Services Publics et collectivités locales à l'heure de la relation client
Les services publics et les collectivités commencent à découvrir l'importance de la notion de service et, logiquement, celle de la satisfaction. Un marché en mutation et en développement.
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Le service public (non marchand) est en train de changer. Il commence à
découvrir la notion de satisfaction des usagers à défaut de parler de clients.
L'élaboration par le Premier ministre de la Charte Marianne qui vise à
simplifier la vie des usagers et le rappel par le Président de la République
en début d'année signifiant que « l'Etat doit se mettre totalement au service
de l'usager » ouvre la voie à de nouveaux comportements. Et à de nouveaux
outils de mesure puisque comme l'indique la DUSA (Délégation aux usagers et aux
simplifications administratives), “il ne peut pas y avoir d'engagements fiables
sans un suivi rigoureux des résultats”. Certains ministères n'ont pas attendu
la Charte Marianne pour mettre en place des procédures visant à satisfaire
leurs usagers, avec en ligne de mire la rationalisation des coûts et les
économies budgétaires. « Il y a une prise de conscience accrue que les services
publics sont dans le monde des services », indique Henri Wallard (Ipsos
Loyalty). Parmi les pionniers, le ministère de l'Economie et des finances ou le
ministère de la Justice. Les établissements hospitaliers sont également dans
cette démarche qualité/satisfaction depuis 1996, date à laquelle ils sont dans
l'obligation d'interroger leurs patients pour prouver qu'ils ont mis en place
des stratégies d'amélioration de la satisfaction. TNS Sofres, par exemple, a
lancé 361° Hoptimise, un nouveau produit de mesure de la satisfaction des
patients hospitalisés dans les établissements publics et privés, avec benchmark
et moyenne nationale.
De l'usager au client
« De plus
en plus, l'administration passe de la notion d'usager à la notion de client, et
prend en compte les besoins, les attentes des usagers et tient compte des
résultats d'études pour essayer de progresser », remarque Frédéric Dabi,
directeur du Département Opinion Publique au sein du Pôle Opinion de l'Ifop. La
Cnam, l'Unedic, l'ANPE réfléchissent à la gestion de leur relation avec leurs
usagers. Mais cette approche est loin d'être neutre notamment en interne et
peut être assimilée à une révolution culturelle. Satisfaction des usagers et
satisfaction des salariés vont souvent de pair. « Une fois que les indicateurs
sont précisés, des outils de satisfaction se mettent en place, et là on se
rapproche le plus de la satisfaction client » précise Brice Teinturier,
directeur du Département Politique & Opinion de TNS Sofres. « L'usager est au
cœur des directives de l'Etat, constate Anne Panis-Lelong, D-ga du Pôle
Marketing de l'Ifop. Avec la mise en place de procédures de qualité, les outils
de mesure de la satisfaction se multiplient. » Et Christian Barbaray, président
directeur général d'INit Satisfaction, de souligner : « Les grands services
centraux commencent à venir aux études de satisfaction. » Le logement social en
fait depuis trois - quatre ans. Un accord entre le ministère du Logement et
l'Union sociale des HLM français de 2003 engage tous les bailleurs sociaux de
France a faire des enquêtes de satisfaction tous les trois ans auprès de leurs
locataires. INit Satisfaction travaille ainsi avec 150 des 500 bailleurs de
France. TNS Sofres, Ipsos, Ifop travaillant pour bon nombre des autres. « C'est
un secteur gros consommateur d'études de la relation client avec la diversité
de tous les points de la relation, souligne Christian Barbaray. Certains
d'entre eux sont très en avance dans la démarche d'écoute et possèdent des
outils très sophistiqués.»
Une double demande
Les
collectivités locales, de leur côté, se dotent de centres de contacts dits
“citoyens”. Et commence à mesurer leur performance. FullSix a démontré les
attentes des usagers qui consultaient le site de la Mairie de Courbevoie. «
L'important est de saisir cette opportunité où le citoyen va sur le site pour
la première fois pour développer la relation », remarque Edouard
Servan-Schreiber (FullSix Research). Depuis cinq ans, des plans de
développement urbain se mettent en place après consultation avec les citoyens
et sont suivis d'enquête de satisfaction. « Dans les collectivités locales, la
demande est double, constate Brice Teinturier, qui a travaillé pour près de 80
collectivités locales. D'une part, c'est la réponse à des besoins exprimés
(crèche, propreté, stationnement, information,…) et là, les enquêtes peuvent
être assimilées à des mesures de satisfaction clients, et de l'autre, c'est la
demande symbolique de relation au maire. La relation des citoyens-clients à
leur ville est très riche et ce sont des études passionnantes. » Ce qui a
évolué depuis dix ans, c'est que les interlocuteurs de l'institut d'études se
sont diversifiés : bien sûr il y a l'élu ou son directeur de cabinet, mais de
plus en plus on voit la montée en puissance des directeurs de services
généraux. Du fait de la régionalisation, les Préfectures ont vu évoluer leur
champ de compétence et se retrouvent demandeurs d'enquêtes à leur tour. Dans
les enquêtes, certaines dimensions montent en puissance comme la propreté, le
stationnement. La ville de Marseille tout comme la ville de Barcelone a mis en
place un cen-tre d'appels Allo Propreté pour signaler tout disfonctionnement
dans ce domaine. BVA a mené pour la mairie de Versailles une enquête sur les
attentes des Versaillais en matière de politique des déchets qui comportait un
volet satisfaction. Init Satisfaction a réalisé une étude de satisfaction pour
la mairie de Cannes. « Pour les collectivités locales, l'outil consultation
devient un outil de prise en compte des besoins, d'accompagnement des décisions
et de mesure de la satisfaction », explique Brice Teinturier. Ce fut le cas,
par exemple, pour la ville d'Amiens ou pour le conseil général de l'Hérault.
L'approche “Management dynamique de la relation citoyen-usager” d'Agicom a
déjà été mise en place par la communauté urbaine du Grand Nancy, Semurval
Valenciennes, la ville de Tours, de Chalon sur Saône, de Béthune… « La notion
de marketing dans les services publics existe depuis longtemps dans les pays du
Nord, la France commence à s'y mettre », conclut Henri Boulan.
Les services publics ont leur benchmark
En septembre 2004, dans le cadre de la quatrième conférence des villes, TNS Sofres a réalisé pour l'association des maires des grandes villes de France une enquête sur le thème “Les Français et la ville” qui mesurait le niveau de satisfaction des Français à l'égard de leur ville. En fait, 88 % d'entre eux se déclarent satisfaits de la commune où ils vivent. Fin 2004, BVA, pour l'Institut de la Gestion Déléguée, en partenariat avec La Gazette et le Nouvel Economiste, a publié les résultats du Baromètre BVA-IGD sur les services publics locaux et la gestion déléguée qui faisait le point sur l'appréciation globale des services publics. Enfin, en avril 2005, l'Institut Paul Delouvrier a rendu public les résultats du deuxième baromètre “Les Services publics vus par leurs usagers”, mis en place avec BVA.