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Logiciels d'enquêtes et de traitement de données Des outils en pleine mutation

Plus ergonomiques, plus ouverts, les logiciels d'enquêtes s'adaptent aujourd'hui à tous les supports. Leurs solutions se sont progressivement enrichies pour répondre aux nouveaux besoins des instituts d'études et des entreprises. Ils permettent la création rapide de questionnaires papier pour des interviews en face à face et la mise en ligne automatique des enquêtes sur Internet. Mais les capacités de traitement et d'analyse des données restent très variables selon les produits.

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Dans la famille des outils informatiques, les logiciels d'enquêtes et de traitement de données constituent une espèce à part. Beaucoup ont été utilisés et peaufinés dans les universités avant d'équiper les instituts d'études. Les autres ont souvent été construits pour des besoins internes avant d'être commercialisés. Cet historique explique sans doute pourquoi la plupart des sociétés qui gravitent dans cet univers sont encore indépendantes et restent de petites structures, même si peu à peu des rapprochements s'effectuent avec d'autres éditeurs dont les offres sont complémentaires comme celles couvrant l'équipement des centres d'appels ou l'analyse poussée des données. « Nous avons toujours privilégié nos liens avec les universités pour leur apporter des outils pour l'enseignement des méthodes d'enquêtes, explique Christelle Migaux, responsable marketing chez Le Sphinx Développement. C'est aussi ce qui nous a permis de nous développer dans le monde des entreprises. » Cisia-Ceresta, spécialiste de l'analyse statistique et du traitement des données est issue du monde de la recherche.

Jean-François Grimmer (GrimmerSoft)

: "Nous pouvons, grâce à un outil au tomatique, faire des arbres de segmentation. Le logiciel trouvera les variables dicriminatoires pour mesurer, par exemple, à quoi est lié un niveau de satisfaction".



Prestataire de services pour d'importants instituts de sondages et éditeur du logiciel Spad, la société a noué un partenariat avec GrimmerSoft, éditeur de Question, un outil dédié au traitement d'enquêtes et conçu par Jean-François Grimmer, ancien chercheur au CNRS. Peu à peu, ce marché est donc sorti du milieu universitaire pour conquérir les entreprises entraînant par la même occasion la création de logiciels faciles à utiliser et plus ergonomiques, à la portée des non-statisticiens. « Notre outil s'est enrichi de capacités à régler les problèmes de manière plus industrielle, explique Alain Morineau, P-dg de Cisia-Ceresta. Il devient utilisable par tout un chacun. » Jean-François Grimmer constate, quant à lui, que son produit est arrivé au bon moment, lorsque les entreprises commençaient à s'intéresser à la relation client. « Assez vite nous avons séduit des gros clients comme Bayard Presse.

Le logiciel Analyseur, de Cisia-Ceresta

, récupère des informations provenant de fichiers Excel, les analyse et rédige des rapports.



Au début des années quatre-vingt-dix, on a vu émerger les grandes enquêtes de satisfaction. Les entreprises comme EDF ou les Caisses d'Assurance Maladie, voulaient des logiciels simples à utiliser car elles n'avaient pas de statisticiens ou de chargés d'études spécialisés en interne. Il fallait aussi des outils professionnels sans limite. On ne peut pas accepter qu'une question soit limitée à 50 modalités de réponse. » Face à ces besoins nouveaux, le marché s'avère en forte croissance. « La demande globale évolue constamment, d'environ 20 % tous les ans, souligne Christelle Migaux. L'arrivée des 35 heures incitent les entreprises à réaliser des enquêtes auprès de leur personnel. Autre sujet d'études : la mise en place des normes de qualité. » Toutes les entreprises sont concernées. « Nos clients vont des hôpitaux qui souhaitent mesurer la qualité de leur service aux entreprises en cours de certification Iso, en passant par les instituts d'études, affirme Jean-François Grimmer. Ces derniers constituent aujourd'hui la moitié de notre clientèle. »

