Nos grands annonceurs sont nos partenaires :Claude Cohen (TF1 Publicité)
Présidente de TF1 Publicité, Claude Cohen explique les raisons du leadership d'une chaîne qui représente, à elle seule, plus de la moitié des investissements publicitaires télévision. Et comment se développe, à travers le groupe, une offre de communication globale.
Je m'abonneComment se porte aujourd'hui le marché publicitaire de la télévision ?
Claude Cohen : Globalement, la télévision se porte
bien. On assiste cette année à un recentrage des achats en communication vers
les médias, et en particulier vers la télévision. Plus que jamais les marques
ont besoin de communiquer. Sur le secteur de la grande consommation, en
particulier face à la montée du hard discount, la priorité est à la défense
des marques. Elles ont besoin d'être vues, d'être mémorisées… La télévision a
beaucoup d'atouts et les annonceurs savent bien dans quelle direction aller
pour toucher leurs cibles.
Qu'en est-il de TF1 en particulier ?
CC : Nous sommes au-dessus des objectifs que nous nous étions
fixés. A fin août, TF1 était en progression de près de 7 % en investissements
publicitaires. A mi-octobre, notre part du marché TV est de 54,8 %, contre
54,5 % l'an passé. Ce qui s'explique, outre notre politique commerciale, par
nos résultats d'audience. Toujours à mi-octobre, la durée d'écoute de TF1 a
progressé de six minutes sur les moins de 50 ans, de trois minutes sur les 15
ans et plus et notre part d'audience de 1,5 point sur les moins de 50 et de 0,8
sur les 15 ans et plus. Des progressions qui sont liées aux performances de
l'antenne. Tous les grands classiques ont bien marché ; nous avons eu des
émissions nouvelles fortes, comme “La Ferme” au premier semestre, de grandes
fictions. La “Star Academy” a vu son audience augmenter, “Queer” marche bien
sur les moins de 50 ans…
Aujourd'hui, qualifieriez-vous la télévision de média “cher” ou “peu cher” ?
CC : Ce qui est
intéressant avec la télévision, c'est qu'il s'agit du seul média dont on mesure
l'audience aussi précisément. L'annonceur sait ce qu'il achète à la seconde
près. Il n'existe rien de plus rigoureux en matière de connaissance du prix
auquel on achète et de coût. Aucun autre média ne peut y prétendre. Par
rapport au nombre de personnes touchées, c'est le média le moins cher. Après,
relativement, il peut être coûteux, mais proportionnellement, il est peu
cher.
Va-t-il devenir plus cher ?
CC : Dans notre
organisation, nous disposons, tous les matins, d'un observatoire qui nous
permet de vérifier si l'offre est bien lissée par rapport à l'ensemble du
planning, si les tarifs sont cohérents avec les audiences. Et, en fonction de
nos observations, nous ajustons le plus possible nos tarifs, pour avoir l'offre
la plus équilibrée, pour ne pas dépasser certains objectifs de coût GRP. C'est
notre vie quotidienne. Nous adaptons nos tarifs en permanence et nous les
envoyons toutes les semaines aux acteurs du marché.
Que pensez-vous des critiques faites au média télévision, en particulier son encombrement ?
CC : Déjà, il n'y a pas d'augmentation de la durée
publicitaire, pas d'écrans en plus. Tout cela est très réglementé, surveillé.
Souvent, lorsque le marché parle d'encombrement, cela ne concerne que certaines
périodes où il existe une concentration de la demande, qui gêne peut-être
l'optimisation des messages. Si l'on est en période chargée, il existe moins de
possibilité de modifications que dans les périodes où il y a plus de place.
Cette impression ne vient-elle pas aussi de l'offre qui s'est beaucoup développée avec les chaînes thématiques ?
CC : Si les
chaînes thématiques étaient très encombrées, cela se saurait… C'est vrai qu'il
existe beaucoup d'offres, que le paysage est peut-être encombré. Mais, dans la
réalité, il n'existe qu'une dizaine de chaînes thématiques qui émergent. Il
faut faire partie des dix premières. Mais il est aussi rassurant de voir que
les grandes chaînes, et notamment TF1, augmentent en durée d'écoute et en
audience. On sait qu'il existe chez les téléspectateurs des éléments de
comportements qui font qu'ils aiment bien se reconnaître dans l'univers de ces
chaînes. Un univers qui appartient à leur vie quotidienne, qui crée des
références communes.
