Relation client : où en est le transport ferroviaire ?
Research International et Marketing Magazine se sont associés pour publier, tous les mois, les résultats de l'Observatoire de la Relation Client. L'état des lieux de la satisfaction et de la fidélité du secteur bancaire, de la Téléphonie mobile, de la Grande Distribution, des Assurances et de deux services publics a déjà été dressé. Après avoir abordé ces mêmes thématiques le mois dernier sur le transport aérien, l'Observatoire de la Relation Client (ORC) traite à présent du transport ferroviaire.
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Ce volet de l'ORC, réalisé en septembre et octobre 2002, s'adressait
uniquement aux personnes de l'échantillon ayant effectué au cours des 12
derniers mois, un ou plusieurs voyages en train d'au moins 300 kilomètres, que
ce soit pour un motif personnel ou professionnel. Les performances de services
et les niveaux de satisfaction exprimés par ces voyageurs en train seront,
chaque fois que possible, comparés avec ceux des voyageurs en avion (voir n° 75
de Marketing Magazine, décembre 2002), le TGV étant de plus en plus en
situation de concurrence avec certains vols, en particulier certains courts et
moyens courriers d'Air France. L'attachement des voyageurs en train à l'égard
de la SNCF pourra être utilement mis en perspective avec celui des usagers de
La Poste ou d'EDF, usagers qui, eux aussi, se trouvent en situation de "clients
obligés" d'une entreprise publique (cf. Marketing Magazine n° 74, novembre
2002).
Une satisfaction globale insuffisante malgré des performances reconnues
Le secteur ferroviaire recueille en moyenne
une satisfaction globale de 7,0 sur 10, note inférieure à celles que l'on avait
observées sur tous les autres secteurs. Cette appréciation est, de façon très
générale, sensiblement plus faible chez les cadres, les hommes et les plus
jeunes : il n'y a, par exemple, que 12 % des moins de 35 ans à se déclarer très
satisfaits contre 34 % parmi les plus de 60 ans. Pourtant, certains points
forts de la SNCF sont unanimement reconnus : le respect de l'horaire de départ
(8,3 sur 10) et la possibilité de choisir ses dates de départ (7,5), mais aussi
le confort du voyage (7,2) et la sécurité à bord (8,0). Sur tous ces items, la
clientèle évalue positivement la SNCF, au moins aussi bien, voire mieux, que
les voyageurs en avion ne jugent les compagnies aériennes. Pourtant, la
clientèle a perçu les efforts faits par la SNCF pour améliorer son relationnel
client : accueil au guichet (7,3), disponibilité et amabilité des personnes en
contact avec la clientèle (7,3). Mais ces scores restent en retrait par rapport
à ceux obtenus en moyenne par les compagnies aériennes. Avant tout, les
voyageurs dénoncent un certain déficit en matière de servicing. La clientèle de
la SNCF juge en effet insuffisantes : l'attention portée aux demandes
spécifiques (6,9, à comparer, à titre d'exemple, avec la note de 7,6 d'Air
France) ; les réponses aux éventuelles réclamations (6,4 versus 7,4) et,
surtout, la qualité de service à bord (6,3 versus 8,0). Quant au système de
réservation, qu'il soit par Internet ou par téléphone, il est, avec 6,8 dans
les deux cas, moins bien noté que ceux des compagnies aériennes.
Les performances à améliorer en priorité
Les
traitements statistiques de l'ORC montrent que "l'individualisation du service"
explique 14 % de la satisfaction déclarée (voir encadré "Les facteurs
explicatifs de la satisfaction globale"), contribution supérieure à celle de la
"qualité du relationnel" (8 %), considérée par la clientèle comme relativement
acquise. Comme dans d'autres secteurs, une meilleure perception par la
clientèle de l'individualisation du service rendu est un levier pertinent pour
améliorer la satisfaction. La variable temps (l'attente) est notée 7,4 pour les
conditions d'attente avant embarquement, 6,5 seulement pour l'attente au
guichet de la gare, mais elle n'apparaît pas à l'analyse comme un critère
d'optimisation de la satisfaction client, comme c'était le cas dans le
transport aérien. La variable prix (coût global du voyage, rapport
qualité/prix) est traditionnellement mal notée, et ce, quel que soit le
secteur. La SNCF ne fait pas exception à cette règle, et enregistre des notes
de 6,4 sur 10, mais, là encore, ce n'est pas au final un élément clé dans
l'opinion exprimée par le voyageur. En revanche, une troisième dimension de
performances de services est discriminante dans la mesure où elle est
explicative de la satisfaction à hauteur de 29 % : il s'agit d'une dimension
composite, associant à la fois la qualité du service et la propreté à bord, la
diversité des services et tarifs proposés, ainsi que l'information sur ces
services, résumée sous l'intitulé "Qualité du service" dans l'encadré sur les
facteurs explicatifs de la satisfaction.