Des logiciels d'enquêtes plus ouverts


Pour répondre aux exigences de cette nouvelle clientèle, la plupart des logiciels d'enquêtes ont évolué, sont disponibles sous Windows et ont troqué leurs fichiers propriétaires pour s'ouvrir aux autres outils et bases de données couramment utilisées dans les entreprises. « Notre logiciel Question a été complètement rebâti en 1993 pour s'ouvrir à Access, Excel, Word ou Nestcape, explique Jean-François Grimmer. Et nous venons de lancer Question 2002 qui s'enrichit de nouveaux modules comme le codage automatique des questions ouvertes sur Internet. Cette nouvelle version peut également piloter le logiciel Excel. Les utilisateurs n'ont plus besoin de réaliser des copier-coller, la mise en page peut s'effectuer directement dans Excel. » Dans sa gamme de produits couvrant la conception des questionnaires et le traitement des données, Le Sphinx Développement propose "Plus 2", un logiciel qui permet d'ouvrir n'importe quel type de base de données pour l'analyser. « On peut sélectionner les champs que l'on souhaite analyser dans cette base et les traduire en graphiques ou en tableaux », résume Christelle Migaux. Conversoft, reconnu pour son logiciel Pollux Interview, qui équipe la majorité des instituts d'études français a lancé sa version sous Windows en 1998. Baptisée Converso, elle s'ouvre désormais à tous types d'outils. « Tout a été réécrit pour traiter les questionnaires les plus compliqués, précise Denis Harang, fondateur de l'entreprise. Mais il fonctionne comme un outil bureautique et peut s'interfacer à n'importe quelle base de données : Access, Oracle ou SQL Serveur. » L'éditeur a simplifié la création de questionnaire en adoptant le système "Wysiwig" ("what you see, what you get") permettant de dessiner à l'écran n'importe quel type de question, comme on peut le faire dans un outil tel que PowerPoint.

L'écrit n'est pas mort


Si les outils se sophistiquent et gagnent en ergonomie, la collecte d'informations pour les enquêtes et les sondages s'effectue encore en grande partie par le biais de questionnaires papier, en face à face ou en mode écrit par téléphone. « Même si cela peut paraî- tre dépassé, confirme Stéphane Karm, directeur de SPSS Market Research France, le papier est majoritairement utilisé en France et en Europe par les grands instituts mais aussi par des entreprises du secteur public, les mairies, conseils généraux ou les hôpitaux et par des sociétés d'études par téléphone qui ne veulent pas s'équiper d'un système CATI (Computer Assisted Telephony Interviewing : enquêtes téléphoniques avec recueil des données sur ordinateur, ndlr). 70 % des enquêtes sont encore réalisées sur papier. » Et la possibilité de scanner les réponses a redonné un coup de fouet à ce mode de collecte traditionnel. SPSS, qui intervient à tous les niveaux de l'enquête, de la collecte des données jusqu'à l'analyse et la construction de modèles, vient de lancer un outil en mai dernier totalement dédié à cette fonction, baptisé MR Paper, et comprenant un module pour la scannérisation des réponses. « Cet outil se distingue par sa qualité dans l'automatisation de la création d'un questionnaire, indique Stéphane Karm. Chaque type de questions a un modèle et les champs de réponses sont reconnus par le scanner. » Perspective 1-2-3, pour sa part, a enrichi sa gamme d'un produit, Turbo Scan, qui permet la reconnaissance automatique des caractères. Ces nouvelles fonctions représentent un gain de temps non négligeable pour les utilisateurs. « On peut gagner deux jours avec notre produit », précise Stéphane Karm

Après CAPI et CATI, voici Pocket et CAWI


Néanmoins, les éditeurs doivent pouvoir aujourd'hui adapter leurs outils à la collecte et à la saisie d'informations sur tous types de supports. « Dès 1988, nous avons développé un outil de recueil de données en mode CAPI (Computer Assisted Personnal Interviewing, pour des interviews en face à face et une collecte des infos sur ordinateur, ndlr) et en mode CATI, indique Kyoumars Nozari, responsable commercial chez Voxco, éditeur d'origine canadienne. Aujourd'hui, on peut travailler en mode CAPI, sans fil, avec des PC de poche connectés à Internet. Notre outil Interviewer Suite est doté d'un moteur unique quel que soit le type de support utilisé. » Dès 1994, l'entreprise a également développé un automate d'appels prédictif, baptisé Pronto, permettant d'anticiper les numéros de téléphone pour faire gagner du temps. Pour aller dans cette voie, Conversoft a rejoint le groupe Com 6. Ce dernier dispose d'une gamme d'outils complémentaires, comme des logiciels de recueil de données pour le télémarketing et la gestion de la relation clientèle. « Ce rapprochement donne la possibilité à nos clients de ne pas faire seulement des sondages mais aussi du télémarketing, précise Denis Harang. Pour l'instant, Converso n'est pas encore intégré dans l'offre de Com 6, mais elle peut accueillir notre module statistiques. Par ailleurs, Converso est interfacé avec leur outil de numérotation prédictive. »

