Pas folle la collective de la truite !
Premier poisson frais à obtenir la norme Afnor, la truite a désormais sa marque garantie "charte de qualité" NF. Elle prévoit dans la foulée une campagne de communication et de promotion sur le lieu de vente ainsi qu'un nouvel étiquetage plus informatif.
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Comment faire pour reconquérir la confiance des Français ou ne pas la
perdre en ces temps de scandales alimentaires à répétition ? Tel est le défi
que relèvent fièrement les pisciculteurs et les transformateurs de truites
français. Pour tordre le cou aux soupçons qui ont failli entacher leur image en
pleine crise de la vache folle au mois de novembre, ils ont choisi de lancer la
marque "La truite, charte qualité", reconnue à la norme française NF. Des
produits qui, comme le souligne Alain Roussel, directeur du CIPA (Comité
Interprofessionnel des Produits de l'Aquaculture), sont 100 % irréprochables et
placés sous le contrôle de l'organisme indépendant Véritas. Cette démarche
qualité a été engagée par les professionnels depuis cinq ans. Elle garantit une
alimentation sans farine d'animaux terrestres, une traçabilité de l'élevage
piscicole à l'étal, grâce notamment à la tenue d'un registre d'élevage
fraîcheur. La date de pêche est obligatoirement mentionnée sur l'étiquette des
caisses d'emballage. Mais cette nouvelle marque NF, outre les nombreux
contrôles en amont, porte également sur la transformation des poissons qui
doivent être refroidis moins de trois heures après leur capture, éviscérés ou
filetés dans des ateliers à température dirigée et enfin expédiés dans un délai
maximum de 36 heures après la pêche. Les produits finis (entiers éviscérés ou
découpés) doivent avoir un aspect irréprochable, un calibrage strict et être
indemnes d'odeur et, bien sûr, sans goût de terre. Si, pour l'instant, cette
marque ne concerne pas la truite fumée, il n'est pas impossible qu'une
appellation du type "fabriqué à partir de truite NF" soit mise en place
prochainement. Ce seront 17 000 tonnes qui seront commercialisées soit la
moitié de la production destinée à la consommation. Mais la truite NF pourrait
atteindre, selon Alain Roussel, 22 000 à 25 000 tonnes d'ici la fin de l'année
étant donné le bon accueil qui lui est réservé. Les distributeurs qui avaient
mis en place leur propre filière qualité comme Carrefour, Auchan, Cora, l'ont
intégrée dans leur démarche qualité comme norme de base.
Une campagne d'information
Reste le volet publi-promotionnel à
finaliser, pour un budget de 8 MF. Selon Alain Roussel, « dans le cadre d'une
collective il ne sert plus à rien de vanter la différence nationale du poisson.
Les consommateurs préfèrent une véritable information sur les méthodes
d'élevage ». La campagne publicitaire du mois de mai, encore à l'étude, devrait
donc s'orienter vers du publi-rédactionnel et viser, outre le grand public, les
leaders d'opinion pour éviter tout dérapage sur l'information. Côté magasin,
l'étiquette apposée sur la caisse de vrac et qui comporte obligatoirement les
mentions sur l'espèce "truite arc en ciel élevée en eau douce" ou "en eau de
mer", la date de pêche, le logo charte de qualité et la mention NF pourrait
évoluer vers plus de modularité afin de faciliter l'information des
consommateurs sur l'étal. Un spécimen est à l'étude ; il se compose de deux
parties. La première restera sur la caisse tandis que l'autre, comportant le
label et la marque, pourra se coller sur le pic-prix du rayon. Ce travail
pédagogique sera renforcé par une campagne promotionnelle d'identification sur
les points de vente classiques. Avec, durant l'été, l'arrivée d'un bus
spécialement aménagé qui sillonnera les parkings des grandes surfaces pour
initier les consommateurs au b-a ba de l'élevage de la truite. Pas folle du
tout, la truite française prépare également ses dossiers d'information en
matière de dioxine et de génétique afin de prévenir toute interrogation
médiatique.