Manipulation?
@ Arnaud Olszak
Marie-Juliette Levin Rédactrice en chef
Promesse, argumentaire, image, notoriété, forces et faiblesses... Poussée à son paroxysme, l'analogie entre politique et marketing pourrait nous conduire à imaginer les candidats à l'élection présidentielle de 2012 comme des produits de l'année. Avec des stratégies d'influence savamment orchestrée, mais aussi des bilans Swot, des panels et des sondages pour piloter les orientations et élaborer des plans d'action judicieux. Le marketing politique et le marketing produit sont-ils comparables?
Certes, une intention de vote n'a rien de commun avec une intention d'achat. Pour autant, l'intention est là. Et c'est bien ce qui agite le landernau des instituts d'études, acteurs incontournables des sondages d'opinion, accusés de tous les maux - et en premier lieu de manipulation à l'aube d'une élection aux enjeux nationaux. Au coeur de la tourmente, Harris Interactive ouvre le bal des résultats contestés, en publiant un classement dans lequel Marine Le Pen arrive en tête au premier tour de la présidentielle. D'autres instituts ayant pignon sur rue resituent le débat dans un contexte plus serein. Parmi ceux-là, Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, notre invité du mois (p. 60) nous explique pourquoi « faire le procès des sondages, est une régression intellectuelle ». Arguments à l'appui, il prend la défense de ces baromètres indispensables à la connaissance et à la compréhension de l'opinion publique, pour peu qu'ils soient correctement analysés et interprétés. Pourtant, la méfiance grandit. Le législateur, sous couvert de transparence, s'est emparé du dossier visant à encadrer les sondages politiques de manière plus stricte. La course à la part de voix ne fait que commencer.
Marie-Juliette Levin
Rédactrice en chef