Stéphane Karm (SPSS)

: "Les entreprises veulent des tableaux croisés, mais aussi des outils de data mining. Les données issues d'une enquête ou de la base de l'entreprise doivent pouvoir s'en mêler".


Avec Conversoft, l'exécution d'une interview peut ainsi s'effectuer de n'importe quelle manière. L'éditeur vient de lancer une version pocket qui permet la saisie des réponses sur écran tactile et annonce une version CAWI (sur le Web) en fin d'année. Peu coûteux et rapide, Internet devient, en effet, une voie royale pour la diffusion de questionnaires et la récolte des données même si son utilisation demeure encore balbutiante en France. « L'utilisation du Web pour les sondages est très répandue aux Etats-Unis et au Canada, mais reste faible en France », confirme Kyoumars Nozari. « L'utilisation du Web pour de grandes enquêtes pose encore quelques problèmes techniques et manque de représentativité », ajoute Alain Morineau. Grands groupes, banques et assurances commencent cependant à s'y intéresser pour mener des enquêtes de satisfaction en interne. « Les grands groupes dont le siège social et les filiales sont disséminés veulent homogénéiser leurs enquêtes de satisfaction et Internet est un bon moyen d'y parvenir », souligne Christelle Migaux. Pour les prestataires, c'est un nouvel axe de développement qui se profile. GrimmerSoft a intégré dans sa version Question 2002 un module de gestion d'enquêtes sur Internet (Web-Question) qui donne la possibilité de lancer une étude sur le Web en un temps record avec un coût très bas. Une fois le questionnaire rempli, les réponses sont envoyées directement dans la boîte de réception du responsable de l'étude. Web-Question se connecte ensuite dans cette boîte pour transférer directement les réponses dans Question 2002. De son côté, Voxco propose deux solutions à ses clients : l'achat de la version internet ou l'hébergement du questionnaire avec un service complet. « La conception du questionnaire s'effectue par le module scripting d'Interview, précise Kyoumars Nozari, et les clients disposent d'une console pour sa gestion. Sa mise en ligne est réalisée automatiquement. » Le Sphinx Développement a complété son offre avec la conception d'Eureka, un serveur d'enquêtes dédié aux nouvelles technologies. « Nous l'avons lancé pour répondre aux demandes croissantes des entreprises, qui veulent interroger leurs clients et leur personnel par courrier électronique, explique Christelle Migaux. Il reprend les questionnaires de notre gamme Sphinx et se charge de les mettre en forme sur Internet. Il génère des pages HTML, gère les formats des pages pour qu'elles soient prêtes à scanner. Il peut aussi réaliser des formulaires pour les PC de poche qui sont souvent utilisés dans les salons. » Le questionnaire sera conçu et mis en forme en utilisant Sphinx sur un poste de travail connecté à Internet. Formulaires et analyses seront installés sur le serveur et les contacts avec les interlocuteurs s'effectueront tous simplement par l'intermédiaire d'un site web ou encore par un courrier électronique. SPSS qui, dès 1997, éditait une première génération d'outils pour le Web, vient également d'enrichir sa solution avec la sortie d'une nouvelle version de Mr Interview. « Nous avons redéveloppé le concept, explique Stéphane Karm, en ajoutant des fonctionnalités. Dans les entreprises, en effet, certaines personnes connaissent la manière de faire un script mais ne maîtrisent pas le design HTML. Dans notre outil, ces deux phases sont différenciées : le responsable du design aura la possibilité d'accéder directement à un outil de design puissant comme Frontpage et celle chargée du script se contentera de placer des "tags" aux bons endroits. Pour les enquêtes lourdes, on peut aussi solliciter plusieurs serveurs web qui répartissent les charges. » Askia, qui a conçu un logiciel d'analyse de données, avant de l'enrichir par des modules de saisie de questionnaires en mode CAPI et CATI, a développé son offre Internet dès 1998. « A l'époque, il y avait encore très peu de demandes, constate Patrick George, directeur commercial. Puis certaines sociétés d'études se sont spécialisées dans les enquêtes sur le Web, accélérant notre développement dans ce domaine. » Pour répondre à leurs besoins, Askia a construit une offre d'enquête par panels. Le système recherche dans un panel, individus, hommes ou femmes, habitant tel endroit... et fait une sélection en fonction du nombre de réponses souhaité. « Si l'on veut 100 réponses, l'outil estime le taux de retour et envoie un nombre déterminé de questionnaires, tout en suivant les quotas en ligne, explique Patrick George. Tout peut être modifié, à tout moment. » La société Perspective 1-2-3 s'est positionnée d'emblée sur ce secteur avec une offre d'hébergement et la mise à disposition d'un module de création de questionnaire, - 1-2-3 Web Quiz - en mode ASP (locatif). « Nous sommes à la fois prestataire de services et éditeur, explique Jean-François Leclerc, dirigeant de la société. Une entreprise pourra, par exemple, nous communiquer son questionnaire que l'on hébergera sur notre site. Les personnes interrogées pourront répondre directement sur le site web ou bien la société enverra un lien sur les PC de ses employés qui iront se connecter sur le site. Ce système est aujourd'hui utilisé pour tout type d'enquêtes. Lorsque que le support Web ne suffit pas, car il n'est pas assez représentatif, il nous arrive de doubler l'enquête avec un questionnaire papier. Mais le taux de réponses est plus fort sur Internet. » Le produit 1-2-3 Web Quiz s'utilise, quant à lui, comme un traitement de texte. Le questionnaire sera mis en ligne sur un serveur Linux, Unix ou Microsoft. « Nous offrons deux possibilités de compilation : en applets Java pour, par exemple, ajouter du son, ou en HTML, moins lourd à charger et donc mieux adapté aux personnes qui ne possèdent qu'un modem pour se connecter à Internet », précise Jean-François Leclerc. Certains commencent également à développer des outils en monde "CATWI", une terminologie qui désigne l'alliance du téléphone et du Web. Une fonction intéressante pour développer le télétravail et les liens entre sites distants, comme l'explique Stéphane Karm : « Le téléenquêteur peut travailler chez lui en se connectant au questionnaire via Internet. Cette application peut aussi intéresser les sociétés qui ont plusieurs centres d'appels et qui ne veulent pas investir dans des solutions informatiques pour chacun d'entre eux. »

