Les visites-mystères ont le vent en poupe
Si les mesures de satisfaction s'occupent davantage de la qualité perçue,
les visites-mystères s'intéressent, elles, à la qualité atteinte (au regard de
normes établies par l'entreprise). De plus, elles font aujourd'hui un retour en
force et se posent comme un outil-clé du suivi qualité. L'évaluation de leur
performance-client se révèle indispensable non seulement pour les entreprises à
réseau (magasins, concessions, courtiers, agents) mais également pour celles
qui ont besoin d'évaluer la coopération de certains partenaires (distributeurs,
sous-traitants spécialisés...). Les visites-mystères s'intéressent
principalement à la conformité des éléments mis en place par l'entreprise, par
le biais de la formation de ses équipes, de ses chartes et autres protocoles
ayant pour objectif de mieux servir et de fidéliser sa clientèle. « Les
visites-mystères ne peuvent remplacer les études clientèle pour mesurer
l'opinion des consommateurs sur un service, la valeur d'usage que ces derniers
attribuent à une amélioration de qualité ou des intentions d'achat, estime
Philippe Guilbert, directeur scientifique du groupe CSA-TMO, mais elles sont un
formidable outil de dynamisation de réseau sur le long terme. » Elles peuvent
aider à piloter un réseau par un tracking Qualité, et donnent la possibilité
d'évaluer les individus à n'importe quel moment. Elles permettent également le
suivi dans le temps des efforts de chaque point de vente, avec la possibilité
de challenge Qualité. Mais, ne fait pas de la visite-mystère qui veut. Pour que
leur qualité soit sans reproche (il faut qu'aucun doute ne subsiste sur la
fiabilité des résultats si l'on veut qu'ils soient acceptés en interne), la
pertinence des observations recueillies dépend de plusieurs facteurs : un panel
d'enquêteurs expérimentés, un recrutement qui tient compte des profils
spécifiques à une étude, une rotation des enquêteurs aux points de vente, une
logistique sans faille (base de données de visites, de points de ventes et
d'enquêteurs pour permettre l'affectation des visites et la rotation des
enquêteurs, contrôle qualité permanent de l'enquête). Différents modes de
recueil sont possibles suivant les cas : en face à face (mesure la plus
complète de l'environnement et de la prestation, particulièrement adaptée dans
le cas de la distribution), par téléphone (en complément de l'exploitation des
appels réels, notamment pour des call centers) ou, plus récemment, par le Web,
en complément des évaluations de sites, marchands ou non, et tests d'ergonomie.
C'est ainsi que l'on peut compléter des "visites-mystères" sur un site par une
étude mystère par e-mail interposé (afin de tester la qualité et la rapidité
des réponses). Les visites-mystères, quelles que soient leurs formes, sont donc
une affaire de spécialistes, une dizaine d'instituts en France. Certains en ont
fait leur activité principale, d'autres ont créé des départements spécialisés.
Et cette activité est en pleine effervescence. Fin 1998, MV2 créait une entité
spécialisée, MV2 Mystery Shopping, en association avec le groupe britannique
NOP, leader européen de la spécialité. Ipsos Satisfaction de Clientèle (qui
devrait bientôt changer d'appellation) devrait prendre des initiatives dans ce
domaine et une croissance externe est à l'ordre du jour. GfK vient de monter un
partenariat avec Cogitude afin d'analyser a posteriori, au moyen de critères
objectifs, les enquêtes mystères. Ceci, afin d'éviter le biais que pourrait
apporter le seul jugement des enquêteurs.