Retrouve-t-on ailleurs une position de leader telle que celle de TF1 ?
CC : L'audience de TF1 est unique
en Europe. Et elle continue de progresser, notamment par rapport aux cibles
commercialement intéressantes. C'est-à-dire les responsables des achats, les
gens qui comptent pour une chaîne commerciale. Au sein de notre audience, nous
avons beaucoup de ménagères de moins de 50 ans avec enfants, une population qui
a des niveaux d'attention, de réceptivité, de mémorisation… accrus. L'écoute
conjointe mère-enfants génère un impact plus fort qu'une écoute individuelle.
TF1 a une audience très familiale et touche principalement les “foyers
nombreux”. Des foyers qui, lorsqu'ils sont devant leur poste de télévision, y
restent plus longtemps, et qui possèdent davantage de préconisateurs par
rapport aux contenus des écrans que les autres foyers. Nous venons de mettre
au point un nouvel indicateur, qui est actuellement en phase d'intégration dans
les caractéristiques de nos écrans, qui est un indicateur d'assiduité.
C'est-à-dire la durée totalement vue d'un écran. Et TF1 a une assiduité très
forte, très supérieure à celle de ses concurrents. Le fait que les foyers
nombreux, les ménagères avec enfants, soient les acheteurs les plus
intéressants en quantité est une notion bien retenue par les annonceurs. Quels
sont vos autres avantages concurrentiels ? CC : Chez les annonceurs, il existe
aujourd'hui un très grand besoin d'efficacité, de retour sur investissement.
Pour qu'un message soit efficace, il faut d'abord qu'il soit vu et mémorisé.
Pour être vu, il faut des écrans puissants. Nous avons la meilleure
visibilité, et notamment sur le peak time, et de forts taux de mémorisation.
La puissance des écrans est importante. Et, si nous la recherchons, c'est bien
dans ce souci d'efficacité. On sait, par exemple, que les écrans puissants ont
un effet amplificateur sur les ventes à court terme. D'après des études menées
avec MarketingScan, l'efficacité des écrans les plus puissants est de + 37 %.
Nous allons aller de plus en plus dans cette direction : comment apporter plus
d'efficacité, comment fournir de plus en plus de réponses aux questions que se
posent nos annonceurs. Sachant qu'aujourd'hui, la construction de l'image et
l'efficacité sur les ventes vont ensemble. Nous effectuons beaucoup de travail
pour fournir le maximum d'audience et de résultats par rapport aux populations
visées par nos annonceurs. Nous fournissons de l'audience correspondant à une
demande. Mais nous sommes en permanence obligés de faire un grand écart en
termes de programmes. Il nous faut toucher les populations jeunes, sans pour
autant perdre les autres. Garder les téléspectateurs de plus de 50 ans, parce
qu'ils regardent la télévision plus que les autres, et donc les satisfaire avec
des programmes leur correspondant. Et également avoir des émissions concernant
toute la famille. “Star Academy”, par exemple, touche un public qui va des
enfants de 4-10 ans jusqu'aux plus de 50 ans. Avoir l'offre la plus large
possible, c'est l'effort que nous devons effectuer par rapport à toutes ces
cibles.
La Régie a-t-elle une influence sur l'Antenne ?
CC : Nous travaillons ensemble. Notre objectif est d'avoir
l'audience la plus forte possible et de rester leader. Il existe un dialogue
permanent avec l'Antenne ; nous avons des réunions autour des programmes tous
les mardis matin. Mais la Régie n'a pas d'influence. Nous nous respectons
mutuellement, nous nous comprenons bien, mais nous connaissons les limites à ne
pas dépasser.
Comment évolue votre portefeuille client ? Et comment vous préparez-vous à l'arrivée de la Distribution en 2007 ?
CC : Les plus grands annonceurs télévision sont fidèles. Sur
l'année, nous avons déjà enregistré quatre-vingt nouveaux clients, qui
appartiennent principalement aux secteurs des Services, de l'Informatique, des
Télécommunications, de l'Habillement… Quant à la Distribution, ce ne sont pas
vraiment de nouveaux arrivants, puisque nous connaissons bien les enseignes
grâce au parrainage. Pas toutes, mais une grande partie… En 2000, à l'époque
de la bulle Internet, on se posait la question de savoir comment nous allions
pouvoir servir tous ces nouveaux annonceurs ? Nous y avons réussi. Il n'y a pas
de raison qu'il n'en soit pas de même avec la Distribution, sans que cela se
fasse au détriment de nos annonceurs classiques. Cela ne le sera jamais
d'ailleurs, car nous avons une vraie politique vis-à-vis de nos partenaires.
