Produits d'entretien verts: les Français en quête de clarté
«Depuis quelques années, on assiste en France à une explosion des produits d'entretien écologiques. Pourtant, ceux-ci ne comptent encore que pour 3% du marché global. En Allemagne, c'est le double, voire plus», déplore Frédéric Perrin, directeur général de Werner et Mertz France qui détient la marque Rainett. Forte de ce constat, la société spécialisée dans les produits d'entretien a mandaté l'institut Ifop pour analyser les freins et motivations des Français concernant l'achat des produits ménagers verts.
Première conclusion: «Il est toujours clair que le bénéfice de l'environnement n'est pas un argument de vente qui se suffit à lui-même», précise d'entrée de jeu Alain Renaudin, directeur général adjoint de l'Ifop. Surtout, le prix constitue très nettement le premier frein à l'achat, les produits verts étant perçus comme trop chers par 48% des personnes interrogées, particulièrement par les femmes, les 35-49 ans et les professions intermédiaires. Une surprise pour Frédéric Perrin qui affirme vendre ses liquides vaisselle et ses lessives éco-labélisées au prix des grandes marques classiques. Viennent ensuite le poids de l'habitude (12%) et l'impression de ne pas avoir suffisamment d'informations sur les impacts environnementaux directs. «Le consommateur est assez perdu face aux allégations environnementales. On note une forte demande de caution chez eux, un besoin de repérage», note Alain Renaudin. La mise en avant de labels environnementaux ou de simples mentions «écologiques» est d'ailleurs le principal déclencheur d'achat de ces produits (voir graphique ci-dessous). Conséquence directe de cette étude, Rainett a repensé son packaging cet été. Celui-ci insiste désormais sur l'aspect pédagogique et la mise en avant de l'écolabel et du partenariat avec le WWF.
Convaincre encore
«Le bénéfice sur la santé des produits verts est aussi très attendu», reprend Alain Renaudin. En effet, si 93% des personnes interrogées pensent que les produits d'entretien classiques sont dangereux pour l'environnement, 82% estiment aussi qu'ils présentent des risques pour leur propre santé. Or, peu de consommateurs sont informés sur la nature et l'explication de ce risque: seulement 7% considèrent qu'ils connaissent parfaitement les produits qui sont dangereux et 46% avouent qu'ils n'en ont aucune idée. Pour autant, si les produits dits «écologiques» ont à ce titre une carte à jouer, ces marques vertes doivent encore fournir des efforts pour convaincre. Un premier pas a été franchi sur la question de l'efficacité: longtemps sceptiques, les consommateurs identifient désormais les produits écologiques comme aussi efficaces (78%) que les produits classiques. Mais ils ne sont que 17% à penser qu'ils sont beaucoup plus respectueux de l'environnement et de la santé tandis que 21% estiment qu'il n'y a pas vraiment de différence. Une partie de la bataille consistera certainement à convaincre le ventre mou des 60% qui considèrent que ces produits sont «un peu plus respectueux» de l'environnement pour que l'argument vert devienne décisif.
Méthodologie
Etude menée par l'ifop dans le cadre du Filifop, l'enquête multiclients hebdomadaire réalisée par téléphone sur système Cati. informations recueillies auprès d'un échantillon national représentatif de 1006 individus âgés de 15 ans et plus, les 24 et 25 avril 2008.