Les outils d'analyse font la différence


Sur la conception de questionnaires, la plupart de ces outils partagent de nombreuses fonctions identiques. Certains s'adaptent davantage à la réalisation d'études complexes. C'est le cas de Conversoft, utilisé pour des mesures d'audience en radio et presse magazine. « Lorsque l'on interroge des personnes sur ce qu'elles écoutent par demi-quart d'heure et qu'il faut prendre en compte une importante quantité de radios locales, tout se complique, affirme Denis Harang. Des études comme la mesure de l'exposition à l'affichage avec la prise en compte des déplacements des personnes sont également pas faciles à mener. » Puissant, Converso répond à ces besoins, son plus gros questionnaire compte 3 000 questions, et son ouverture lui permet d'accueillir des données cartographiques pour localiser l'itinéraire d'une personne interrogée en y intégrant les panneaux d'affichage qu'elle va rencontrer sur son trajet. Mais c'est surtout sur leur capacité à traiter des données que ces outils se différencient. La conception d'un questionnaire et son analyse restent deux métiers différents même si certains éditeurs comme SPSS proposent des solutions transversales et rassemblent aujourd'hui leurs départements enquêtes et analyses de données. Un rapprochement qui répond aux attentes des entreprises qui préfèrent aujourd'hui se doter d'une solution complète avec des outils d'analyses plus puissants. Dans ce domaine, les solutions des éditeurs varient énormément.

