Les 100 premiers instituts d'Etudes marketing et opinion 2004
Pour la 5e année consécutive, Marketing Magazine publie le classement des 100 premiers instituts d'études marketing et opinion, selon leur chiffre d'affaires HT France 2004. Malgré une année peu linéaire, la croissance a encore été au rendez-vous.
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chaque enquête, son lot de nouveautés. Si le phénomène de concentration
semble s'être un peu calmé, certains leaders ne nous ont pas, cette année,
donné la ventilation de leur chiffre d'affaires, selon les secteurs - ce qui
est assez classique - mais surtout selon les techniques - ce qui l'est moins.
Ce qui enlève de la représentativité à nos indicateurs par technique (voir p.
86). Comme par le passé, ce classement n'indique pas le rang de l'année
précédente, le phénomène de renouvellement - apparition d'instituts n'ayant pas
répondu l'an passé ou disparition, volontaire ou non, d'autres - étant toujours
présent, avec un taux d'environ 20 %.
Les 10 premiers : deux tiers du CA des 100
En 2004, les 100 premiers instituts, employant près
de 6 500 personnes, ont représenté un chiffre d'affaires de 1,039 milliard
d'euros. En 2003, le cumul, non comparable pour les raisons citées, s'élevait à
961,4 ME. En comparant ce qui peut l'être (sans prise en compte des “doublons”
pour cause de groupe, des “non communiqués” pour 2003…), la progression du
marché des 100 premiers “comparables” a été de l'ordre de 8,7 % (+ 8,2 % en
2003). Comme à l'accoutumée, cette croissance est supérieure à celle estimée
par le Syntec Etudes Marketing et Opinion, + 5,6 % (voir p. 88). Mais avec un
écart moindre qu'en 2003. Le marché n'a pas été linéaire en 2004. « Chez Ipsos
France, le premier semestre a été extrêmement brillant et nous affichions un
taux de croissance très fort, constate Stéphane Truchi, coprésident. Mais dès
juillet-août, nous avons connu une vraie cassure, notamment sur la grande
consommation. » L'effet Sarkozy est loin d'y être étranger… « Un léger
redémarrage sur les trois derniers mois a permis une reprise du chiffre
d'affaires », poursuit Stéphane Truchi. Avec 810 ME, les 20 premiers instituts
constituaient 78 % du CA 2004 des 100 premiers (+ 8,3 % par rapport à leurs
chiffres 2003) et les 10 premiers 66,6 % (+ 7,4 % par rapport à leurs chiffres
2003). Quant aux 50 premiers, ils représentaient 91 % du total…
Le groupe TNS consolide ses positions
TNS France, avec plus de 19 %
du CA des 100 premiers et + 9,3 %, conforte sa place de n°1. 2004 a vu
l'intégration totale de NFO dans le périmètre de TNS Sofres, le lancement de
TNS Direct… « A périmètre comparable, nous sommes sur une croissance proche de
celle du marché », estime Stéphane Marcel, directeur du marketing et de la
communication de TNS Sofres. « Quand le marché se contracte, le fait d'être
organisé par secteur permet à TNS Sofres de trouver des relais de croissance
sur tel ou tel d'entre eux, poursuit-il. En 2004, les Médias, la Santé, les
Télécom et le High-Tech ont bien performé. Quant à la grande consommation, elle
a profité de la fusion avec NFO, du développement de nouveaux produits… »
L'offre d'études collectives en souscription a également été renforcée (Facts &
Trends, Influence, par exemple). « En 2005, nous allons relancer l'activité
Retail avec l'élargissement de notre étude GMS, ajoute Stéphane Marcel. A
l'occasion de ses 20 ans, nous allons entrer dans l'étude par domaine (sport,
magasin de proximité, bricolage…). Par ailleurs, nous allons décliner Megabrand
à l'univers du sponsoring. Quant au on line, TNS Sofres déploie sa nouvelle
offre d'access panel et rendra disponible la quasi-totalité de ses études off
line en version en ligne sous le nom “online certified”. » Pour la troisième
année consécutive, TNS Secodip a progressé plus vite que le marché. « Pour
nous, le maître mot est “opérationnalité”, explique Pascal Avignon, son Dg.
Dans une conjoncture difficile, les entreprises ont un besoin accru d'études
opérationnelles. » D'où le développement de ConsoScan 2 (voir p. 102),
l'optimisation du Fashion Panel… « En 2005, nous allons encore apporter de
l'innovation sur la façon de travailler avec les clients. » Bonne année
également pour TNS Media Intelligence. La veille de l'information, en
progression à deux chiffres, est devenue le premier département devant celle
des investissements publicitaires. « L'année a été riche en événements
politiques, sportifs, internationaux, souligne Nicolas Laugier, directeur du
Pôle Veille de l'information, et nous avons gagné de nombreux grands comptes.
