Les RP à l'heure de l'efficacité et de la mesure
Une année qui démarre sur les chapeaux de roue. Un savoir-faire reconnu pour gérer des problématiques qui ne se limitent plus aux relations avec la presse. Le métier des RP est sur la voie de la reconnaissance de ses expertises.
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L'annonce par Procter & Gamble, il y a quelques mois, du transfert de 25 %
de son budget publicité monde sur le hors-médias et les RP, a été perçu - à
juste titre - comme une preuve de l'efficacité d'un métier qui travaille depuis
des années à en persuader ses clients. Plus près de nous, en France, seules des
relations publiques auprès des leaders d'opinion et du monde médical ainsi que
des relations presse ont accompagné le lancement, l'an dernier, par Ocean Spray
de sa boisson aux airelles.
Guillaume Pépy, Dg délégué clientèles de la SNCF, a
confirmé qu'aucun budget de publicité n'était prévu pour l'ouverture de la
ligne TGV Est mais uniquement des RP. Nombre d'entreprises dans les télécoms
ont diminué leurs budgets pub au profit des RP. La vivacité du marché des
relations publiques/relations presse en ce début d'année (certaines agences
n'hésitent pas à dire qu'elles ont déjà fait leur année !) faisant suite à une
année 2005 en croissance de 5 % qui succédait elle-même à plusieurs années de
progression à deux chiffres, souligne la montée en puissance d'une activité
considérée de plus en plus comme un levier stratégique.
Les RP entrent dans les mœurs
« Les annonceurs multiplient les supports
de communication avec de vraies politiques d'arbitrage de budget et de
réflexion sur la cohérence », constate Gérard Noël, vice-président directeur
général de l'UDA. « L'outil RP entre de plus en plus dans les mœurs, aussi bien
en B to B qu'en B to C », commente Jean-Louis Aubert, cofondateur de l'agence
de relations presse Trait d'Union. De plus en plus souvent, les relations
publiques sont intégrées dès l'amont dans une réflexion stratégique en même
temps que la publicité, le marketing direct, la promotion…
Si le budget de la
Banane de Guadeloupe Martinique est revenu à un team d'agences réunissant
l'agence de relations presse Profile Presse, l'agence de publicité Scher
Lafarge et l'agence de marketing opérationnel NCD & Associés, c'est parce que
leurs préconisations s'appuyaient sur une complémentarité totale entre la
campagne de publicité, le dispositif de marketing opérationnel et le mix de
relations presse, relations publiques et prises de position. « Nous voulons
apporter des solutions globales à nos clients », souligne Alexandra Gauquelin,
directeur de Profile Presse.
L'agence Wellcom, quant à elle, aime à se
positionner comme “la plus marketing des agences de RP”. « Nous intégrons les
outils marketing très naturellement », explique Thierry Wellhoff, président de
l'agence qui a d'ailleurs mis en place une approche spécifique, la “démarche de
la valeur”. « Il est important d'avoir une pensée systémique et une vision
transversale et de ne pas mettre d'un côté le marketing et de l'autre le
corporate. Il faut organiser sa cohérence à partir d'un système de références
structuré, facilement accessible et exploitable au quotidien, déclinable par
toutes les techniques de communication », insiste Philippe Lucas, directeur
général de Wellcom.
Des outils de mesure pour les RP
Premier niveau d'analyse du succès d'une campagne de
relations presse : les analyses quantitatives de retombées médias (quel nombre
d'articles et d'interviews mis en parallèle avec le nombre de communiqués de
presse diffusés, quelle taille ou visibilité, pour quels messages…). Parmi les
spécialistes de l'activité de monitoring - un marché qui pèse environ
80 millions d'euros -, TNS Media Intelligence fait figure de poids lourd avec
20 % du marché de la veille et des analyses des retombées médias depuis le
rachat l'an dernier de Presse +.
En 1997, la société avait déjà “avalé” La Voix des Médias et Eco News,
acquisitions suivies en 1999 par celle de NCP Lit tout. Derrière, on trouve un
autre gros du marché, L'Argus de la presse, puis Presse Index, Factiva,
Occurrence, mais aussi beaucoup de petits prestataires. Le métier demande
aujourd'hui beaucoup de moyens donc d'investissements, d'autant que les
attentes clients en termes de réactivité et d'international se renforcent.
« Nos clients sont en continuelle attente de toujours plus de réactivité »,
lance Nicolas Laugier, directeur du Pôle Information de TNS Media Intelligence.