Sylvain Ballu (Statiro)

: La couverture de base est la même pour tous nos produits. Lorsqu'un grand compte réalise une importante étude au niveau mondial, il traite l'étude avec Cosi et chaque filiale peut retravailler les données avec Tab'X ".


L'outil de base proposé par Le Sphinx Développement, baptisé "Primo", se contentera d'effectuer des tris croisés tandis que "Plus 2" offrira des fonctions statistiques plus poussées, des analyses factorielles et des analyses en composantes principales (par croisement des questions entre elles). Avec "Lexica", l'utilisateur réalisera des analyses qualitatives. « L'outil va examiner les données textuelles, explique Christelle Migaux. On pourra ainsi analyser des oeuvres littéraires, un discours ou des courriers d'entreprises. » Là encore, l'ergonomie et la facilité d'utilisation seront des facteurs déterminants. En 1994, GrimmerSoft s'était illustré dans ce domaine en lançant Statbox Pro, un outil permettant de faire des statistiques avec Excel. « Du coup, on s'adressait à un public plus large », raconte Jean-François Grimmer. L'outil accepte 100 à 200 types de codages différents, effectue des tris à plats ou croisés, donnant, par exemple, la possibilité de rapprocher un niveau de satisfaction avec un groupe de personnes du même sexe. Il édite des tableaux de bord et les compare à ceux qui ont pu être effectués précédemment. « Nous pouvons également, grâce à un outil automatique, faire des arbres de segmentation, ajoute Jean-François Grimmer. Le logiciel trouvera les variables discriminatoires pour mesurer, par exemple, à quoi est lié un niveau de satisfaction. C'est la base du data mining : trouver une pépite d'or dans une masse de données ! » Récemment, l'éditeur a encore enrichi sa gamme avec Word Mapper, un outil qui transforme les données textuelles en données numériques et cartographiques. « Ces fonctions sont intéressantes pour les entreprises qui font de la veille technologique sur Internet, précise Jean-François Grimmer. Le Ministère de l'Intérieur l'utilise, par exemple, pour analyser les news groups. On peut brasser une grande quantité d'informations de manière exhaustive. » Askia, dont le point fort n'est pas l'analyse factorielle, a soigné son ergonomie : tous les traitements réalisés au fur et à mesure d'une enquête peuvent être stockés dans des dossiers d'analyses, actualisés automatiquement et générer des dossiers sous Word ou Excel. Cisia-Ceresta vient de lancer Analyseur, un outil, destiné aux PME ou aux départements spécialisés de grandes entreprises, pour les non-spécialistes de la statistique. Le logiciel récupère des informations provenant de fichiers Excel ou texte, les analyse et rédige des rapports. Ce spécialiste du traitement des données peut ainsi répondre aux exigences de tout type d'enquêtes. « Notre logiciel Spad, précise Alain Morineau, s'adapte aussi bien aux grandes entreprises qui font des enquêtes en interne qu'aux sondages d'opinion ou politiques. Il peut réaliser des arbres de segmentation des interviewés ou concevoir des modèles de prévisions sur une enquête et s'est enrichi d'une fonction de text mining qui réalise le traitement automatique des questions ouvertes. La prochaine version accueillera des méthodes nouvelles pour les calculs d'indice de satisfaction. » A la fois éditeur et prestataire de services, filiale du groupe Ipsos, Statiro se positionne comme le spécialiste des tableaux évolués. Sa suite logicielle, installée notamment dans la maison mère, va du traitement d'enquêtes à la diffusion des études. « La couverture de base est la même pour tous nos produits, souligne Sylvain Ballu, directeur de Statiro, qu'il s'agisse du traitement d'enquête avec Destin, du traitement statistique avec Cosi ou du diffuseur et croiseur de données avec Tab'X. Lorsqu'un grand compte réalise, par exemple, une importante étude au niveau mondial, il traite l'étude avec Cosi et chaque filiale peut effectuer des consultations, faire des tris croisés ou retravailler les données de l'étude avec Tab'X. » Histogrammes, camemberts, radars (variables autour d'un axe abscisse/cordonnées), le tout en deux et trois dimensions sont générés par Cosi qui utilise également jusqu'à sept niveaux pour réaliser des tableaux (exemple : le foyer est un premier niveau, l'individu un second). Les études réalisées en plusieurs vagues peuvent être fusionnées ou juxtaposées. Par ailleurs, Statiro utilise les principaux logiciels du marché pour l'analyse des données (Quantum de SPSS, SAS, Spad de Cisia-Ceresta) et l'importation de fichiers (issus des enquêtes réalisées en mode CATI, CAPI ou CAWI par des outils comme Pollux, Saxophone, Interviewer, Servant). Voxco, qui s'interface également avec les outils puissants de traitement statistique de SAS et SPSS, s'apprête de son côté à lancer sa propre solution d'analyse. « Pour l'instant, nous commercialisons un logiciel en version Dos, mais cet outil, baptisé Statxp, passe sous Windows en fin d'année, indique Kyoumars Nozari. Notre objectif est de proposer une solution qui va du recueil de données jusqu'aux traitements statistiques, à destination des petits instituts qui ne sont pas équipés. » Les puissants outils de SPSS et de SAS gravitent, quant à eux, dans l'univers du data mining. « Les entreprises veulent des tableaux croisés, mais aussi des outils de data mining, indique Stéphane Karm. Les données issues d'une enquête ou de la base de l'entreprise doivent pouvoir se mêler. Une société qui découvre une population dans sa base qui a un comportement particulier pourra vérifier ce comportement en lançant un questionnaire. » Peu d'entreprises se positionnent sur ce modèle couvrant à la fois la collecte et l'analyse des données ainsi que les besoins de data mining. SPPS y répond avec une gamme de plusieurs outils comme Clementine en solution de data mining. « Nos solutions vont permettre d'améliorer la qualité du marketing, explique Hervé Mignot, directeur de l'entité Business Intelligence. On déterminera des sous-groupes qui ont des comportements homogènes et on pourra y associer des stratégies commerciales ou marketing. Nous avons désormais la possibilité de rapprocher des données de sources multiples. »