Nous avons aussi lancé de nouveaux produits qui marchent bien : l'Observatoire
de la cosmétique, Sport Planning en partenariat avec Médiamétrie… » 2005
devrait être encore meilleure et TNS Media Intelligence vient de reprendre
Presse +, société de veille de l'information. Se différencier sur un marché
toujours plus concurrentiel, impose aux leaders des stratégies
d'investissements en R&D et en recrutement qui pèsent lourds mais sont
indispensables pour être référencés auprès des grands comptes, le tout dans un
contexte de pression des prix. « Les fondations de TNS Sofres sont posées, du
sang nouveau a été apporté, le portefeuille de produits études structuré,
constate Stéphane Marcel. Nous sommes en position de déployer des innovations,
des services, des expertises pour offrir à nos clients ce qu'ils attendent d'un
leader. »
Innovations, réorganisations…
Chez Ipsos
France, l'intégration de Novaction a été finalisée en 2004, avec la création
d'Ipsos Novaction & Vantis. « Notre activité médias a plutôt souffert, constate
Stéphane Truchi. Mais les activités marketing (Ipsos Insight, Ipsos Observer)
ont été en forte progression ainsi que la publicité, les études qualitatives,
les “public affairs” et Ipsos Loyalty. » Pour 2005, l'activité Ipsos Observer
s'enrichit de nouvelles offres (Observatoire Shopper, européanisation de
l'étude Jeunes Attitudes) et l'institut souhaite occuper une position majeure
dans les études en ligne. En 2004, le groupe GfK a connu une croissance
homogène sur l'ensemble de ses sociétés. « Notre positionnement de
multidisciplinarité entre l'ad hoc et le panel, notre proximité client, notre
dimension internationale et une R&D permanente sur l'innovation, nous ont
aidés, estime Helen Zeitoun, Dg de GfK Sofema. Notre politique de grands
comptes a été un levier de croissance, tout comme le développement de notre
activité B to B, Services et Automobile. En 2005, le rachat de NOP va nous
permettre de renforcer les activités où nous étions moins forts. » Avec une
progression de près de 21 %, BVA regarde l'avenir avec optimisme. « C'est une
croissance essentiellement interne, note Philippe Guilbert, D-ga. Le fruit de
notre réorganisation interne (trois pôles études - marketing, opinion,
mesure/grandes enquêtes - et un pôle géomarketing) et du repositionnement de
nos produits. En 2005, nous sommes en phase de développement de nos équipes ;
BVA entendant également s'appuyer sur de la croissance externe. » Avec BVA,
Repères a enregistré la plus forte progression des 20 premiers ; Arteam (+ 27
%) mis à part en tant que groupe. Une progression que François Abiven, son
P-dg, attribue en particulier « au développement d'un ensemble d'outils
innovants destinés à mieux comprendre le consommateur » (voir MM n° 92, p.
68). + 7,5 % pour ACNielsen, + 7,7 % pour IRI France. Les leaders des panels
se sont plutôt bien porté. Et pourtant le marché a été difficile, les clients
de la grande conso ayant été particulièrement touchés par la baisse de la
consommation et la montée du hard discount. « Notre volume d'affaires réalisé
avec de nouveaux clients a beaucoup progressé en 2004, constate Jean-Pierre
Gaucher, D-ga d'IRI France. Nous avons développé une nouvelle activité, les
études Shopper et les études consommateurs en magasin, alors que nos
abonnements restaient stables. »
La poussée de l'international
Si le marché national a été atone, l'international
est venu doper l'activité de nombreux instituts. « C'est une partie croissante
de notre métier », reconnaît Stéphane Truchi. Chez TNS Sofres, l'international
est de plus en plus présent dans la grande consommation, mais également dans
l'opinion. L'institut a gagné, en 2004, l'Eurobaromètre de la Commission
européenne. Un phénomène qui n'est pas l'unique apanage des groupes. Pour IOD,
par exemple, les études internationales constituent 23 % du chiffre d'affaires,
avec une croissance de 32 %. Les études qualitatives ont particulièrement
profité de ce mouvement. L'international représente déjà 50 % de l'activité de
Sorgem et de MSM, 40 % de celle de QCG. « Les études internationales
représentent tout de suite des volumes importants en termes de chiffre
d'affaires », constate Georges Guelfand, président de QCG.
Le Quali en bonne santé
Bonne année, dans l'ensemble, pour les
sociétés d'études quali avec, pour certaines, une progression à deux chiffres.
