Les enfants,une des cibles de la télé-réalité
A quand une grande marque de jouet sponsor principal d'une émission de
télé-réalité en prime time, durant la période des fêtes ? Peut-être jamais.
Même si les enfants sont de grands consommateurs de Star Academy, de Popstars
et autres Fear Factor, il n'en demeure pas moins que les cases qui leur sont
spécifiquement dédiées sont déjà nombreuses. Et, elles restent le lieu de
communication privilégié des annonceurs qui souhaitent séduire les plus jeunes.
De plus, les enfants sont surconsommateurs des chaînes de complément, et
celles-ci ne se sont pas vraiment engagées dans le développement des programmes
de télé-réalité. Sur les chaînes hertziennes, les cases réservées à la
télé-réalité, access, prime time ou deuxième partie de soirée en général, sont
les plus coûteuses de la grille. « Les coûts GRP sont très bas sur les
programmes destinés aux enfants, constate Emmanuel Charonnat, directeur de
Carat TV. Ils sont entre 3 et 4 fois plus bas que sur les programmes de
télé-réalité pour toucher la cible. Il faudrait donc une audience 3 à 4 fois
plus importante pour qu'il y ait un intérêt économique à annoncer sur ce type
de programmes. » La déperdition des investissements semble donc trop importante
pour une marque qui viserait spécifiquement les 4-10 ans. Cependant, le rôle de
prescripteur que jouent ceux-ci à l'intérieur de la famille n'est pas à
négliger. « Il ne s'agit pas d'insérer des publicités spécialement destinées
aux enfants dans les écrans, mais d'y intégrer des produits familiaux, car les
enfants sont là, souligne Emmanuel Charonnat. D'ailleurs, les programmes de
télé-réalité font généralement plus d'audience sur la cible des ménagères avec
enfants que sur la cible des ménagère de moins de 50 ans. » Des produits,
s'adressant à la cible conjointe parents-enfants, n'hésitent pas à investir les
écrans de Real TV. D'autant que les hésitations des marques à annoncer aux
débuts de la télé-réalité ne sont plus de mise. La cible visée reste les jeunes
femmes au sens large. La télé-réalité, à défaut de cibler parfaitement les 4
-10 ou les 11-14 ans, garde néanmoins l'avantage de la puissance. « Sur les 10
émissions les plus regardées par les 4-10 ans, en juillet et août 2003, cinq
s'avèrent être des programmes de télé-réalité, rappelle Nadine Medjeber,
directeur des études chez MPG Ressources. Sur les 11-14 ans, les taux de
pénétration sont encore plus élevés, même si on se situe un cran en dessous en
part d'audience. » Ainsi, la finale des Aventuriers de Koh Lanta a attiré 61,9
% des 4-10 ans présents devant leur télévision à ce moment, pour une
pénétration globale sur la cible de 12.8 %. Il s'agit donc d'un élément
fédérateur pour une cible dispersée devant les différentes chaînes ou
programmes jeunesse durant la journée. De même, l'émission du 4 juillet des
Aventuriers de Koh-Lanta a réuni 14,2 % de l'ensemble des 11-14 ans. Difficile
de trouver des programmes plus puissants sur une cible volatile. Mais, selon
Alexis Porte, chef de groupe TV chez Initiative Media, « on arrive à obtenir de
la puissance avec les chaînes thématiques seules ». L'enfant s'avère un
prescripteur des programmes de télé-réalité, ce qui souligne que les émissions
ne doivent pas le négliger dans leur construction. De là à transformer leur
audience en cible publicitaire privilégiée pour les annonceurs, il existe une
marge. Des éléments conjoncturels peuvent, cependant, influer sur la présence
de marques enfants dans les écrans de télé-réalité. Ainsi, il s'avère difficile
en fin d'année de trouver une place dans les écrans jeunesse. « La demande est
très supérieure à l'offre, en novembre, par exemple. Les chaînes ont essayé
d'absorber la demande sur les écrans enfants en augmentant les tarifs. Des
marques vont certainement réfléchir à investir dans les écrans de télé-réalité
», estime Alexis Porte. La baisse du coût relatif de la cible enfants sur les
programmes de télé-réalité risque, sur la période des fêtes, de rendre ceux-ci
plus attractifs. Si les enfants regardent ce genre de programmes, c'est aussi
parce qu'ils ne leur sont, a priori, pas destinés. Le désir d'imiter les plus
grands demeure un moteur du comportement des plus jeunes en télévision. Preuve
en est, sur les 11-14 ans, 3 émissions de Greg le millionnaire, apparaissent
dans le top 10 de l'audience estivale. Les marques qui s'adressent à une cible
plus âgée y trouvent donc une audience périphérique fort intéressante. C'est un
moyen de sensibiliser de futurs consommateurs. Et, il y a au moins un secteur
pour qui les enfants sont une cible à toucher via la télé-réalité : celui des
produits dérivés, le disque en particulier.