L'ANPE s'équipe en Cosi


L'ANPE, dont la base de données centrale gère plus de 20 millions d'enregistrements, a équipé, il y a six ans, ses caisses régionales avec Cosi, édité par Statiro. L'outil sert non seulement à importer les données pour gérer l'exploitation des offres et des demandes d'emploi mais aussi à réaliser le traitement de nombreuses enquêtes. « Persée, une solution éditée par Statiro, est installée en mainframe sur notre base centrale depuis quinze ans. Elle gère les offres et les demandes, met à jour la base, permet de faire des requêtes. Beaucoup de directions annexes en possèdent une version sur leurs portables. Comme nous utilisions cet outil et que Cosi en est l'enfant naturel, il semblait logique de le sélectionner », explique Joseph Bijaoui, chef de projet, pour expliquer son choix. La solution répond à plusieurs besoins. Elle sert à traiter le questionnaire interne sur l'accueil et les échanges avec les agents des 23 directions régionales en cours de qualification Iso 9000. Sa vocation s'étend aux enquêtes externes avec des questionnaires envoyés à un échantillon de demandeurs d'emplois et à des personnes qui viennent de terminer un stage. « On l'utilise pour concevoir des rapports, des tableaux, précise Joseph Bijaoui. Les Ressources Humaines s'en servent pour mesurer la mise en place du nouvel applicatif de gestion de la paie. Toutes les fonctionnalités sont sollicitées, de la préparation des questions au traitement des données. L'outil comporte des interfaces pour traiter des données externes provenant de différentes bases de données comme Oracle. C'est un point important car nous travaillons avec des partenaires comme l'Insee. »