Pour Ipsos France, 2004 a été une année de reprise de parole, notamment avec le
lancement de Krisis, nouvelle méthodologie d'animation et de recrutement de
groupes projectifs. « Il y a des années quali et 2004 en a été une, constate
Yves Krief, P-dg de Sorgem. Il y a chez les entreprises un réel besoin de
compréhension des marchés. Et pour cela, le quali est irremplaçable. » Et
Georges Guelfand de renchérir : « Les études qualitatives ont profité de la
crise. » Une opinion partagée par Inès Bizot, directeur de MSM : « Nous avons
senti en 2004 des clients un peu perdus, qui avaient besoin de réponses.
Désarçonnées par des attitudes presque violentes de consommateurs faisant
montre de peu d'indulgence envers les marques tout en souhaitant retrouver de
la joie dans la consommation, les directions marketing se tournent vers les
études qualitatives pour renouer le contact avec eux. Nous constatons également
un retour à l'innovation face à la montée du hard discount et des MDD. » Les
études de satisfaction dynamisent le marché « Nous avons réussi notre mutation
des études satisfaction vers le CRM », constate Stéphane Truchi. Pour TNS
Sofres France, ce secteur représente environ 15 % du chiffre d'affaires. Malgré
un début d'année difficile, INit Satisfaction a réalisé une progression de 16 %
en 2004 et ce, comme l'indique Christian Barbaray, son P-dg, « malgré des
restrictions budgétaires et des réorganisations internes importantes au sein de
quelques grands comptes. Mais c'est un métier qui progresse et où il reste
encore de nombreuses entreprises en phase de découverte de ce que ce type
d'études peut apporter. » Progression à deux chiffres pour Satistème, alors
qu'Agicom, qui réalise 70 % de son CA en études de satisfaction/fidélité, a
progressé de 11,1 %. Le poids des études de satisfaction chez Audirep a
conduit, début 2005, à un repositionnement autour de deux pôles : le Marketing
Client et le Marketing de l'offre. « Jusqu'en 2000, les clients nous voyaient
comme une société de sondages et de terrain. Aujourd'hui, nous sommes reconnus
comme une société d'études pointue sur des domaines comme l'audit de qualité de
service (visites mystères, écoute de qualité de service) et les études de
satisfaction », constate Jérôme Tricault, cofondateur d'Audirep. Détecté
depuis plusieurs classements, l'atout de la spécialisation se confirme de
nouveau. Présente uniquement dans le domaine de la santé, A+A poursuit
sereinement sa progression (+ 7,7 %). Occurrence, spécialisée sur l'évaluation
des actions de communication (hors publicité), a connu sur son exercice une
progression de 28,6 % et créé en 2004 deux études d'efficacité concernant la
communication événementielle et les stands. « C'est un marché de niche encore
embryonnaire, mais qui a une très forte vitesse de croissance, car,
aujourd'hui, les entreprises s'intéressent de plus en plus au ROI de leurs
actions », explique Benoît Volatier, son P-dg, qui s'attend à une augmentation
de 25 à 30 % pour 2005. Pour sa part, Audirep a créé Audirep Sport.
Et 2005 ?
Après un premier trimestre un peu difficile,
comment s'annonce 2005 ? « Les instituts de panel ont aujourd'hui moins de
visibilité qu'auparavant. Nous sommes obligés de reconstruire nos carnets de
commandes de mois en mois. En termes d'objectifs pour 2005, nous resterons au
niveau de 2004, mais cela ne sera pas sans mal », estime Jean-Pierre Gaucher. «
Le repli de la grande consommation constaté en 2004 est plus un phénomène
conjoncturel qu'un mouvement de fond, souligne de son côté Stéphane Truchi. Le
marché n'est pas sinistré comme en 2002. Les marques vont redevenir
offensives. Pour Ipsos, l'enjeu 2005 sera d'augmenter le niveau de valeur de
ses études. Il y a là un véritable paradoxe : il faut apporter de plus en plus
de valeur ajoutée, de seniorité dans les embauches et, en même temps, nous
avons en face de nous des acheteurs qui demandent des prix de plus en plus
négociés. Cela veut dire : faire mieux, plus vite et avec une meilleure
rentabilité. »
Méthodologie
Afin de réaliser ce classement, Marketing Magazine a envoyé, à partir du mois d'avril 2005, un questionnaire détaillé à plus de 450 sociétés d'études françaises, répertoriées dans le Guide Marketing Etudes 2005 (10e édition) édité par Tarsus Groupe MM. En l'absence de réponses de la part des entreprises, celles-ci ont été relancées par téléphone. Le critère de classement retenu est celui du chiffre d'affaires France hors taxes réalisé en 2004. Concernant certaines sociétés pluridisciplinaires, nous n'avons retenu que le chiffre d'affaires réalisé dans le secteur des études. N'ont pas été prises en compte dans le classement les sociétés dont l'activité terrain représente plus de 50 % du chiffre d'affaires et les “périphériques”. Enfin, les deux instituts figurant dans le classement, mais non classés, sont positionnés au rang qui aurait été le leur si leur groupe n'avait pas consolidé ses chiffres.
