Sur la route des Indes
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« Pauvreté ne veut pas dire retard de développement. En Inde, nous sommes
passés à l'Internet, au téléphone portable. » Pour Rama Bijapurkar, consultante
indienne, qui s'est exprimée lors de la conférence “Expressions de tendances”
qui s'est tenue à Paris, il faut bien comprendre que, si les Indiens « sont
pauvres, ils sont loin d'être arriérés. Ils aspirent même à une consommation de
masse. Même analphabètes, ils ont accès à la technologie et savent l'utiliser
». Dès lors, les marketeurs occidentaux devront s'adapter à ces consommateurs
aux bas revenus, car le centre de gravité économique du monde de demain se
déplace inexorablement à l'Est. Selon la consultante, en 2025, 95 % de la
population viendra des pays du BRI C(1) qui rejoindront alors le G8 avec des «
dépenses qui dépasseront même celles du G8 actuel ». Mais « attention aux faux
pas », prévient Rama Bijapurkar. Qui illustre : « Bien que les entreprises
internationales soient tentées d'adapter leurs produits aux bas salaires de ces
marchés, en produisant une vision obsolète ou moins qualitative, ou encore en
offrant moins de fonctionnalités, cette approche serait suicidaire. » En
témoigne le récent rejet indien du portable à 100 dollars conçu par le MIT
américain pour les pays en voie de développement. Un « outil tape à l'oeil,
pédagogiquement douteux » et peu fiable qui ne conviendrait pas aux besoins des
élèves, selon le ministre de l'éducation indien. Par ailleurs, il importe de
comprendre que l'on n'aborde pas l'Inde comme un seul pays, précise
l'agenVeille ce de design Pulp Beauty qui a consacré son dernier “tour du monde
de la beauté” à ce marché. Véritable sous-continent, l'Inde s'appréhende comme
un espace multiculturel et contrasté où se côtoient plus d'un milliard
d'habitants qui parlent 18 langues, 1 652 dialectes et pratiquent 8 religions
différentes. Entre Inde urbaine et Inde rurale, les marketeurs devront
s'adapter à ces Indiens qui aspirent de plus en plus clairement à une
consommation de masse.