Les variables d'image les plus importantes pour la clientèle
Restent les valeurs d'image de
la SNCF qui pèsent lourdement (à hauteur de 49 %) sur la satisfaction, que ce
soit en positif ou en négatif. La perception que les clients ont de
l'entreprise SNCF s'organise autour des dimensions structurelles suivantes. -
Un axe de "proximité" (16 % de la satisfaction globale) correspondant aux items
d'image : une entreprise "proche des gens", "humaine", "dans laquelle les
relations sociales sont bonnes". Sur toutes ces valeurs, l'évaluation de la
SNCF peut être améliorée. Le jugement des usagers est particulièrement sévère
sur le climat social régnant au sein de la SNCF (avec une note moyenne de 5,9),
et cette évaluation négative joue un rôle pénalisant sur l'image globale de la
société et au-delà sur la satisfaction géné-rale des clients. - Un axe de
"modernité" et de "technicité" (10 % de la satisfaction) regroupant les items
d'image : une entreprise "moderne", "innovante", "à grande réputation
technique" et "dynamique". La SNCF est déjà créditée d'une grande réputation
technique puisque sur cet item, elle bénéficie d'un score très honorable de
7,5, inférieur à celui d'Air France (8,0), tout en étant supérieur à celui de
la moyenne des autres compagnies aériennes (6,5). - Un dernier axe enfin, mais
très important en termes de satisfaction (23 %), relatif au "rôle de service
public" que les voyageurs continuent d'attendre de la SNCF. Nous avions déjà
repéré cette dimension à propos de l'entreprise publique La Poste, mais
beaucoup moins pour EDF. Le niveau d'attachement à la société SNCF est
également appréhendé par des indices de "fidélité conditionnelle", comme nous
l'avions fait avec La Poste et EDF. Ils sont obtenus en demandant aux
interviewés d'estimer leur propension à être fidèle ou infidèle au cas où une
autre société proposerait (sous diverses conditions de prix ou de services) les
mêmes voyages. L'indice moyen de la SNCF est de 62 (indice prenant des valeurs
de 0 à 100, 100 représentant la fidélité absolue), score inférieur à celui
observé pour La Poste (69) et EDF (68). C'est ce score qui explique le
pourcentage important de la clientèle appartenant aux segments "Mercenaires" et
"Opposants" de notre mapping croisant satisfaction et fidélité. Là encore, les
hommes, les jeunes et les catégories sociales supérieures expriment les
opinions les moins positives à l'égard de la SNCF, alors que les femmes, les
personnes âgées et les inactifs accordent des scores plus élevés. Faut-il
interpréter ces déclarations d'infidélité conditionnelle comme la marque d'un
attachement insuffisant à la société, comme une sous-évaluation liée à la
situation de monopole ou comme l'expression d'une irritation de la clientèle
face au climat social au sein de la SNCF ?
FICHE TECHNIQUE
Un échantillon de 500 personnes environ est interrogé chaque mois, en respectant strictement les quotas Insee en termes d'âge, sexe, habitat, PCS du chef de famille, taille du foyer, région et habitat afin d'être totalement représentatif de la population française. Le questionnaire est administré en face à face par enquêteur au domicile de l'interviewé(e) et directement sur PC (CAPI).
TRANSPORT FERROVIAIRE : LES INDICATEURS CLÉS
Indice synthétique de fidélité : 62 Note de satisfaction globale : 7,0 Meilleur score : 8,3 (le respect des horaires) Moins bon score : 6,3 (le service à bord) Note de satisfaction Qualité/Prix : 6,4 Adhésion à la carte de fidélité : 7 % Source : ORC, Observatoire de la Relation Client Research International
TRANSPORT FERROVIAIRE : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA SATISFACTION GLOBALE
Contribution de l'image = 49 % Dont : Proximité : 16% Modernité/Réputation technique : 10 % Rôle de service public : 23 % Contribution de la performance des produits et services = 51% Dont Individualisation du service : 14 % Qualité du service (diversité des services à bord, propreté, informations) : 29 % Qualité du Relationnel (disponibilité/amabilité) : 8 % Source : ORC, Observatoire de la Relation Client Research International
LES SECTEURS DÉJÀ ÉTUDIÉS PAR L'ORC