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Salaires 2010: le marketing retrouve le sourire

L'enquête annuelle Maesina International Search / Hewitt Associates annonce une forte augmentation (+ 5,7 %) de la rémunération des professionnels du marketing. Après avoir connu une année 2009 désastreuse, ces derniers peuvent se réjouir. Mais jusqu'à quand?

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La 31e édition de l'étude sur les salaires des professionnels marketing et vente, réalisée par Maesina International Search, en partenariat depuis 20 ans avec Hewitt, vient de sortir. Référence du marché, elle analyse les rémunérations de 22 fonctions marketing et commerciales représentatives, indique l'influence des différents critères sur le niveau de rémunération, liste les augmentations individuelles concernant les titulaires n'ayant changé ni de poste ni d'entreprise en cette période de crise, et enfin dresse une analyse comparée des rémunérations de cinq fonctions significatives dans cinq pays d'Europe. A noter, cette année, un changement dans la méthologie globaleCette année, concernant les secteurs étudiés, une simplification due à la taille des échantillons ne retient, à côté de l'ensemble du marché, que la grande consommation, la métallurgie-mécanique-automobile-aéronautique et les services non financiers (plus les biens d'équipements et les produits intermédiaires) pour la fonction chargé d'études marketing. Autre changement pour cette édition: la suppression de la distinction Paris-région parisienne/province (dans les tableaux, l'étude signalant toujours un différentiel global de 8-9 % entre Paris et la province). Des différences qui empêchent de donner des augmentations 2010-2009 par fonction. En revanche, Marketing Magazine fournit cette an née, outre les critères d'âge, d'ancienneté, de niveau de formation et les rémunérations moyenne et médiane fixe et variable, es chiffres par déciles et quartiles (qui permettent au professionnel de se situer dans une fourchette de sa la ires et de se projeter dans l'avenir).. Bonne nouvelle pour la profession: les salaires de la fonction marketing ont augmenté en moyenne de 3,1 % en 2010 (contre 2,7 % en 2009) pour le fixe, et de 5,7 % (contre 1 % l'année précédente) pour la rémunération totale. Cette hausse importante s'explique par la très forte augmentation de la part de variable chez les professionnels du marketing. Comme le souligne Jean-Michel Azzi, président-directeur général de Maesina International Search, « on assiste à un phénomène de balancier, influencé par la conjoncture économique ». Compte tenu de la médiocrité de l'année 2008, les objectifs 2009 ont été revus à la baisse. Et les résultats étant meilleurs que prévu, les entreprises ont finalement pu offrir des variables nettement plus élevées. Ce phénomène de balancier entre les objectifs pas assez ou trop élevés et les performances qui suivent est connu en temps de crise. Les critères déterminant le variable (qui reste plus important dans les fonctions commerciales) sont d'ordre quantitatif, mais aussi qualitatif (capacité de leadership et d'animation pour les managers) . Pour les DRH, la part entre le fixe et le variable est un dosage souvent délicat et le débat entre la rétribution collective et la valorisation individuelle est toujours d'actualité. A noter: le niveau de l'inflation prévu pour 2010 (1,7 % par rapport à 2009).

Jean-Michel Azzi (Maesina International Search):

«La crise favorise des rémunérations variables élevées, du fait d'objectifs bas. Ce décalage devrait se lisser, à force de tâtonnements dans la définition des objectifs.»