Aujourd'hui, une alerte radio est envoyée en 30 minutes, le portail
Plusquelinfo.com autorise des solutions simples et rapides. « Ils sont
également en attente à la fois d'exhaustivité et de sélectivité, poursuit-il.
Ce qui exige de créer des outils qui s'adaptent à tous les besoins. Nous nous
sommes attachés à fournir des informations juridiquement “clean” de copyright.
Depuis deux ans nous avons signé des accords avec les éditeurs, soit en direct
soit via le Centre français du copyright. »
Parmi les outils qui se
développent, les Observatoires de marché (analyse des parts de voix des marques
et produits d'un marché) et l'Unité de bruit médiatique (qui analyse la
pression média). « En 2006, nous allons lancer un Observatoire sur le marché de
la joaillerie/horlogerie et un autre sur la mode, annonce Nicolas Laugier. Nous
allons aussi étendre notre Observatoire de la cosmétique à l'international, en
l'ouvrant à quatre pays en dehors de la France. »
Internet oblige également les
entreprises et leurs agences de relations publiques et presse à renforcer leur
outil de veille. Millward Brown s'est doté d'un outil particulièrement réactif.
I&E a conclu un partenariat avec Digimind. Hopscotch s'est adossé à Human to
Human, une structure de veille en ligne. TNS Media Intelligence, qui propose de
la veille Internet, réfléchit à un partenariat technologique pour faire ce que
Nicolas Laugier appelle « une veille intelligente des blogs ».
Vers plus de qualitatif
Si le quantitatif apporte une mesure,
il n'apporte pas toutes les réponses. « Un outil unique ne peut pas
fonctionner, constate Thierry Wellhoff. Le millimètre colonne n'est qu'un
élément de réponse, après il faut du qualitatif. » TNS Media Intelligence,
OpinionWay, Occurrence parmi d'autres, essayent de les développer. Ce dernier a
lancé l'an dernier avec l'ANAé un bilan d'impact événementiel. Les agences
développent des outils en interne. Parmi ces dernières, Hotwire, une agence
spécialisée dans l'informatique, née en Grande-Bretagne en 2000 et qui a ouvert
un bureau en France en 2002, aime parler en termes de “parts de voix” pour les
retombées presse.
Pour Roger Darashah, directeur régional de Hotwire, « le
relationnel doit être mesurable par rapport aux autres disciplines marketing ».
« L'important, remarque Stéphane Billiet, président de Hill & Knowlton et
président de Syntec RP, est de savoir ce que l'on veut mesurer : un impact sur
les ventes, une valorisation boursière, un surcroît d'image ? Au Syntec RP,
nous essayons de développer l'idée d'un crédit d'intention qui mesure, avant et
après une campagne, ce qui a pu modifier l'opinion auprès des publics
spécifiques. Il ne faut pas oublier que les RP, ce sont les relations avec les
publics de l'entreprise, tous ses publics. »
Un outil performant
Il reste cependant encore beaucoup de pédagogie à
faire. Des méthodes existent : entretiens, groupes test, études et analyses
qualitatives des retombées dans les médias, enquêtes (leaders d'opinion) et
observation du comportement des publics visés, éventuellement mesure de
l'accroissement de la demande d'information, de l'évolution des ventes voire du
cours de l'action. « Rares sont les entreprises prêtes à dépenser 100 pour les
actions et 5 pour évaluer. Pourtant, comment améliorer sa communication si on
ne l'évalue pas ? D'autant que la vertu première des outils de mesure est
qu'ils forcent à définir des objectifs, ce qui pousse vers plus de
professionnalisme », explique Benoît Volatier, co-président d'Occurrence. L'UDA
participe à un projet mondial visant à mettre au point une mesure “consumer
centric” qui permettrait de savoir comment réagit un individu aux différents
contacts qu'il reçoit d'où qu'ils viennent (TV, radio, MD, RP…).
« L'enjeu des
années qui viennent est bien l'arrivée à maturité des moyens de mesure de tous
les médias », note Gérard Noël. Les grandes entreprises en sont bien
conscientes : Procter & Gamble a récemment annoncé que, suite aux résultats
d'une étude d'évaluation de l'efficacité commerciale des outils de
communication, les relations publiques apparaissent comme l'outil le plus
performant sur les ventes pour sept de ses produits leaders et le deuxième pour
deux autres. Un exemple qui fera certainement des émules.
Une nouvelle étape dans la professionnalisation des RP.