Marché des études : mieux qu'en 2003
Avec un chiffre d'affaires de 787 millions d'euros et une progression de 5,6 % sur l'année 2004, le marché des 52 sociétés d'études membres de Syntec Etudes Marketing et Opinion (soit 50 % du marché français des études) continue sur sa lancée. En 2002, la progression avait été de 3 % et en 2003 de 4,6 %. « Il convient de noter que cette progression s'inscrit dans une logique de pression croissante sur les prix », remarque Jean-Pierre Malosto (Estel), nouveau président de Syntec Etudes Marketing et Opinion. Le dynamisme du marché des études repose, selon Syntec, sur deux phénomènes majeurs : l'internationalisation des études et l'industrialisation des techniques. L'internationalisation représente une opportunité de développement majeur pour les sociétés d'études en France. En 2004, les membres de Syntec Etudes Marketing et Opinion ont ainsi réalisé, en moyenne, 20 % de leur chiffre d'affaires hors de l'Hexagone. L'industrialisation des techniques, elle, est particulièrement sensible sur le segment des études quantitatives, qui voit les sociétés investir massivement pour optimiser les coûts et les délais de production. L'automatisation générale des process de recueil et de traitement de l'information permet, notamment, une réallocation des ressources vers des prestations de conseil à forte valeur ajoutée. « Nos sociétés ont su faire face à l'évolution des marchés et ont entrepris d'énormes efforts d'organisation, de productivité et d'innovation », se réjouit Jean-Pierre Malosto. Le secteur des études a été légèrement plus porteur pour les panels, un peu moins pour l'ad hoc, mais, au fil des années, les progressions sont sensiblement les mêmes. « Le marché s'est mieux comporté que l'on pouvait s'y attendre. Il a su résister à une conjoncture qui n'était pas très favorable », conclut Jean-Pierre Malosto.
Les absents / Les suivants
Un certain nombre de sociétés contactées n'ont pas pu, ou voulu, pour diverses raisons, répondre au questionnaire, ni aux relances téléphoniques. Si l'on met à part les sociétés du groupe Kantar (WPP), on ne trouve pas, ou plus : Actudes, Adiv Marketing, Alain Gineste et Associés, Arcane Institut, Cap Quanti, Cesmo, Concret International, Consult-Cryptos, Crédoc, Cospirit Research, Data Nova, Echo Research, Etrie International, Group DPCO, Obea, Market Value (ne fait plus d'études), Novatest, Prismes by Mouvance, Trilogy… Outre les cent premiers de notre classement, un certain nombre d'instituts nous ont fait parvenir leurs chiffres. Voici donc ceux qui auraient pu appartenir à un “Top 136” : Epigone (801 KE, - 26,4 %) ; Adecq Conseil (800 KE, + 11,1 %) ; Axess Research (800 KE, + 100 %) ; ID Sourcing (800 KE, + 60 %) ; Séquence Marketing (780 KE, + 30 %) ; Answers (778 KE, + 2,2 %) ; JLM Etudes (770 KE, + 10 %) ; Imaj (700 KE, - 30,8 %) ; Iserco Consultant (700 KE, + 6,1 %) ; CMCV (690 KE, - 16 %) ; Cocedal Conseil (650 KE, + 6 %) ; EMRA (633 KE, + 26,6 %) ; Client Research (600 KE, - 25 %) ; Symbial (557 KE, + 3,1 %) ; Infusion (524 KE, + 31,7 %) ; Seprem Etudes & Conseil (515 KE, + 2 %) ; Allegoria Consultants (500 KE, + 30,2 %) ; 100 % Quali (500 KE, + 19 %) ; Epsilon Marketing (480 KE, + 11,6 %) ; Ideco (458 KE, + 3,9 %) ; Athlane (450 KE, + 28,6 %) ; Catherine Delaume Consultant (450 KE, + 4,7 %) ; Danielle Rapoport Conseil (450 KE, + 12,5 %) ; Flash Etudes (430 KE, + 20,8 %) ; Les Nouveaux Armateurs (416 KE, + 4 %) ; Gestion et Analyse de Marché (400 KE) ; ABC Marketing (395 KE, - 9,2 %) ; Initiatives William Gold (360 KE, + 35,8 %) ; MMC (360 KE, + 20 %) ; Solis Conseil (345 KE, + 1,8 %) ; Sereho (330 KE, + 10 %) ; Go Marketing (320 KE, + 6,7 %), Territoires et Marketing (202 KE, + 44,3 %) ; KP/AM (200 KE) ; Ethica Partners (183 KE, + 3,4 %) ; Efficience Marketing (150 KE, - 40 %).