Neutrogena met le cap sur la grande distribution
Elle n'est pas encore une méga marque puisqu'elle ne pèse que 735 millions de dollars. Avec un taux de croissance annuel de 13 % depuis cinq ans et une distribution élargie à l'ensemble des circuits, Neutrogena devrait très vite rejoindre le club envié des marques à 1 milliard de dollars. C'est du moins l'ambition du groupe Johnson et Johnson qui fait du soin de la peau une de ses priorités mondiales.
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C'est devenu une habitude. Après Sensodyne, Dermophil et Scholl, une
nouvelle marque s'essaie au transfert des officines vers les rayons de la
grande distribution. Marque phare du groupe Johnson & Johnson, Neutrogena prend
place dans les linéaires aux côtés des Nivea, Plénitude et autres Diadermine.
Avec des ambitions fortes. Devenir, dès la fin 2003, la troisième marque du
marché des soins du visage et challenger L'Oréal et Nivea. Rien que ça. Pour
atteindre son but, et éviter les foudres des pharmaciens qui jusqu'alors ont
assuré le développement de la marque, J&J, allié à son partenaire Vania,
introduit une gamme de soins du visage exclusive à ce circuit. Pas question
donc de trouver la fameuse formule norvégienne, son stick pour les lèvres ou sa
crème pour les mains, dans les rayons d'Auchan, Carrefour ou Monoprix. « Le
soin de la peau est une priorité mondiale, européenne et, bien sûr, française
pour Johnson et Johnson. Le groupe veut faire de Neutrogena le leader mondial
du soin de la peau et du cheveu grand public.
Pour soutenir
cette volonté, il est essentiel d'être présent en GMS, un circuit primordial
sur le soin de la peau, note Thierry Lot, directeur marketing et commercial.
Aux Etats-Unis, où la marque est présente dans l'ensemble des circuits et des
marchés de l'hygiène-beauté, elle fait jeu égal avec Plénitude en occupant, sur
le segment de l'hydratation et traitement, la deuxième place du marché derrière
Oil of Olaz. » Forte d'une notoriété assistée de 83 %, Neutrogena revêt donc
un pack argent pour lancer "Visibly Refined" et "Visibly Young", des gammes
destinées respectivement aux 25-35 ans et aux 35-55 ans. « En valeur, la GMS ne
représente que 28,1 % des ventes (*) des produits soin visage et corps. Le
potentiel est donc énorme puisque plus de 70 % lui échappent », constate
Fabrice Pierrucci, marketing manager. Des données qu'il faut relativiser
puisqu'elles s'établissent en valeur. Or, les prix en grande distribution n'ont
rien de comparables avec ceux des circuits sélectifs.
Recruter les acheteuses du sélectif
Reste que, selon une étude Reseach
International réalisée en mai 2002, sur 100 femmes fréquentant les GMS et les
circuits sélectifs, seulement 29 d'entre elles achètent leurs produits
d'hydratation ou traitement du visage en GMS. Par manque de confiance pour 42 %
de ces dernières, faute d'infor-mation et de conseil pour 30 %. « Avec une
marque de confiance comme Neutrogena, nous allons pouvoir recruter des
acheteuses du sélectif avec des produits à forte implication, comme l'anti-âge
et l'hydratation, nourrir la croissance du segment anti-âge et redynamiser les
segments en difficultés, comme les toniques, l'hydratant jour et les laits
démaquillants », poursuit Fabrice Pierrucci. Et d'ajouter que, globalement,
rien ne changera du côté des pharmacies. Ces nouvelles gammes d'usage quotidien
n'étant pas concurrentes des gammes thérapeutiques qui demeurent l'apanage des
officines. « Le soutien média puissant qui va accompagner ces lancements aura
des répercussions positives sur les ventes en pharmacie. Par ailleurs, nous
poursuivons notre soutien média ciblé sur les produits vendus dans ce réseau. »
Ce soutien, dont on ne connaît pas la hauteur, mais dont l'investissement
devrait être « leader, n°1 en anti-âge, n°3 en soin de la peau », selon J&J,
touchera aussi bien la consommatrice que le dermatologue, qui demeure le
premier allié de la marque. Signée par DDB, la création européenne, déclinée en
deux films produits, devrait arriver sur les écrans en avril, avec bien
évidemment des relais en magasins et en presse. Ce lancement, qui intervient
près de deux ans après celui d'Evian Affinity, est également un moyen pour J&J
d'amortir ses frais de recherche et de développement (environ 10 % de son
chiffre d'affaires) en jouant sur les effets de volume. La formule de "Visibly
Refined" est une combinaison de AHA et de Retinol Actif, dont J&J détient le
brevet exclusif, tandis que Visibly Young bénéficie des travaux de recherche
menés autour du cuivre. Au-delà, il marque la volonté du groupe de renforcer
ses positions sur le marché de la consommation de masse. « En 1991, la grande
consommation représentait 37 % de notre business total, le matériel médical 33
% et le pharmaceutique 30 %. En 2001, la grande consommation est à 21 %, le
matériel médical à 34 % et le pharmaceutique à 45 % », déclarait Ralph S
Larsen, alors président du groupe, au magazine Business Week en mars 2002.
Avant d'ajouter que si ce mouvement de balancier délibéré avait permis au
groupe de s'ancrer davantage dans le business scientifique, plus performant en
termes financiers, l'activité grand public n'en demeurait pas moins essentielle
puisqu'elle en était le porte-drapeau. (*) Source : Euromonitor, sortie
consommateurs en valeur, données 2001.