Pour des questionnaire "raisonnables"
Un plaidoyer d'Eric Dubois, directeur général de NFO Infratest France.
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«Si les fins d'année voient fleurir les bilans quantitatifs en tous genres,
certains s'imposent également, dont nous devrons tenir compte pour les années à
venir Et ce, peut-être, tout spécifiquement lorsqu'il s'agit du recueil de
l'information, clef de voûte de notre métier et des besoins des annonceurs.
Ainsi, en 2002, nous avons vu un fort développement des études on line et via
access panel, qui représentent aujourd'hui une part croissante et significative
de la "production études", avec environ 20 % de l'activité quantitative. Si ces
modes de recueil de l'information voient leur poids augmenter, avec des
avantages évidents comme l'accès à des cibles rares, la rapidité de mise en
oeuvre, ou encore un rapport prix/faisabilité favorable, il n'en reste pas
moins vrai que les modes de recueil classiques (face-à-face, téléphone) gardent
toute leur importance et tous leurs atouts. Cependant, à ce niveau, vous,
annonceurs, comme nous, instituts, devrons être très vigilants et nous assurer
que nous jugerons toujours une étude davantage sur la qualité de l'information
recherchée que sur la quantité espérée ! Il est vrai qu'il est toujours tentant
de vouloir ajouter quelques questions périphériques à chaque fois qu'un terrain
démarre... Mais, il reste tout aussi vrai que de la nature et de la longueur
d'un questionnaire dépendra la qualité de la recherche. A ce niveau, nous
devons, ensemble, faire le malheureux constat que, trop souvent, les
questionnaires deviennent de plus en plus longs, compliqués, et au final
difficiles à administrer. Certes, le client est roi. Mais, face à un
consommateur qui, comme chacun d'entre nous, dispose de moins en moins de temps
à nous consacrer, il est de notre devoir de tenir compte de l'évolution de
certains paramètres de notre société. Ainsi, par exemple, quelques
consommateurs, de plus en plus informés et avertis, ont maintenant clairement
conscience de la valeur de l'information que nous récoltons auprès d'eux et
entendent bien être récompensés en échange, pourvu aussi que la disponibilité
temps qui leur est demandée ne soit pas trop contraignante, pour ne pas dire
rédhibitoire.
Responsabilité et intérêt
Un bon
questionnaire ne servira ainsi une bonne étude que dans la mesure où l'on ne
veut pas lui faire dire tout et n'importe quoi. Savez-vous, par exemple,
qu'après vingt à vingt-cinq minutes de questionnaire, l'attention d'un
consommateur baisse considérablement et qu'alors la tendance est de répondre
vite et sans réfléchir ! Par exemple, pour une batterie d'items d'image, que
nous placerions avant la vingtième minute, ou après celle-ci, les réponses
enregistrées pourront avoir une distribution de notes, donc une discrimination
et une précision d'information complètement altérée... Que, lorsqu'un
questionnaire administré par enquêteur dépasse la durée de trente minutes, le
taux des "abandonnistes" en cours d'interviews peut dépasser les 40 %, ce qui
inévitablement conduit à une baisse des cadences, donc à l'augmentation des
coûts. Il est, c'est évident, de la responsabilité des instituts d'études de
guider leurs clients face à des modifications attitudinales du consommateur,
comme il est en même temps de leur intérêt de prendre en compte ces données.
Deux études courtes génèreront au final un meilleur retour sur investissement
qu'une seule étude trop lourde, trop longue et, pour finir, moins précise dans
la nature de ses informations. Gageons qu'ensemble, nous saurons, grâce au
professionnalisme et à la compréhension de chacun, davantage tenir compte de
cette réalité, et maintenir de cette façon le niveau de qualité qu'un annonceur
est en droit d'attendre de tout investissement. »