Les lessiviers plaident contre l'overdose

Quatre ans auront été nécessaires aux lessiviers réunis au sein de l'AISD (Association des Industries des Savons et Détergents) et signataires du code de Bonne Pratique Environne-mentale pour diminuer de 15 % la quantité de lessive utilisée en France, soit une économie de 100 000 tonnes ou l'équivalent du marché global des lessives d'un pays comme la Suisse. Un plan anti-gaspi qui a également permis de diminuer d'autant la consommation d'emballages et d'ingrédients organiques faiblement biodégradables. Les fabricants de lessives ont réussi à ramener de 150 à 110 grammes le poids moyen de la dose nécessaire de lessive en poudre pour un lavage standard de linge moyennement sale dans une eau moyennement dure. Le tout, en garantissant au consommateur une performance au moins égale grâce à l'utilisation d'ingrédients actifs plus concentrés et à des procédés de fabrication qui diminuent la quantité d'agents utilisés.

Une éco-citoyenneté à démontrer

Un résultat que les industriels jugent encourageant mais encore insuffisant. Car les poudres dites classiques, quoiqu'en perte de vitesse au profit des tablettes, doses liquides et autres lessives concentrées, représentent encore quelque 49 % du marché en volume. Et que nombre de Français utilisent autant de lessive qu'avant. Soit un paradoxe environnemental (ces lessives sont plus concentrées) et économique (ces lessives sont plus chères au kilo). D'où la mise en place de la campagne de publicité grand public que lance l'AISD en mai sur le thème "Doser juste, Laver bien" et qui est déclinée dans des supports presse comme Femme Actuelle, Maxi, Modes et Travaux, Prima, Avantages, Top Santé, Elle, Gala, Marie-Claire, Paris Match, L'Express, Le Nouvel Observateur, Télé 7 Loisirs, etc. Une campagne soutenue par un site internet dédié, doserjuste.com, et que les lessiviers veulent avant tout pédagogique. « Les consommateurs et leurs associations continuent parfois de considérer le prix de la lessive au poids. Or, avec la réduction de ce dernier et de la taille des paquets de lessive en poudre, c'est plutôt le prix à la dose qui est significatif. Et ce prix-là n'a pas augmenté. Le consommateur qui applique les nouvelles recommandations d'utilisation et utilise moins de poudre par lavage aura en effet la même efficacité qu'auparavant, tout en contribuant à un meilleur respect de l'environnement », précise Max Coppolani, président de l'AISD. Ce message prend des allures de plaidoyer pour des lessiviers accusés de gonfler le prix au kilo de leurs produits depuis le passage à l'euro. Mais les industriels souhaitent également que les Français prennent davantage conscience de leurs responsabilités éco-citoyennes et adoptent des habitudes moins énergivores. Qu'ils évitent de sous-remplir une machine, dosent selon la salissure et la dureté de l'eau, utilisent la température recommandée la plus basse et réduisent les déchets dus aux emballages en achetant notamment les recharges. Des intentions louables donc pour une campagne dont le budget reste toutefois inférieur au million d'euros, soit un grain de lessive dans l'océan des millions d'euros investis chaque année par chacun des industriels dans le soutien de leurs marques. Le développement durable, c'est bien mais encore à petites doses...