Les revers à venir du désir pervers
Fonction innovation, nouvelle approche de la création produit, tendances, mondialisation, customisation, cabinets de conseils et instituts d'études, audits et fond de marques, études quali, expertises en tout genre... L'innovation devient le terrain d'une grande foire d'empoigne où l'on dit tout et son contraire. Marketing Magazine s'est placé du côté de la désobéissance pour demander à un psychiatre, une artiste et un metteur en scène quelle était leur vision des objets et de la société, et se ressourcer à leur propos.
Pourquoi huit Français sur dix se désintéressent-ils d'Internet ? Pourquoi
deux sur trois n'ont-ils jamais eu la curiosité de faire un tour sur le Web ?
Pourquoi la France ne compte-t-elle que 17 % d'internautes. Pour l'année 2000,
leur croissance s'est limitée à 6 %. « Je parle de l'ordinateur à partir d'une
position qui me paraît être celle de beaucoup de femmes. Aujourd'hui, les
Paganini du clavier qui passent des dizaines d'heures dessus sont en majorité
des hommes. Les femmes, elles veulent une machine qui rende des services dans
les meilleures conditions et je ne vois pas pourquoi nous devrions devenir des
experts pour faire fonctionner nos ordinateurs », explique, sans mâcher ses
mots, François de Closets. L'ordinateur pose aussi le problème du désir pervers
de mettre à mort l'intimité. Webcams, caméras biométriques,
vidéosurveillance... aux Etats-Unis, 78 % des entreprises ont installé des
systèmes de surveillance interne pour contrôler, stocker et analyser les
messages électroniques de leurs salariés. Sur Internet se développe un marché
de la vie privée. Une nouvelle société, partagée entre ceux qui pourront
protéger au prix fort la sécurité de leurs données et ceux dont l'intimité sera
exposée à tout vent, s'annonce. L'ordinateur et Internet ont fait souffler un
vent de liberté et de partage. Mais ce n'est guère l'élaboration de contenus au
service de la vie politique, sociale et culturelle qui triomphe. L'ordinateur
est en train de miner la vie de couple (voir interview d'Antoine Malarewicz).
Certains lendemains vont déchanter. Pour se nettoyer l'esprit et les yeux,
écoutons les artistes (voir interview de Macha Makeieff et explications de
Jean-François Maurier) lorsqu'ils nous parlent d'objets, d'objet du désir, non
pervers... Lire Vision oblique, de Bertrand Barré et Francis Lepage aux
Editions LPM. L'Imposture informatique de François de Closets et Bruno Lussato.
Editions Fayard. Voir article de Michel Alberganti, La vraie-fausse fracture
numérique, Le Monde du 15 mars 2001. Le Monde diplomatique, Sociétés sous
contrôle, mars-avril 2001.