Ipsos spécialise ses outils


Ipsos Interview, filiale de production du groupe Ipsos, a équipé ses quatre centres d'appels avec trois types de logiciels pour le traitement de ses enquêtes. Converso, solution développée par Conversoft, est installée sur l'ensemble des postes, 300 stations en mode CATI et 350 en mode CAPI, et gère 90 % des enquêtes. Quancept, conçu par SPSS, est utilisé pour l'international et équipe les filiales du groupe à l'étranger tandis que Voxco se consacre aux études menées sur Internet (CAWI). « La faiblesse de Converso, c'est sans doute qu'il soit un peu trop franco-français, souligne Oliviero Marchese, directeur général d'Ipsos Interview, mais sa puissance vaut largement celle de Quancept et, surtout, il est facile à utiliser. On peut diviser le temps de formation par dix par rapport à Quancept qui fonctionne sous environnement Unix et réclame beaucoup de programmation. Dès qu'un informaticien s'absente, c'est le drame ! De plus, Converso offre d'importants gains de productivité dans l'écriture des questions. Une enquête de vingt minutes comprenant 60 à 80 questions prendra une journée. C'est trois fois moins qu'avec Quancept. Cette réactivité compte lorsque que nous devons boucler le questionnaire vers 14 heures pour lancer l'enquête à 17 heures. Démarche assez courante en France pour les sondages d'opinion ! » Les enquêtes sur Internet sont réalisées dans un département spécifique sur des cibles précises. « Nous n'en réalisons pas du tout auprès du grand public, car un Français sur cinq est connecté, raconte Oliviero Marchese. En revanche, elles sont mises en oeuvre pour l'évaluation d'un site internet, pour des études auprès d'une cible de décideurs informatiques ou bien pour des enquêtes internes dans des entreprises de plus de 500 salariés. C'est une activité qui a longtemps patiné mais qui croît fortement depuis l'année dernière. » Converso n'ayant pas encore développé sa version web (elle sort en fin d'année), c'est la solution de l'éditeur canadien Voxco qui a été choisie. « Son origine, sa capacité de traiter l'anglais était aussi un critère déterminant, ajoute Oliviero Marchese. La moitié de notre production s'effectue en Grande-Bretagne et il est important de partager des outils identiques. »

Cinq fonctions clés d'un logiciel de traitement d'enquêtes et de données


1) La création du questionnaire L'outil permettra de grouper les questions et d'utiliser des bibliothèques de questions, de mettre en page le questionnaire, de l'éditer et de l'exporter dans tous types de traitement de texte (Word, mise en forme au format HTML). Il acceptera tout type de questions : simple-réponse, multiréponse numérique, question ouverte... 2) La saisie des réponses La saisie pourra s'effectuer sur différents supports (PC, Pocket PC, Internet, voir les écrans tactiles des bornes multimédias...). L'utilisateur pourra choisir le mode de saisie qui lui convient le mieux (saisie contrôlée avec une question par écran ou saisie au kilomètre). 3) La gestion des données L'outil facilitera la sélection d'un échantillon d'individus dans un fichier, aidera à respecter des quotas, pourra lire des fichiers issus d'autres logiciels. 4) Le dépouillement et l'analyse des résultats Les tableaux de résultats seront effectués sous différentes formes, faciles à analyser- tris à plats, tableaux croisés - et pourront être affinés, enrichis l'aide de différentes options de calculs (prises en compte des non-réponses et des non-concernés, par exemple). Les données qualitatives seront rassemblées pour créer des champs thématiques. 5) Dresser des typologies Les individus présentant les mêmes caractéristiques ou comportements pourront être regroupés par rapport à certains critères.

Formation accélérée


Le degré de formation varie énormément selon l'outil. Elle durera de trois à quatre jours pour ceux qui souhaitent se familiariser avec Voxco et ne prendra qu'une demi-journée aux utilisateurs de Cosi (Statiro). Généralement, il n'est plus indispensable d'avoir un diplôme en statistiques pour s'en servir. « Aujourd'hui, certains de nos utilisateurs n'ouvrent même pas le manuel de notre solution tellement elle a gagné en ergonomie, affirme Jean-François Grimmer. Et, pour ceux qui n'ont aucun profil de chargé d'études, nous organisons des formations massives, davantage liées à la méthodologie qu'au produit lui-même. On leur apprend quelques règles statistiques, comme l'analyse de résultats avec le croisement de deux variables, mais on a pas besoin d'être Polytechnicien pour comprendre ! » Plus complexe, la solution d'analyse de Cisia-Ceresta s'adresse d'abord aux directeurs d'études. « Elle n'est pas adaptée aux besoins des chargés d'études qui font des tableaux croisés, remarque Alain Morineau, mais concerne des études approfondies. »

Catherine Petit

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