Quelles tours pour demain ?
Les tours du World Trade Center reflétaient l'optimisme des années 60. Aujourd'hui, les tours se veulent porteuses d'autres valeurs. Entre écologie et transparence...
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Les attentats du 11 septembre dernier sur le World Trade Center viennent de
remettre sous les feux de l'actualité le débat sur l'architecture des tours.
Dès le lendemain de la catastrophe, les médias se faisaient l'écho des analyses
de certains spécialistes qui comparaient les avantages supposés de tours
construites autour d'une structure en béton (comme c'est le cas en France) et
les structures métalliques développées aux Etats-Unis. Débat technique un peu
vain, tant il est évident qu'actuellement aucune technologie ne peut permettre
à une tour de résister à ce type d'attaque. Mais laissons là ce débat et
interrogeons-nous sur les nouvelles formes que pourraient prendre les
gratte-ciel de demain.
Vers des tours jardins
Les
innovations sont d'abord à attendre du côté de l'approche constructive avec
l'apparition de soucis environnementaux dans la modification et la gestion de
ces bâtiments hors normes. L'architecte italien Renzo Piano vient ainsi
d'inaugurer à Sydney en Australie, une tour de 200 mètres de haut (44 étages de
bureaux et 17 étages de logements) qui, grâce à une "double peau" constituée de
persiennes de verre, profite de la brise du large pour aérer et ventiler
l'immeuble et évite ainsi l'usage de l'air conditionné. De plus,
l'installation de véritables jardins d'hiver jouxtant les appartements joue un
rôle de régulateur thermique mettant fin aux logiques constructives des tours
autarciques. Des jardins dans les tours... Si aujourd'hui ce type de
réalisation reste exceptionnel, il n'en reflète pas moins les réflexions
conduites par les architectes pour renouveler les codes d'aménagement des
buildings. Norman Foster vient de dessiner pour Swiss Ré (société de
réassurance) à Londres une pomme de pin de 180 m de haut dont l'une des
particularités sera aussi l'implantation à chacun des quarante étages de
véritables jardins. Outre l'agrément visuel, cette coulée verte verticale
permettra de diviser par deux la consommation énergétique.
Vers des tours transparentes
A ces innovations techniques viendront
s'ajouter dans les années qui viennent des recherches formelles toujours plus
riches. Parmi les nombreux projets, on pourra retenir le futur siège du New
York Times, conçu par Renzo Piano, véritable mille-feuille de verre qui devrait
contribuer largement à renouveler le paysage de Manhattan. De son côté,
Dominique Perrault vient d'imaginer une tour en voile de rideaux dont les
volumes intérieurs fortement colorés apporteraient une touche de couleur à la
City. Barcelone, pour sa part, va voir sortir de terre pas moins de six tours,
signées entre autres par Ricardo Boffil, Richard Rogers et par l'incontournable
Jean Nouvel avec sa tour Agbar. Plus que par sa hauteur relativement modeste
(142 mètres), cette tour va surtout se faire remarquer (et faire parler) par sa
forme oblongue et son revêtement de verre sérigraphie aboutissant à un sommet
quasi transparent. Comme si, après avoir affirmé au début du siècle dernier
leur puissance par des toits richement ornés, les gratte-ciel cherchent
aujourd'hui à se fondre dans celui-ci... et marquent la fin d'une époque.
NOUVEL À BEAUBOURG
Pour ceux qui s'intéressent aux nombreux projets et réalisations de Jean Nouvel, rendez-vous leur est donné à partir du 14 novembre prochain au Centre Pompidou qui accueille une exposition entièrement dédiée à l'architecte le plus médiatique et le plus critiqué de ces dernières années. Cette exposition sera l'occasion de voir, entre autres, les projets de tours pour La Défense (la fameuse tour Sans Fin), pour Tokyo (la tour Dentsu) et pour Barcelone (la tour Agbar).