Que signifie “partenaires” ?
CC : Le terme m'est venu
spontanément. Ce sont nos gros annonceurs, les grands de l'Alimentaire, de
l'Hygiène-Beauté, de l'Automobile… Un groupe comme L'Oréal est pour nous un
partenaire. Ce que nous avons fait ensemble au niveau d'“Ushuaia” est un
modèle de partenariat.
Au-delà de l'espace publicitaire classique, quelle offre mettez-vous à la disposition des annonceurs ?
CC : En
fonction des problématiques, nous avons des formes spécifiques de
communication, telles que le parrainage. Et nous avons la possibilité de
répondre à une demande de communication globale, à travers le groupe TF1.
Prenons, par exemple, une émission comme “Star Academy”. Une marque peut en
être le sponsor, acheter de l'espace, prendre des licences… Mais elle peut
également aller plus loin : utiliser le magazine Star Ac mag, s'attacher des
vedettes, participer à la tournée, organiser des jeux-concours, avoir recours à
l'interactivité… Et cette approche peut se réaliser autour de plusieurs
émissions.
Comment s'organise une démarche de ce type ?
CC : Le lien avec l'annonceur, c'est toujours la régie. Un
responsable commercial peut alors faire intervenir toutes les entités du
groupe. Qu'il s'agisse des licences, des jeux, de la téléphonie, du département
cinéma… Ensuite, chacun dans son domaine peut répondre et affiner. C'est une
démarche unique à TF1. Pour la régie, il est fondamental de voir tout ce que
l'on peut faire. Pour les autres, cela leur donne une dimension complètement
nouvelle du groupe. La connaissance des métiers des autres est très
enrichissante, pour tout le monde.
Quel est le rôle de votre service marketing ?
CC : La base de son rôle, c'est d'étudier les
audiences des chaînes dont nous nous occupons et les comportements des
téléspectateurs, afin d'en retirer tous les arguments nous permettant de
proposer à nos clients les solutions les plus adaptées à leurs problématiques.
Ensuite, il a un rôle de service client, c'est-à-dire apporter le maximum
d'informations à nos clients. Par exemple, à partir d'un problème posé par un
annonceur, ou que nous avons détecté, d'expliquer et de voir comment réagit un
marché, un secteur. Nous avons un gros budget études. Outre celles relatives à
l'audience, nous sommes souscripteurs de SIMM, Homescan, HomeScan Média,
TVScan… Et nous réalisons beaucoup d'études internes, sur les leviers de la
mémorisation en télévision, le peak time dans le médiaplanning… Notre objectif
permanent est d'optimiser le média, d'aller plus loin, qu'il s'agisse de TF1
ou des chaînes thématiques. Et d'avoir la connaissance la plus fine possible
des téléspectateurs, de leurs comportements et des tendances.
Comment envisagez-vous 2005 ?
CC : Comme tous les ans,
à cette même période, il ne faut pas s'attendre à ce que ce soit facile. Mais
nous avons beaucoup d'éléments qui peuvent jouer en notre faveur : une grille
qui marche bien, qui est stable, des conditions générales de vente très
réalistes et incitatives concernant le début de l'année. De toutes façons, nous
sommes condamnés à être en progression.
Parcours
1970 IP : directrice de clientèle, puis dirige les services de création et de production et préside les filiales de production. 1983 Groupe Europe 1 Communication : directrice commerciale d'Europe 1, dirige les relations extérieures de Giraudy. 1987 TF1 : directrice générale de la régie en 1991. 2004 Présidente de TF1 Publicité. Administrateur de TF1, d'Eurosport et de Métro. Présidente du Syndicat National de la Publicité Télévisée depuis 1997.
TF1 Publicité
234 collaborateurs, 146 femmes, 88 hommes (âge moyen : 36 ans). Supports en régie : TF1, LCI, Eurosport, PinkTV, Histoire, TF6, TVB, Odyssée, TCM, Télétoon, Tfou, Cartoon Network, Euréka, Piwi, Boomerang, TPS publicité interactive + sites internet (tf1.fr ; tfou.fr ; eurosport.fr ; Koodpo ; Plurielles…). CA 2003 Groupe TF1 : 2,77 milliards d'euros. CA 2003 Pub Antenne TF1 : 1,54 milliard d'euros.