédictifs et mettant l'accent sur le service client, naturellement intelligents, réactifs et tournés vers l'avenir, et disposant d'une banque de données internationale », explique Marie-Christine Bardon. La gamme Evolution, c'est son nom, propose quatre produits : Concept Evolution, Market Evolution, Price Evolution et Brand Evolution. Suivront au cours du second semestre : Range Evolution, Pack Evolution et Category Evolution. Pour chaque produit commercialisé sous la marque Evolution, un "Product Champion" a été désigné pour coordonner les activités marketing et techniques à l'échelle du groupe. Il a en charge la conception du produit, l'élaboration des questionnaires, la mise au point de la méthodologie et des présentations. Le recueil de l'information se fera au moyen d'un CAPI multimédia par écran tactile. « Ce qui engendrera un gain de temps énorme », estime Marie-Christine Bardon ; les délais d'études pour 150 à 200 interviews pouvant en effet être divisés par deux. Dès que possible, ce système de recueil sera proposé sur le marché américain.