Une situation totalement inversée par rapport à 2009

Cette tendance de hausse des rémunérations se confirme pour tous les niveaux de la hiérarchie. Au total, 46 % des marketeurs ont vu leur rémunération augmenter d'au moins 4 % et plus, dont 24 % de plus de 8 %.Ce qui est exactement l'inverse de 2009, année où 46 % d'entre eux n'avaient pas reçu d'augmentation, dont 37 % avaient même vu leur rémunération baisser. En 2010, 23 % ont connu une diminution de leur salaire, et seulement 5 % une stagnation (contre 11 % en 2009). En termes de secteurs d'activité, l'étude montre qu'en produits grand public, les postes qui s'en sortent mieux que dans d'autres secteurs sont le chef de produit senior (+ 5 %) et le chargé d'études marketing (+ 6 %). En revanche, la rémunération du responsable marketing internet (poste plus développé dans les services aux particuliers, dans la distribution et le tourisme) est en baisse de presque 15 %. En B to B, secteur où la culture ingénieur reste dominante, la volonté d'aller vers le client favorise surtout les fonctions de directeur marketing ventes, de chargé d'études et de chef de produit senior. En revanche, la fonction de directeur marketing est en retrait. En services non financiers, le marketing est globalement sous-payé par rapport à la moyenne, hormis le marketing sur Internet qui est essentiel dans le domaine des services. C'est d'autant plus significatif dans le service aux particuliers. Chez les commerciaux, la hausse est presque aussi forte, mais la différence par rapport à 2009 est moindre. En moyenne, le fixe a progressé cette année de 3,6 % (contre 2,6 % en 2009) et la rémunération globale a augmenté de 5 % (contre 2 % l'année précédente).

L'Allemagne, toujours en tête pour les salaires

En Europe, l'étude confirme les disparités entre les pays. L'Allemagne reste au-dessus du lot, parmi les six pays étudiés, suivie par la Grande-Bretagne, qui voit son poids remonter considérablement, en raison du taux de la livre sterling par rapport à l'euro. Il est difficile de comparer poste par poste (en raison des disparités entre les niveaux de prélèvements fiscaux et sociaux, ainsi que du contenu de ceux-ci en matière d'assurance, de prévoyance et de retraite) . Le directeur marketing ventes britannique est avantagé. La raison tient à son champ de responsabilité, qui couvre l'Europe. Cette année, comme en 2009, la Belgique et l'Italie sont proches de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, surtout pour les postes de directeur marketing et de directeur commercial. Pour les managers commerciaux ou marketing, les rémunérations sont plus homogènes, sauf pour l'Allemagne, qui garde son avance. La France est en retard (notamment pour le pourcentage de variable sur le fixe) , surtout dans le cas des directeurs marketing ventes et directeurs marketing. Enfin, conclut l'étude, «la fluidité des mouvements entre pays est toujours limitée, car les disparités en matières sociales et fiscales et la barrière de la langue restent des obstacles importants».

Méthodologie

L'étude «Rémunération des professionnels marketing et vente» de Maesina International Search a été réalisée auprès de 200 entreprises. Elle regroupe 2 938 dirigeants, managers et professionnels, occupant 22 fonctions. Elle présente des résultats répartis selon trois principaux groupes de secteurs d'activité: les produits grand public (agroalimentaire, hygiène, cosmétique, pharmacie, biens semi-durables, mode et accessoires), qui représentent 32 % de l'échantillon, la métallurgie/mécanique/ automobile/aéronautique, et enfin les services non financiers (communication, commerce, distribution, transport, tourisme-loisirs). Deux autres groupes sont également représentés: les biens d'équipement (électricité, électronique, informatique-bureautique) et les produits intermédiaires (agro-industrie, chimie, parachimie, plastiques-caoutchouc, papier-carton, pétrole). Elle analyse les différents critères influençant le niveau de rémunération, ainsi que les augmentations individuelles concernant les titulaires n'ayant changé ni de poste ni d'entreprise, en cette période de crise. Enfin, l'étude présente une comparaison des rémunérations de cinq fonctions significatives dans six pays d'Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Belgique et Pays-Bas).

Indicateurs statistiques utilisés:

Moyenne: la somme des rémunérations divisée par le nombre de titulaires.
1er décile: toutes les rémunérations observées étant classées de manière croissante, le premier décile est tel que 10 % des rémunérations lui sont inférieures et 90 % sont supérieures.
1er quartile: 25 % des rémunérations sont inférieures et 75 % sont supérieures. Médiane: 50 % des rémunérations sont inférieures et 50 % sont supérieures.
3e quartile: 75 % des rémunérations sont inférieures et 25 % sont supérieures.
9e décile: 90 % des rémunérations sont inférieures et 10 % sont supérieures.

Catherine Heurtebise, Yveline Couteux

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